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Récits

Diaboliques, Sept femmes sous l’Occupation, Cédric Meletta (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 09 Avril 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Robert Laffont, Histoire

Diaboliques, Sept femmes sous l’Occupation, février 2019, 221 pages, 20 € . Ecrivain(s): Cédric Meletta Edition: Robert Laffont

On le sait, le chiffre sept est considéré dans beaucoup de religions comme un nombre sacré. Il marque les esprits en bien comme en mal, et ce n’est sans doute pas un hasard si Cédric Meletta a choisi de sortir d’un relatif oubli historique le destin de sept femmes afin d’illustrer la figure féminine du Diable sous l’Occupation.

Sept femmes aux origines sociales, aux nationalités, aux cultures et aux activités délictueuses différentes. Un choix judicieux qui est le premier attrait de ce livre. Pas ou très peu de redites, de similitudes dans ces sept chemins pavés d’horreurs, de chantages, de vols et de crimes. Il y a tant de manières d’être une hyène, une diabolique, quand on croit dur comme fer pouvoir faire son beurre et son miel du malheur des autres.

Peu de points communs également sur des fins de vie écourtées de manière expéditive ou au contraire protégées, voire mystérieuses. Être une femme à la fin de la Seconde Guerre mondiale, même suspectée des pires travers ou au minimum d’avoir œuvré de concert avec des ultra-collaborateurs et/ou des membres de la Gestapo, peut valoir (parfois) l’indulgence des tribunaux présidés par des hommes. Souvent considérées comme des exécutantes de second ordre, certaines échapperont à la peine capitale.

La nuit se lève, Elisabeth Quin (par Marianne Braux)

Ecrit par Marianne Braux , le Vendredi, 22 Mars 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Grasset

La nuit se lève, Elisabeth Quin, Grasset, janvier 2019, 144 pages, 15 € . Ecrivain(s): Elisabeth Quin Edition: Grasset

 

La nuit se lève sur le monde d’Elisabeth Quin. Atteinte d’un glaucome depuis plusieurs années, la journaliste et écrivaine raconte dans cet émouvant récit au titre évocateur ses peurs, son parcours du combattant avec les médecins et ses espoirs, le tout parsemé de citations issus d’ouvrages touchant à la cécité, de textes d’auteurs et de mythes antiques. Le résultat est poignant. L’écrivaine ne semble pas avoir cherché à faire un beau livre ; la langue est directe et personnelle, proche du journal intime, comme l’est le rythme qui fait entendre son souffle, à la fois inquiet et déterminé, paragraphe après paragraphe. Y est tenue la promesse que l’auteure s’était faite : écrire en se mettant à nu.

Présent et futur irriguent principalement le récit. Peu de souvenirs d’enfances, peu d’images dans lesquelles Quin chercherait à donner rétrospectivement un sens à son existence à l’aune de la maladie. La nuit se lève n’est pas la confession nostalgique d’une personne accrochée au passé. Beaucoup de descriptions en revanche, et de questions, à propos du quotidien qu’il lui faut d’ores et déjà réinventer et qu’elle ne peut s’empêcher d’anticiper, lorsqu’il deviendra vraiment difficile : comment prendre une douche ? Pourra-t-elle encore nager ? Comment une aveugle s’envisage-t-elle jour après jour, sans reflet ? Aura-t-elle encore du désir pour l’homme qu’elle aime et qu’elle ne pourra plus voir ?

De l’Angleterre et des Anglais, Graham Swift (par Théo Ananissoh)

Ecrit par Theo Ananissoh , le Jeudi, 21 Mars 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Gallimard

De l’Angleterre et des Anglais, janvier 2019, trad. anglais Marie-Odile Fortier-Masek, 332 pages, 21 € . Ecrivain(s): Graham Swift Edition: Gallimard

Le titre original, England and Other Stories, et celui de la présente traduction en français sont sobres et justes. Mais, prétention de lecteur, une expression (sans doute moins bon titre, concédons) décrit et énonce encore mieux ce dont il s’agit : « For intérieur » – dans le secret de sa pensée, au tribunal de sa conscience… Voici ce que sont tous, sans exception, les vingt-cinq textes qui composent ce nouvel ouvrage de Graham Swift. Pourtant ce sont des récits très variés, très différents les uns des autres. Un foisonnement de personnages, de métiers, de conditions sociales, d’origines et d’époques… Dans l’une des premières nouvelles, un coiffeur grec méditatif se répète la phrase suivante : « Les autres, c’est la vie ». Exact ! Graham Swift, à travers l’âme ou l’esprit d’un homme, d’une femme, ou d’un adolescent, décrit, répertorie les autres, tous ces autres qui sont la vie – la vie anglaise, la vie en Angleterre hier, avant-hier ou aujourd’hui. Un homme d’affaires interrompt un moment son jogging pour passer en revue sa vie, son couple, ses amitiés, ses vacances en famille ; un homme « converse » avec son épouse défunte ; une grand-mère se souvient de la brève permission de son premier mari mort peu après au front pendant la Première Guerre ; un divorcé se remémore un soir où il essayait d’écrire sur la table de la cuisine son profond sentiment d’amour à son épouse qui dort ; un homme est invité à passer la soirée par son meilleur ami dont il désire la femme… Ces récits pensent, cogitent avec sincérité et une admirable délicatesse de mots et de sentiments.

La Grande Guerre en demi-teintes, Edmund Blunden (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 04 Mars 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Editions Maurice Nadeau

La Grande Guerre en demi-teintes, novembre 2018, trad. anglais Francis Grembert, 375 pages, 25 € . Ecrivain(s): Edmund Blunden Edition: Editions Maurice Nadeau

En 1916, le jeune Edmund Blunden, sous-lieutenant anglais, est envoyé en France à l’âge de 19 ans sur le front immobile de la Somme, chargé de missions de cartographie, de reconnaissances de terrain, d’entretien, d’extension et de ravitaillement des tranchées…

De 1916 à 1918 il a participé à l’âpre et monstrueuse hécatombe de la bataille de la Somme, puis s’est battu sur le front d’Ypres et sur la ligne des Flandres.

Après la guerre, il s’est consacré à brosser de ces deux années passées à crapahuter dans les tranchées un tableau précis, à en retracer une chronique remarquablement détaillée, à en tisser une narration qu’on peut croire fondée sur les notes minutieuses d’un journal personnel, ou d’un méticuleux carnet de bord… dont les pièces scéniques mises bout à bout constituent une œuvre volumineuse tout autant que captivante.

L’auteur-narrateur, personnage principal du récit, est poète. Ce don lui permet de percevoir la moindre promesse de vie, la moindre lueur de paix dans les brèves et rares périodes de répit qui surviennent dans le vacarme, le chaos et la fureur faisant de cette guerre immobile un enfer permanent.

Bicyclettres, Jean-Acier Danès (par Jean Durry)

Ecrit par Jean Durry , le Mercredi, 30 Janvier 2019. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Seuil, Voyages

Bicyclettres, janvier 2018, 221 pages, 17 € . Ecrivain(s): Jean-Acier Danès Edition: Seuil

 

 

« Pour célébrer mes dix-huit ans […] j’ai conduit ma bicyclette vers des lectures que j’affectionne – ou leurs auteurs. Cela m’est apparu comme un bon socle pour rentrer dans l’âge adulte. Durant deux ans […] pédaler a signifié rendre visite à mes écrivains, à mes œuvres préférées […]. A la grâce de voyages pleins d’aléas et de rencontres, j’ai voulu écrire ces pages comme un carnet de [route], riche d’un désir que la littérature avait fait naître ».

Partant le plus souvent de Lyon, ne faisant qu’un avec sa fidèle « Causette », Jean-Acier Danès a rendu en première instance visite au Cimetière sétois et à Paul Valéry. « Au retour, en zigzaguant à bicyclette sur la ligne blanche tracée sur l’asphalte de la route, j’ai décidé de suivre les lignes noires des livres que j’aimais ».