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Nouvelles

Nouvelles du New Yorker, Ann Beattie

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 28 Mai 2013. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Christian Bourgois

Nouvelles du New Yorker, trad. (USA) par Anne Rabinovitch avril 2013, 379 p. 20 € . Ecrivain(s): Ann Beattie Edition: Christian Bourgois

 

 

Pour certains d’entre nous, Ann Beattie a accompagné nos années d’adolescence post soixantehuitarde. Elle est de ces plumes qui ont su capter une époque, un style, un mode de vie, des silhouettes, des mots : ceux de la « libération » des langues et des esprits. Du moins de la pseudo libération car elle cachait bien sûr d’autres enfermements, d’autres illusions, d’autres croyances imbéciles. Et ça aussi, Ann Beattie l’a saisi.

Vous l’avez compris, les nouvelles réunies ici, pour une large part d’entre elles, datent des années 70 et ont été publiées, dès leur naissance, par le célèbre New Yorker, magazine littéraire et culturel de Big Apple. Et on y retrouve tout cet univers d’alors : babas cool, chipoteurs psychologisants, fumeurs de joints, révolutionnaires de salon, nanas « libérées », gratouilleurs de guitares et de rimes approximatives, théoriciens nuls de l’avenir du monde, artistes dans un devenir qui ne viendra jamais.

Stefan Zweig en La Pléiade Gallimard

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 16 Mai 2013. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Langue allemande, Roman, Récits, La Pléiade Gallimard

Stefan Zweig, Romans, nouvelles et récits. Avril 2013. 2 tomes. Prix de lancement 116 € (130 € après le 31 août 2013) . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: La Pléiade Gallimard

 

L’arrivée en La Pléiade d’une œuvre est en soi, toujours, un événement. Pour le lecteur français, francophone, c’est une sorte de consécration éditoriale suprême d’un auteur et de ses œuvres. La publication de Stefan Zweig constitue donc un événement, et à plus d’un titre. Toute l’œuvre est là, bien sûr, mais aussi et surtout, dans son cas, la dernière demeure en fin de compte de celui qui n’en avait plus vraiment depuis l’exil et qui, en choisissant la disparition physique, disait au monde que son œuvre était son dernier refuge. Ecoutons à ce propos Jean-Pierre Lefebvre dans sa superbe préface :

« Il n’avait pas déserté le monde, (…) Il avait seulement fait « sécession », lui aussi. Non pas dans la rumeur dorée d’une architecture nouvelle fortement imprégnée de ses héritages, ni dans un repli religieux, mais dans le jardin d’un monde de demain, pour mettre un terme à la fuite infinie, et se replier avec armes et bagages dans la seule vie de ce qu’il avait écrit. »

Washington noir (Georges Pelecanos présente)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 07 Mai 2013. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, Polars, La Une Livres, USA, Asphalte éditions

Washington noir, trad. USA par Sébastien Doubinsky février 2013, 280 p. 21 € . Ecrivain(s): George Pelecanos Edition: Asphalte éditions

 

Asphalte continue son tour du monde des grandes cités, versant noir. Aux USA, on savait pour Chicago bien sûr, pour NY, pour San Francisco et Los Angeles. La littérature policière, avec pour guides Chandler, Himes, Ellroy et combien d’autres, nous a conduits régulièrement dans ces antres du crime et de la violence urbaine. Pour Washington ça se sait moins : on imagine, de loin, une ville administrative, froide, à vastes espaces, bourgeoise.

Dès la préface, George Pelecanos nous révèle le Washington réel, celui que vivent ses habitants.

« Washington D.C. est la ville américaine où les différences de classe, de race et de culture sont les plus évidentes. Et les conflits ne se cachent pas sous la surface – l’expérience américaine est disséquée, discutée, vécue chaque jour, comme un poing dans la gueule. »

Nous voilà prévenus. Mais pas au point qu’on imagine ! Les nouvelles de ce recueil sont autant de coups de poing qui vont nous laisser sonnés. Il faut dire que le genre – la nouvelle noire – s’y prête particulièrement avec sa capacité de concentration des tensions, des conflits, des complexités les plus torves de l’âme humaine. Et le choix de Pelecanos est singulièrement sombre et détonnant.

Parlez-moi d'Anne Frank, Nathan Englander

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 25 Avril 2013. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, Plon

Parlez-moi d’Anne Frank, trad. USA Elisabeth Peellaert mars 2013, 206 p. 21 € . Ecrivain(s): Nathan Englander Edition: Plon

 

Ce recueil de nouvelles s’ouvre par celle qui donne son titre au livre : « Parlez-moi d’Anne Frank ». Curieusement, c’est loin d’être la meilleure et ne vous découragez pas à sa lecture, la suite est beaucoup plus intéressante.

Nathan Englander est dans son univers habituel : les familles juives, américaines ou israéliennes. Les histoires qu’il raconte ici se situent aussi bien dans l’actualité que dans un passé récent, pour être plus précis depuis l’après-guerre, l’après-Shoah. Et c’est bien la Shoah qui est le thème obsédant de ces nouvelles, obsédant comme dans l’esprit et la psychologie des personnages d’Englander – d’Englander lui-même. Américains de la post Guerre mondiale ou Israéliens depuis la même époque, les personnages de ces histoires n’ont pas d’autre moteur à leur rapport au monde que le souvenir – même indirect – de la Shoah. Au point que la terreur de la disparition puisse tordre jusqu’à la perception du réel, jusqu‘à l’absurde :

La belle indifférence, Sarah Hall

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 13 Mars 2013. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Iles britanniques, Christian Bourgois

La belle indifférence. Trad. De l’anglais Eric Chédaille Février 2013. 170 p. 15 € . Ecrivain(s): Sarah Hall Edition: Christian Bourgois

 

Sarah Hall dans ce recueil se révèle sous un jour éblouissant et encore inconnu. On savait son talent de romancière depuis au moins le « Michel-Ange électrique ». Avec ces sept nouvelles, une nouvelliste exceptionnelle nous absorbe de bout en bout.

Sept histoires. Nous sommes dans un genre très éloigné des nouvelles de Carver ou de McGregor. Chaque nouvelle est un mini-roman, avec des personnages profonds et complexes, une narration captivante, un début, une fin. Sarah Hall déploie une formidable capacité à opérer une condensation narrative stupéfiante, dans un style étincelant. Une rivière de sept diamants taillés au millimètre.

Les personnages centraux de toutes les nouvelles sont des femmes. Sarah Hall annonce la couleur : ce livre célèbre la féminité. C’est incontestablement la trace la plus forte qui reste de cette lecture. Une féminité à l’image de l’écriture de Sarah Hall : à vif, d’une nervosité haletante, vibrant à chaque instant d’une tension extrême :