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Nouvelles

Nouvelles vénitiennes, Dominique Paravel

Ecrit par Anne Morin , le Samedi, 02 Juillet 2011. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, La Une Livres, Serge Safran éditeur

Nouvelles vénitiennes, 185 pages, 2011 . Ecrivain(s): Dominique Paravel Edition: Serge Safran éditeur


Qu’est-ce qui se trame ici ? Ce petit livre précieux est écrit comme on tisse, l’enchevêtrement des histoires correspond au dédale des rues de Venise, ville morte, ville vive, ville labyrinthe. A travers les âges et les saisons, la narratrice nous fait suivre un fil conducteur, le double fil de l’art et de l’amour. Du tailleur de pierre qui remporte le pari d’ériger les piliers de granit, obtenant la jouissance de l’espace entre eux, au peintre dont le portrait de jeune homme passe d’une histoire à l’autre, échouant là où on ne l’attend pas, à Viola, sculptant un ange pour un monument funéraire, et guidant son interlocuteur par mobile interposé, dans les rues-dédale de Venise.

Un livre qui donne envie de s’élargir à l’espace et au souffle de cette ville, de la (re)visiter, de la (re)découvrir, aussi de l’intérieur, d’écouter quelles musiques elle donne à entendre, quels tableaux elle donne à voir… comme le photographe (é)perdu de la dernière nouvelle avec lequel son rédacteur en chef fait un marché : des photos de Venise contre un reportage rêvé au Mexique, et qui ne trouve rien à photographier tant Venise se montre belle de partout, mais aussi attendue de partout.

Une femme passe, profil perdu, la femme, thème majeur de ce recueil, la femme initiatrice, la femme qui s’entremet, la femme aussi dédoublée, qui (se) masque et (se) dévoile.

La théorie de la lumière et de la matière (The Theory of Light and Matter), Andrew Porter (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 22 Mai 2011. , dans Nouvelles, Les Livres, Recensions, La Une Livres, USA, L'Olivier (Seuil)

La théorie de la lumière et de la matière, traduit de l'anglais (USA) par France Camus-Pichon. Mai 2011. 208 p. 20 € . Ecrivain(s): Andrew Porter Edition: L'Olivier (Seuil)

Attention, joyau. Ne vous laissez pas piéger par ce titre à terrifier tout esprit non scientifique. Ce livre ne traite pas de physique. Encore un miracle que les Américains cachaient dans leur vivier de nouvellistes étincelants. Andrew Porter nous fait faire une sorte de road reader à travers les USA. Un collier de dix nouvelles inoubliables, scènes à la fois banales et effarantes de la vie quotidienne. C’est là le secret de Porter : il a trouvé la clé du mystère qui lie étroitement le banal et l’effarant. Chaque histoire est un morceau, quelques heures ou un moment unique, de la vie de quelques personnages. Rien d’exceptionnel dans les situations : deux amants nus sur le sol de leur salle de séjour, un fils et ses parents qui ne s’entendent pas, deux enfants qui jouent dans un jardin, un couple qui a adopté un jeune garçon … et doucement, sans en avoir l’air, la dissonance arrive dans l’harmonie apparente, mettant à nu, impitoyable, le réel niché derrière les illusions d’une vie.

« C’est la seule fois de ma vie où j’ai vu mon père en costume avec ma mère en robe du soir. Ils se tiennent par le bras, souriants, serrés l’un contre l’autre, légèrement courbés pour lutter contre le vent, se protégeant de quelque chose qu’ils ne voient pas encore. »