Annie Cohen : reprendre, recommencer.
Après son accident vasculaire cérébral de 1999, Annie Cohen pense toucher le fond. Et cela est bien compréhensible. Le cycle de ses premières œuvres poétiques – dont les cinq volumes parurent chez le même éditeur que ce Journal – semblent faire partie d’un passé qui se referme sur elle. Peu à peu pourtant la vie reprend son cours en concomitance avec l’écriture et une activité plastique – en particulier celle des « rouleaux d’écritures ».
L’Amour y est pour beaucoup. Et c’est un euphémisme. Il va permettre à l’auteure d’écrire sa propre Torah pour chercher encore et encore l’introuvable selon une formule chère à Edmond Jabès : « L’écrivain choisit d’écrire et le Juif de survivre ».
Ecrire ne revient donc pas à opposer l’intelligible au sensible. Et pour Annie Cohen, contrairement à Jacques Lanzmann, la connaissance ne passe pas que par le premier terme. Le problème est de passer « du système à l’excès » (Bataille), de Hegel à Rimbaud, de Heidegger à Joë Bousquet. Si bien que l’auteure en dépit de ses affres et vicissitudes « tient », avance. Car si le « chemin est tracé, la route reste ouverte au-delà de la simple survivance ».