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L’Epine blanche, Jacques Moulin (par Nathalie de Courson)

Ecrit par Nathalie de Courson , le Jeudi, 18 Octobre 2018. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, L'Atelier Contemporain

L’Epine blanche, septembre 2018, lecture de Michaël Glück, dessins de Géraldine Trubert, 111 pages, 20 € . Ecrivain(s): Jacques Moulin Edition: L'Atelier Contemporain

 

« L’épine blanche » (spina alba), autre nom de l’aubépine, c’est d’abord la plante qui représente la mère à laquelle le livre est consacré, mère morte également nommée tout au long du livre par une lettre D pour Denise, première lettre aussi des mots « décès » et « deuil ».

L’aubépine buissonnante ou épineuse. L’arbrisseau qui s’élève à tiges rameuses. D est seule à sa fenêtre face à la mer – sa prairie permanente. Spina alba. D la Blanche. La dame d’albâtre en ses falaises (p.75-76).

La mère « d’albâtre » aux cheveux blancs, les falaises crayeuses de Normandie, et en écho lointain les « pays calcaires sans littoral », région du Jura où son fils unique a élu domicile, enveloppent le texte dans un blanc sépulcral que mettent en valeur la couverture des belles éditions de L’Atelier contemporain et les paysages en gris-bleu et blanc des sobres dessins de Géraldine Trubert.

Deuil discipline d’écriture et devoir de notation. Le fils veut noter. Consigner l’essentiel avec des stop télégraphiques (p.14).

Les doigts rouges, Keigo Higashino

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Mardi, 05 Juin 2018. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Japon, Actes Noirs (Actes Sud)

Les doigts rouges, mars 2018, trad. Sophie Refle, 237 pages, 21,80 € . Ecrivain(s): Keigo Higashino Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

« Akio et Yaeko étaient mariés depuis dix-huit ans. Un supérieur d’Akio les avait présentés l’un à l’autre et ils s’étaient fréquentés un an avant leur mariage. Ils n’étaient pas passionnément amoureux mais n’avaient ni alternative ni raison de se séparer. Elle avait accepté sa demande de peur de ne trouver personne d’autre si elle attendait plus longtemps ».

Les faits sont simples, précis, et le texte est d’une extrême limpidité. C’est l’une des caractéristiques de ce roman et de l’écriture de Keigo. Tout paraît clair (nous reviendrons d’ailleurs sur ce qualificatif). Et puis survient quelque chose, un rien d’incongru. Dans Les doigts rouges, c’est un sac poubelle noir dans le jardin. Maehara Akio, le mari, soulève le sac et là, il aperçoit une paire de pieds menus. Une petite fille gît, morte, dans la verdure. L’auteur de ce crime, Maehara Naomi, est un préadolescent, le fils d’Akio. Yaeko, sa mère, ne craint qu’une chose : que son fils chéri soit confondu et que le déshonneur retombe sur sa famille si les faits sont révélés au grand jour.

Tuez-les tous… mais pas ici, Pierre Pouchairet (2ème critique)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 09 Avril 2018. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Plon

Tuez-les tous… mais pas ici, janvier 2018, 468 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pierre Pouchairet Edition: Plon

 

Pierre Pouchairet n’est pas (encore ?) un auteur fameux au point qu’il soit tout à fait superflu de jeter un œil à la présentation biographique qui orne la quatrième de couverture. On y apprend que cet ancien commandant de police a déjà publié un roman « dont l’action se déroule dans les territoires occupés », sans plus de précision. S’agit-il du Tibet, où l’immolation par le feu tient lieu de protestation et d’acte de résistance à la Chine ? Du Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis 1975 et où les militants sahraouis sont torturés ? De la partie septentrionale de Chypre, d’où deux cent mille Chypriotes grecs furent chassés un an plus tôt dans l’indifférence internationale, devenant autant de réfugiés dans le sud d’une île dont la capitale est coupée par un mur qui n’a rien de symbolique ? Nous inviterait-on pour autant à boycotter les produits chinois, marocains ou turcs ? Puisque nous parlons de la Turquie, c’est un pays que Pierre Pouchairet connaît bien (il y a été en poste) et où il situe une partie de l’action de son nouveau roman, Tuez-les tous… mais pas ici.

Tuez-les tous… mais pas ici, Pierre Pouchairet

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 27 Février 2018. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Plon

Tuez-les tous… mais pas ici, janvier 2018, 468 pages, 19 € . Ecrivain(s): Pierre Pouchairet Edition: Plon

 

Toujours en prise directe avec l’actualité dans ce qu’elle recèle de plus sombre, les romans de Pierre Pouchairet donnent une lecture de la société qui parfois glace le sang.

Auréolé de son récent prix du Quai des Orfèvres 2017 pour son roman Mortels Trafics, l’auteur, en fin analyste de la criminalité contemporaine se penche une nouvelle fois (cf. par exemple son roman de 2015 La filière afghane http://www.lacauselitteraire.fr/la-filiere-afghane-pierre-pouchairet) sur les réseaux djihadistes et plus particulièrement sur le sort de ces jeunes gens qui quittent la France pour gagner la Syrie, mus soit par l’envie de combattre dans les rangs de Daesh, soit par souci humanitaire ou par amour comme dans le cas de la jeune Julie Loubriac partie rejoindre le garçon dont elle est éprise.

Les lois du ciel, Grégoire Courtois

, le Mardi, 06 Février 2018. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Les lois du ciel, février 2018, 208 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Grégoire Courtois Edition: Folio (Gallimard)

 

On aurait tort de s’attendre à un roman ésotérique sur le christianisme ou la spiritualité. C’est sur un air de « Sa Majesté des mouches » que Grégoire Courtois livre un roman tragicomique aussi cynique qu’ingénieux.

C’est bientôt l’été, une dizaine d’élèves du cours préparatoire et leurs trois accompagnateurs font une sortie classe verte. C’est en forêt que la troupe atterrit, et, dès la première après-midi, quelque chose déjà laisse à penser que ce séjour va prendre une lugubre tournure. Tout aurait pu se dérouler normalement si l’un des jeunes enfants, Enzo, n’avait pas ce comportement dérangeant, ce regard. Ce regard, dont on ne sait trop déterminer s’il est celui d’un sociopathe ou simplement d’un enfant égaré, à qui l’on a trop peu – ou pas du tout – donné d’affection. Livrés à eux-mêmes en pleine forêt et en pleine nuit, les enfants sont traqués par Enzo, ainsi que par les ombres des arbres qui semblent leur courir après.