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Nouvelles

Madame Richardson et autres nouvelles, Christian Laborde

Ecrit par Frédéric Aribit , le Vendredi, 16 Janvier 2015. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Robert Laffont

Madame Richardson et autres nouvelles, janvier 2015, 208 pages, 17 € . Ecrivain(s): Christian Laborde Edition: Robert Laffont

 

 

On l’avait laissé en 2012 reluquant les shorts – ces « copeaux d’Éros » – de Diane et de ses affriolantes copines (Diane et autres stories en short, Robert Laffont). Après un détour par le Tour de France et un superbe Parcours du cœur battant dans le sillage de son ami Claude Nougaro, oyez ! oyez ! pas le temps de reprendre son souffle car revoilà Christian Laborde, percutant nouvelliste, qui vient nous shooter aux héroïnes de Madame Richardson et autres nouvelles.

Douze textes qui filent à toute berzingue, sans temps mort mais trompettes oui, celles des cuivres de Duke Ellington par exemple, qu’on entend, avec Camélia Jordana, Charles Trenet, Cat Stevens, Vanessa Paradis, et bien d’autres encore, dans la longue playlist donnée en fin de recueil et qui ressemble à la BO de ce livre à sketches, comme d’autres ont fait des films.

Le parapluie rouge, Anna de Sandre

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mardi, 06 Janvier 2015. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Le parapluie rouge, Editions In 8, coll. Alter & Ego, avril 2014, 112 pages, 12 € . Ecrivain(s): Anna de Sandre

 

Le recueil de cinq nouvelles publié en 2014 aux Editions In 8 dirigées par Claude Chambard, dont le titre Le parapluie rouge est celui de la dernière nouvelle, explore toute une humanité fragile à travers différents portraits brossés avec une justesse et une concision déconcertante. Les personnages de ces nouvelles donnent l’impression de nous frôler sans cesse, entre force et vulnérabilité, chacun installant une présence dans le fracas de leur vie. De la SDF de la première nouvelle, Un festin en hiver, dont le père attend la visite, et que la sœur méprise avec sa fausse assistance, au jeune homme suicidaire de la troisième nouvelle dont seuls leurs cœurs tendres nous réchauffent dans cette atmosphère glaciale dont le froid de l’hiver même est la métaphore.

 

« Clara oscillait au bord du vide, et sa cadette mais néanmoins régente surgissait pour tenter d’imprimer un nouveau mouvement à ses marches, si possible, pendulaires ».

Le Secret et autres textes, Junichirô Tanizaki

, le Mardi, 16 Décembre 2014. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Japon

Le Secret et autres textes, Gallimard, coll. L’imaginaire, octobre 2013, 196 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Junichirô Tanizaki Edition: Gallimard

 

C’est un petit livre comprenant cinq nouvelles que proposent les éditions Gallimard ; mais c’est une excellente introduction à l’œuvre de cet immense écrivain. Les mêmes éditions ont d’ailleurs publié la quasi-totalité de son travail dans la collection de la Pléiade.

Né en 1886 et mort à 79 ans, il est facile de relever, pour le lecteur français, les grandes périodes de l’histoire japonaise que Junichirô Tanizaki a traversées. Il naît vingt ans après le début de l’ère Meiji (1868-1912), période de bouleversements intellectuels, économiques et sociaux dans une nation jusqu’alors fermée à l’influence occidentale. Le Japon ne reste pas étranger à la première guerre mondiale ; après ce premier choc, on connaît son implication dans la seconde, et ce que le pays dut surmonter après sa défaite dans les conditions tragiques que l’on sait.

Junichirô Tanizaki traverse toutes ces crises avec une énergie peu commune et il faut ajouter, avec un talent qui ne connaît jamais de faiblesse.

Chansons d’amour et de pluie, Sergi Pàmies

Ecrit par Marc Ossorguine , le Mercredi, 26 Novembre 2014. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Editions Jacqueline Chambon

Chansons d’amour et de pluie (Cançons d’amor i de pluja, 2013), nouvelles traduites du catalan par Edmond Raillard, mars 2014, 144 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Sergi Pàmies Edition: Editions Jacqueline Chambon

 

Sans vraiment défrayer les chroniques et le monde de la critique littéraire, il se pourrait bien que Sergi Pàmies soit un des auteurs catalans et catalophones les plus traduits en France : 10 titres publiés en catalan, 10 titres traduits ! Mais il n’est pas vraiment connu des lecteurs français. Il faut dire qu’il accumule les freins à une notoriété hexagonale : il écrit dans une langue qui ne provoque pas forcément l’intérêt de la critique, plus portée à rendre compte des traductions de l’anglais, de l’américain, de l’anglo-américain ou, à la rigueur, de l’américano-anglais ; il est traduit chez un petit éditeur que les médias les plus lus, écoutés, regardés, ont quand même tendance à négliger ou à oublier, voire à ignorer ; par dessus tout, il persiste à écrire des nouvelles, genre majeur dans d’autres pays mais très peu vendeur en France.

Le fait d’être né à Gennevilliers et de parfaitement maîtriser le français (il traduit en catalan Guillaume Apollinaire, Daniel Pennac, Jean Echenoz, Amélie Nothomb et quelques autres) ne suffit apparemment pas à compenser tout cela (avouons qu’il a rejoint la Catalogne et la langue catalane dès ses 11 ans). Et pourtant…

Lettres à Sade, Collectif

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 19 Novembre 2014. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Correspondance, Thierry Marchaisse

Lettres à Sade, Collectif, Lettres réunies et présentées par Catriona Seth, novembre 2014, 139 pages, 14,90 € Edition: Thierry Marchaisse

 

La collection mise en place par les Éditions Thierry Marchaisse est d’un intérêt réjouissant : faire écrire des lettres par des auteurs contemporains à une sommité littéraire, défunte. Ici, Sade. Choisis – ce n’est toutefois précisé nulle part – sur des critères de goût des auteurs eux-mêmes, pour le destinataire, et, pour leur connaissance du sujet, puisque plusieurs d’entre eux ont à leur actif des recherches universitaires ou des livres consacrés à ce « marquis » si particulier. On fait de l’esprit, mais on connaît parfaitement Sade, dans ce petit livre !

Faut-il le dire ; c’est passionnant, et ça se lit d’un trait. Cela donne – en sus – l’envie de revenir à ces livres sulfureux du XVIIIème siècle, le plus libertin, de les découvrir autrement, et, surtout, de voyager dans ce qui est – malgré débats et colloques, de ci de là – un produit littéraire. Peut-être avant tout. Ce qui fait écho, résonance, aussi ; ce qui – hier, et différemment, aujourd’hui – « sourd » de ces écrits, de cette vie, de cette légende. En un mot, « de quoi Sade est-il le nom ? », comme dit l’un de nos auteurs.