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Polars

La reine noire, Pascal Martin

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mardi, 24 Octobre 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, La rentrée littéraire, Jigal

La reine noire, septembre 2017, 248 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Pascal Martin Edition: Jigal

 

Chanterelle, village de Lorraine, vit en sursis depuis la fermeture de la raffinerie de sucre dont la haute cheminée, surnommée La Reine Noire, jette son ombre inquiétante sur les toits en tuiles rouges des petites maisons de l’ancienne cité ouvrière. C’est dans ce bourg où la seule activité concrète consiste à jouer aux cartes dans le bar de la place que deux hommes que tout oppose vont revenir et chambouler la vie assoupie de ses habitants.

L’un, Toto Wodjeck, est un tueur professionnel basé en Indonésie, chargé d’un contrat sur la personne du maire de Chanterelle, héritier de l’usine, mais aussi importateur d’ecstasy et en conflit ouvert avec son associé indonésien. L’autre, Michel Durand, est un policier d’Interpol, basé à Lyon, qui, ayant eu vent de l’arrivée en France de Wodjeck entend bien lui faire payer au prix lourd un vieux crime. Ils ont pourtant deux points communs qui remontent à leur enfance : tous deux sont originaires de Chanterelle et tous deux vouent une haine inextinguible à l’égard de Spätz, le maire, coupable selon Wodjeck de la mort de son père et selon Durand, à l’origine du suicide de son propre père, l’ancien directeur de la raffinerie. Deux hommes qui ont également d’autres contentieux à régler et dont on ne sait distinguer lequel est le plus dangereux.

Rural noir, Benoît Minville

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 09 Octobre 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Rural noir, avril 2017, 307 pages, 7,20 € . Ecrivain(s): Benoît Minville Edition: Folio (Gallimard)

 

Après une absence de dix ans, Romain est de retour au lieudit Mouligny, commune de Tamnay-en-Bazois, dans la Nièvre, son berceau familial. Il y retrouve ce qui lui reste de famille : Chris, son frère, Julie la compagne de celui-ci et tous ses souvenirs de jeunesse.

Romain s’est enfuit brutalement à la mort de ses parents dans un accident de voiture, la vie avait perdu son sens. Éloigné de ses origines, il a voyagé, bourlingué, a grandi, s’est endurci. Aujourd’hui, lavé du goût trop salé des larmes que l’on a versées pour les choses et les êtres que l’on vous a arrachés trop tôt, il peut enfin remettre le pied sur la terre natale, y affronter le présent, l’avenir et surtout le passé, il est prêt. Chris, le cadet, après avoir devancé l’appel et s’être engagé dans l’armée, un rêve de gosse, a été démobilisé et le reçoit les bras grands ouverts. Il a conservé la maison des parents pendant l’absence de l’aîné. Il attend un enfant de Julie. Il s’est installé comme potier pour travailler le flammé morvandiau.

Les corps brisés, Elsa Marpeau

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 08 Septembre 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Série Noire (Gallimard)

Les corps brisés, mai 2017, 240 pages, 19 € . Ecrivain(s): Elsa Marpeau Edition: Série Noire (Gallimard)

 

C’est un roman au ton incisif, nerveux à l’image de l’héroïne Sarah, ancienne coureuse automobile qui, au faîte de sa carrière, subit un grave accident au cours d’un rallye et devient paraplégique. Bloquée dans son élan de vie, dans son dynamisme et son parcours professionnel, Sarah est hospitalisée à « L’Herbe bleue », un centre de rééducation isolé en haute montagne et dirigé par Virgile Debonneuil, surnommé le « docteur Lune ». Celui-ci est entouré de son équipe – infirmière, psychologue, aide-soignant, kinésithérapeute, facilitateur de réinsertion professionnelle, etc. Le rendez-vous des « corps brisés » est ici programmé, accepté, scénographié. On pense au sanatorium de Davos si bien décrit par Thomas Mann dans La Montagne magique, dont un extrait figure en exergue : « Il y a deux routes qui mènent à la vie. L’une est la route ordinaire, directe et honnête. L’autre est dangereuse, elle prend le chemin de la mort, et c’est la route géniale ». Nous sommes ici, clairement, dans un roman de survie, de survivance. Qu’il soit inspiré de faits réels importe finalement assez peu car c’est l’intériorité du personnage blessé qui est ici retransmise et donne sa coloration au roman : le monde de la performance est brutalement confronté à l’anormalité, au handicap, à la différence, sans concession. Et le déni fait place, peu à peu, par des voies détournées, à l’acceptation.

Que Dieu me pardonne, Philippe Hauret

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Lundi, 28 Août 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Jigal

Que Dieu me pardonne, mai 2017, 208 pages, 18 € . Ecrivain(s): Philippe Hauret Edition: Jigal

 

L’Enfer, dit-on, est pavé de bonnes intentions, et ce second roman de Philippe Hauret illustre cette expression à la perfection. Ainsi, lorsque Mattis, un policier qui préfère parfois donner à chacun une chance de se racheter plutôt que de sévir, propose à Ryan Martel, un bourgeois rentier épris de grosses cylindrées et fan d’excès de vitesse, d’embaucher pour effectuer de menus travaux dans sa luxueuse villa, Kader, un jeune délinquant d’une cité sans charme, pense-t-il agir dans le bien des deux parties. D’un côté, on passe l’éponge sur les infractions du nanti, de l’autre, on trouve un job d’été à un jeune désœuvré un tantinet flemmard. Tout le monde est censé y trouver son compte, sauf que… Ryan Martel, unique rescapé du crash du Cessna 310 familial, n’a pas seulement hérité d’une grosse fortune dans cet accident. L’homme se trimballe, depuis, de sérieux problèmes psychologiques qui finissent par exaspérer à juste titre une épouse délaissée. Sauf que… Kader est toujours poursuivi par la haine de Dan, un flic raciste, coéquipier incontrôlable de Franck Mattis. Sauf que… Mélissa, la petite amie de Kader, rêve de quitter la cité, aspire à un avenir à l’abri du chômage et de la pauvreté et que Ryan Martel peut lui offrir de quoi satisfaire ses envies. Sauf que… la femme de Ryan Martel, lassée des tromperies de son époux, trouve Kader à son goût.

Méthode 15-33, Shannon Kirk

, le Mercredi, 16 Août 2017. , dans Polars, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Méthode 15-33, mai 2017, traduit de l'américain par Laurent Barucq, 335 pages, 7,70 € . Ecrivain(s): Shannon Kirk Edition: Folio (Gallimard)

 

 

Elle a seize ans. Son ventre s’arrondit, il s’emplit de vie sous son nombril. Elle passe son temps à le perdre dans son laboratoire. Elle réfléchit, elle calcule, elle expérimente. Dans sa tête, tout est tellement différent. Ses émotions, elle les déclenche elle-même. La plupart du temps, elle ne ressent rien. Pas de joie et pas de peine, pas de peur, rien. Pas d’empathie, surtout pour l’homme qui, du haut de son visage ingrat et de sa psychopathie, la kidnappe devant son lycée. Toutes ses émotions, elle les garde bien au chaud pour les offrir à celui qu’elle mettra bientôt au monde. Ou pas. Tout dépendra du déroulement des choses, tout dépendra de son évasion. Ce n’est pas sa faute à elle, c’est la faute de ses cheveux blonds, de ses yeux bleus et de la vie qui pousse en elle. Lorsque l’homme la jette dans sa camionnette bordeaux, elle ne crie pas, ne pleure pas et ne se débat pas : tout ce qu’elle fait, c’est trouer l’homme de ses yeux perçants. L’homme a la peau grasse et les traits informes, il est idiot en plus d’être fou.