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Nouvelles

De haute lutte, Ambai

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 10 Avril 2015. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Asie, Zulma

De haute lutte, février 2015, traduit du tamoul par Dominique Vitalyos et Krishna Nagarathinam, 215 pages, 18 € . Ecrivain(s): Ambai Edition: Zulma

 

Ce recueil incisif rassemble quatre nouvelles, qu’on pourrait presque qualifier de romans par leur longueur, par le nombre des fragments constitutifs de leur déroulement narratif, par l’amplitude spatio-temporelle de l’intrigue et par la richesse contextuelle de l’histoire individuelle de leur personnage principal.

Le manuscrit : Chentamarai baigne depuis l’enfance dans un milieu d’artistes où sa mère, Tirumakal, une universitaire férue de littérature, de poésie, de chansons et musiques classiques indiennes qui tient salon tous les vendredis, ayant quitté son mari, fait figure de femme libre au sein d’une société dominée par les hommes. Chentamarai découvre un jour un manuscrit dans lequel sa mère raconte les difficultés et humiliations qu’elle a connues dans sa vie conjugale, dans sa relation avec son époux.

Mais dites-moi, qu’y a-t-il de révolutionnaire à dire qu’une veuve ne peut espérer retrouver l’accès à une vie digne de ce nom qu’en se remariant ? […] Quand vous affirmez qu’il est nécessaire de lui associer un homme pour lui offrir une nouvelle vie, c’est comme si vous disiez qu’elle doit toujours rester sous le contrôle d’un représentant du genre masculin…

Le langage des cactus, O. Henry (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Mars 2015. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Rivages

Le langage des cactus, traduit de l’américain par Jean-Paul Gratias, 153 p. 7,65 € . Ecrivain(s): O. Henry Edition: Rivages

 

Attention, ce petit recueil peut vous faire mourir. De rire. Huit petites nouvelles, écrites à l’aube du XXème siècle, d’une modernité saisissante et d’une drôlerie de chaque instant vous attendent dans ce recueil. Encore une fois, Rivages est allé dénicher une pépite en la plume de O. Henry, journaliste et écrivain dont le talent de nouvelliste était tel qu’en 1919, neuf ans après sa mort, le plus prestigieux prix de la nouvelle américain a pris son nom, le « O. Henry Award ».

Les univers de O. Henry sont très souvent ancrés dans New-York, son dynamisme, son expansion foudroyante, sa modernité unique au monde en ce temps. Les personnages de ces nouvelles sont journalistes, malfrats, hommes d’affaires (c’est souvent la même chose ici), écrivains (encore la même chose ?). Tous rêvent de réussite, de gloire, d’argent. L’American Dream en est à ses palpitants débuts post-industriels. Mais chez O. Henry, ce rêve n’est jamais pris au sérieux et ses personnages s’y empêtrent, s’y débattent comme ils peuvent, à leur grand dam et à notre grande joie de lecteurs.  Le dérisoire le dispute au pathétique et tout y passe : la réussite, la richesse, même les étranges nouveaux statuts sociaux :

Quelques femmes, Mihalis Ganas

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Lundi, 16 Mars 2015. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Bassin méditerranéen, Quidam Editeur

Quelques femmes, février 2015, traduit du grec par Michel Volkovitch, 72 pages, 10 € . Ecrivain(s): Mihalis Ganas Edition: Quidam Editeur

 

Dans un style attachant et d’une grande sensualité, Ganas délivre avec ces seize scénettes à la gloire des femmes des pépites de vie, pleines de gaieté et d’une grande tendresse.

C’est la voix d’une femme jeune ou celle d’une plus âgée, ce sont trois sœurs qui veillent, ou une belle jeune femme russe attablée ou celle-ci encore qui a passé sa vie à faire le ménage chez les autres, mais toujours c’est le regard d’un homme étonné qui approche le féminin avec dévotion eu égard au mystère qu’incarne souvent la femme pour lui.

« Après les présentations, il marcha seul le long de la mer et tandis qu’il se rappelait son aspect et surtout son rire, devant quoi il se demandait ce qui riait le plus dans son visage, la bouche, les yeux, les cheveux, oui eux aussi riaient dans l’éclatante lumière de mai, soulevés par un vent léger, il eut les larmes aux yeux mais n’y prêta guère attention, car en ce temps-là, au milieu de ses épreuves, privé de la compagnie d’une femme depuis le début du monde ou presque, il avait souvent les larmes aux yeux quand il voyait une jolie femme, pas précisément jolie mais l’une de ces femmes “dont le berceau fut réchauffé par le souffle d’un saint et qui vieilliront sans jamais en arriver au point de mourir”, comme l’écrivit bien des années plus tard Blanche Molfessis » (in Cymothoé, tel devait être son nom).

Fin de mission, Phil Klay

Ecrit par Victoire NGuyen , le Samedi, 14 Mars 2015. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Gallmeister

Fin de mission, janvier 2015, traduit de l’Anglais (USA) par François Happe, 309 pages, 23,80 € . Ecrivain(s): Phil Klay Edition: Gallmeister

 

Soldat Klay au rapport


Fin de mission est un recueil composé de douze nouvelles dans lequel l’auteur relate l’expérience de la guerre en Irak et en Afghanistan.

Le lecteur entre dans l’intrigue in media res. Il n’y a pas d’échappatoire pour lui. Ouvrant son livre, il est plongé dans la violence, la brutalité et la déshumanisation. Il vit lui aussi la guerre par procuration. Et en effet :

« On a tiré sur les chiens. Pas par accident. De façon délibérée. On avait appelé ça Opération Scooby. Moi, je fais partie des gens qui aiment les chiens, alors, forcément, ça m’a fait gamberger ».

Nouvelles de la grande guerre, Collectif

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 05 Mars 2015. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Zoe

Nouvelles de la grande guerre, Collectif : Henri Barbusse, Rudyard Kipling, Albert Londres, Talo Svevo, Robert Walser, Stephan Zweig, Arthur Conan Doyle, Richard Weiner, Liviu Rebreanu, Alexis Tolstoï, octobre 2014, 213 pages, 19 € Edition: Zoe

 

La première guerre mondiale a impliqué de nombreux belligérants et provoqué les morts et dévastations, destructions que l’on sait. Qu’en est-il de la littérature ? Et plus précisément de la nouvelle, genre malaisé à maîtriser. A la lecture du recueil rassemblé par les éditions Zoé, il apparaît que le genre de la nouvelle a administré dans cette période une preuve de sa capacité de restitution événementielle.

Tous les cas de figures, situations, postures y sont abordés : ainsi, dans le premier texte de Robert Walser, c’est l’arrachement, l’expulsion de la naïveté originelle, la perte de l’insouciance de l’avant-guerre qui sont évoquées : « Ces hommes vivaient une vie aussi simple qu’heureuse, leur existence était douce, suave et gaie (…) La guerre éclata. Tous accoururent aux lieux de rassemblement pour prendre les armes (…) Le service de la patrie dissipe toutes les réflexions ».