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Polars

Prendre les loups pour des chiens, Hervé Le Corre

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 09 Mars 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Rivages

Prendre les loups pour des chiens, janvier 2017, 318 p. 19,90 € . Ecrivain(s): Hervé Le Corre

 

S’il reste encore des gens pour penser que le polar est un genre mineur, qu’ils viennent donc voir du côté de ce dernier Le Corre. Un bijou de roman, par la construction dramatique, la force des personnages et la langue d’une précision et d’une beauté telles que des pages entières sont pure poésie. Hervé Le Corre est un narrateur hors pair, capable de donner à une histoire une densité et une tension extrêmes. Cet art relève chez lui d’une alchimie rare, qui crée des équilibres inattendus entre des personnages que tout éloigne, qui ne laisse rien deviner des événements à venir, qui fait traverser la nuit la plus sombre par des éclairs de lumière éblouissants.

Ainsi cette rencontre, le jour même de sa libération de prison, entre Franck et une petite fille qui – sans raison apparente autre que la magie du monde – met sa petite main chaude dans la sienne, comme une promesse d’un possible retour à la vie.

« Il a senti quelque chose contre sa cuisse et il a frissonné parce qu’il pensait que c’était le chien qui venait là pousser son mufle puis il senti la main de Rachel chercher la sienne et s’y blottir, fermée en un petit poing froid. »

Le silence pour toujours, Stuart Neville

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 09 Février 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Roman, Rivages

Le silence pour toujours (The Final Silence), janvier 2017, traduit de l’anglais par Fabienne Duvigneau, 316 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Stuart Neville Edition: Rivages

 

Retrouver Stuart Neville et son flic préféré, Jack Lennon, c’est comme replonger au fond du gouffre le plus noir. On sait peut-être ce qui nous y attend, mais à chaque nouveau livre, il semble que l’obscurité se fait plus opaque, plus glaciale.

Jack Lennon va mal. Ce n’est pas nouveau pour ce personnage poissard, ambigu, violent. Mais son mal s’est encore aggravé. Il est en morceaux, au plan physique et plus encore au plan psychique. Il n’est peut-être pas (encore) fou, mais il flirte dangereusement avec les pathologies mentales les plus graves. Sa vie est un enfer qui tourne comme un cycle fatal : pour supporter la douleur (physique) il avale des antalgiques puissants – non prescrits par ordonnance – ce qui accroît sa douleur (mentale). Une descente en enfer vécue dans la solitude. Sa « compagne » du moment, Susan, ne veut plus de lui, n’en peut plus de lui. Elle a accueilli Lennon avec sa fille Ellen en espérant recomposer une famille (elle-même a une fille). Mais alcool, drogues, désespoir ont fait de Lennon une loque et elle n’en veut plus.

Sous l’œil de Dieu, Jerome Charyn

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 05 Décembre 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Roman, Rivages/noir

Sous l’œil de Dieu, février 2016, trad. anglais (USA) Marc Chénetier, 288 pages, 9 € . Ecrivain(s): Jerome Charyn Edition: Rivages/noir

 

Auteur ultra-prolifique, avec plus de cinquante volumes à son actif, principalement des romans et quelques recueils de nouvelles, Jerome Charyn (1937) est considéré comme l’un des piliers de la littérature américaine de la seconde moitié du vingtième siècle, célébré tant par ses pairs que par la critique, celle-ci n’hésitant pas à le qualifier de « Balzac américain contemporain ». En France, il a même reçu le titre de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres. Tout cela est très engageant, et quelques excellents souvenirs de lecture, s’ils ne corroborent pas exactement toutes les louanges reçues, font foi que Charyn fait partie des auteurs qui comptent.

C’est donc avec une délectation anticipée qu’on ouvre Sous l’œil de Dieu (2012), dernière en date des histoires suivant un des personnages clés de l’œuvre de Charyn, Isaac Sidel, un flic new-yorkais ayant, au fil des romans dont il est le héros, gravi les échelons jusqu’à devenir Maire de la Grosse Pomme et, dans le présent roman, s’attaquer à la Maison Blanche. Il a en effet été choisi pour assurer la vice-présidence de J. Michael Storm, le président élu, et celui-ci, sombrant peu à peu, s’apprête à endosser le rôle de dirigeant de la nation la plus puissante du monde.

Un fond de vérité, Zygmunt Miloszewski

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 01 Décembre 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Roman, Mirobole éditions

Un fond de vérité (Ziarno prawdy, 2014), trad. polonais Kamil Barbarski, 475 pages, 22 € . Ecrivain(s): Zygmunt Miloszewski Edition: Mirobole éditions

 

Ce polar, le deuxième de l’auteur qui en a écrit et publié trois à ce jour, risque de vous poser, cher lecteur, une première difficulté : comment prononcer les noms des personnages, des lieux, de l’auteur… C’est que pour la majorité d’entre nous, le polonais c’est un peu une énigme phonétique. Même une fois que c’est traduit. L’autre difficulté, c’est de comprendre une société dont on connaît mal, peu ou pas du tout l’histoire, la culture, le fonctionnement… Une fois passés en revue nos souvenirs concernant la Shoah, le ghetto de Varsovie, puis les chantiers navals de Gdansk et la figure de Lech Walesa qui inspira en son temps le cinéaste Andrzej Wajda récemment disparu (L’Homme de marbre puis L’Homme de fer). N’oublions pas non plus la figure de Jean-Paul II (Karol Jozef Wojtyla). Pays catholique, oh combien. Doté aussi d’une histoire dont les juifs ont largement fait les frais, sur fond de folklore ashkénaze et d’antisémitisme « décomplexé ». Il y a aussi cette fameuse image du plombier polonais pour achever de faire écran entre nous et ce pays de buveurs de vodka au bison.

Trop de morts au pays des merveilles, Morgan Audic

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 23 Novembre 2016. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Le Rouergue

Trop de morts au pays des merveilles, avril 2016, 368 pages, 22 € . Ecrivain(s): Morgan Audic Edition: Le Rouergue

 

Pour ce premier roman, Morgan Audic nous propose un vrai roman policier, solidement construit et qui accroche rapidement pour ne nous lâcher qu’à la fin. On ne saurait s’en plaindre ! Son plus, son originalité, c’est la référence que le titre dévoile d’entrée de jeu à l’œuvre de Lewis Carroll qui sera une manière de fil conducteur dans le récit et l’écriture. Porté par cet esprit de jeu, l’auteur fait d’Alice une jeune femme mystérieusement disparue mais dont le reflet ne cesse de hanter son mari, un certain Christian Andersen, avocat et partiellement amnésique… Amnésique sur ce qui s’est passé au moment de la disparition d’Alice mais redoutablement efficace lorsqu’il s’agit de plaider, y compris les dossiers qui paraissent indéfendables.

En parallèle, voilà qu’un tueur en série, le « marionnettiste », pourtant sous les verrous, refait parler de lui car de nouvelles victimes, trop semblables aux siennes, font surface. Alice pourrait bien en être… Il n’en faut pas plus pour que la boxeuse Diane Kellerman renonce à sa préparation de championnat pour replonger dans une enquête où elle n’a pourtant rien à faire, ayant été chassée de la police pour avoir confondu intimes convictions et preuves méthodiques.