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Récits

Travelling, Un tour du monde sans avion, Christian Garcin, Tanguy Viel (par Sylvie Zobda)

Ecrit par Sylvie Zobda , le Mercredi, 15 Mai 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Jean-Claude Lattès, Voyages

Travelling, Un tour du monde sans avion, mars 2019, 281 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Christian Garcin, Tanguy Viel Edition: Jean-Claude Lattès

 

A l’heure de la mondialisation, de l’internet 4G, des liaisons satellitaires, des flux où vitesse et densité vont de pair, qu’est-ce qui pousse Christian Garcin et Tanguy Viel à réaliser un tour du monde sans avion, en cent jours, pour faire une boucle dans l’hémisphère Nord, entre le 35ème et le 55ème parallèle ? Le titre de ce roman écrit à quatre mains annonce un travelling, un déplacement de l’ordre de la promenade, et non du survol rapide, un voyage doux posé sur des rails préétablis, délimitant les routes du cargo, de la voiture, du bus, du train, passant par l’Atlantique, les Etats-Unis, le Pacifique, le Japon, la Chine, la Russie puis l’Europe.

La géographie s’annonce donc variée, mais le livre est bien plus encore un voyage dans le temps, celui du réel, et non du fictionnel, encore moins de la légende collective, des représentations grossières, du passé plus ou moins glorieux. Les deux écrivains, pour parvenir à leur fin, restent dans le terre-à-terre, ils s’accrochent au sol présent.

Un sacré gueuleton, Jim Harrison (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 14 Mai 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Flammarion

Un sacré gueuleton, novembre 2018, trad. anglais (USA) Brice Matthieussent, 374 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Jim Harrison Edition: Flammarion

 

Jim Harrison est mort le 26 mars 2016, dans sa « résidence d’hiver », en Arizona. Il est rare que, deux ans et demi après son départ, un écrivain adresse à ses lecteurs un salut aussi plein de vie.

Pour diverses raisons, les livres de Jim Harrison se vendaient mieux en France que dans son pays natal. La postérité dira s’il n’y eut pas quelque malentendu dans cette réception (le chef-d’œuvre écrit en neuf jours qu’est Légendes d’automne est ce qu’il y a de moins « harrisonien » chez Jim Harrison). Mais il est indéniable que la France l’aimait et il le lui rendait bien. Son itinéraire gastronomique le conduisait de Paris à Collioure en passant par Lyon, Arles et le Morvan. Il ne faisait pas partie de ces Américains qui, en période de brouille diplomatique, achètent des flacons de vins français pour les vider à l’égout (imagine-t-on une manière de protester plus stupide ?). Certes, le vin français acheté par Jim Harrison au long des ans a également fini à l’égout, mais non sans un certain nombre d’étapes, de transformations – de sublimations.

La chance de l’écrivain, David Lodge (par Sylvie Ferrando)

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Mardi, 07 Mai 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Biographie, Rivages

La chance de l’écrivain, avril 2019, trad. anglais Maurice et Yvonne Couturier, 540 pages, 24 € . Ecrivain(s): David Lodge Edition: Rivages

 

Après Né au bon moment (2016), dont le titre original est Quite a good time to be born, A Memoir, 1935-1975 (2015), Lodge renoue ici avec ses mémoires autobiographiques, à présent dans les années 1980. C’est son identité d’écrivain qu’il interroge dans ce livre.

Lodge s’est toujours intéressé à la pratique de la fiction et à l’écriture créative des écrivains, dont il parle dans au moins deux ouvrages : The Practice of Writing, non traduit (1996) et The Art of Fiction, recueil de chroniques littéraires qu’il a écrites pour The Independant (L’Art de la fiction, Payot et Rivages, 2008). Pour lui, l’étude des textes littéraires et des intentions de son auteur sont le pendant de l’écriture de fiction narrative. Sa carrière d’universitaire, qui plus est de professeur de littérature anglaise moderne et contemporaine à l’université de Birmingham, a nourri ses romans. Contenu biographique et factuel et contenu fictionnel interfèrent, faisant de cet écrivain un partisan de l’« intégrationnisme », c’est-à-dire de la concordance entre l’expérience de l’auteur et le matériau textuel.

L’Histoire d’un roman, Thomas Wolfe (par Jean-François Mézil)

Ecrit par Jean-François Mézil , le Jeudi, 02 Mai 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA

L’Histoire d’un roman, éditions Sillage, 2016, 80 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Thomas Wolfe

Ce petit livre de Thomas Wolfe est un condensé d’écriture. Petit livre de Thomas Wolfe, ai-je dit… un oxymore ! tant on est habitué, chez lui, à des roman-fleuve. Mais petit, il ne l’est que par la taille (une soixantaine de pages). De la taille des livres, il va justement en être question, mais commençons par le début.

Le propos de Thomas Wolfe est de nous parler de son travail d’écriture : « Cela n’a rien de très littéraire ; c’est une histoire de sueur, de douleur, de désespoir et d’aboutissement partiel ».

Nous parler de sa vocation : « Je ne sais pas de quelle manière je suis devenu écrivain, mais je crois que c’était à cause d’une certaine force que j’avais en moi et qui avait besoin d’écrire, qui éclata finalement au grand jour et se fraya un chemin ».

Il revient d’abord sur la publication de son premier roman, Look Homeward Angel : « Il reçut quelques critiques favorables, dans certains endroits ; des critiques défavorables, dans d’autres ; mais il fut incontestablement bien reçu pour un premier livre, et surtout il continua au fil du temps à trouver des lecteurs ».

Diaboliques, Sept femmes sous l’Occupation, Cédric Meletta (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 09 Avril 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Robert Laffont, Histoire

Diaboliques, Sept femmes sous l’Occupation, février 2019, 221 pages, 20 € . Ecrivain(s): Cédric Meletta Edition: Robert Laffont

On le sait, le chiffre sept est considéré dans beaucoup de religions comme un nombre sacré. Il marque les esprits en bien comme en mal, et ce n’est sans doute pas un hasard si Cédric Meletta a choisi de sortir d’un relatif oubli historique le destin de sept femmes afin d’illustrer la figure féminine du Diable sous l’Occupation.

Sept femmes aux origines sociales, aux nationalités, aux cultures et aux activités délictueuses différentes. Un choix judicieux qui est le premier attrait de ce livre. Pas ou très peu de redites, de similitudes dans ces sept chemins pavés d’horreurs, de chantages, de vols et de crimes. Il y a tant de manières d’être une hyène, une diabolique, quand on croit dur comme fer pouvoir faire son beurre et son miel du malheur des autres.

Peu de points communs également sur des fins de vie écourtées de manière expéditive ou au contraire protégées, voire mystérieuses. Être une femme à la fin de la Seconde Guerre mondiale, même suspectée des pires travers ou au minimum d’avoir œuvré de concert avec des ultra-collaborateurs et/ou des membres de la Gestapo, peut valoir (parfois) l’indulgence des tribunaux présidés par des hommes. Souvent considérées comme des exécutantes de second ordre, certaines échapperont à la peine capitale.