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Nouvelles

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme, Stefan Zweig

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 20 Janvier 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Langue allemande, Folio (Gallimard)

Vingt-quatre heures de la vie d’une femme (Vierundzwanzig Stunden aus dem Leben einer Frau), février 2015, Edition bilingue (allemand/français) annotée par Jean-Pierre Lefebvre, trad. français Olivier Le Lay, 201 pages, 4,10 . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Folio (Gallimard)

 

Toujours doublement précieuses sont les éditions bilingues des grands textes littéraires. Le lecteur français germanophone et le lecteur allemand francophone apprécieront certainement celle-ci en particulier, mais nulle nécessité d’être bilingue pour se laisser prendre aux qualités intrinsèques du récit, qui bénéficie de l’excellente traduction d’Olivier Le Lay.

La scène a pour cadre, au début des années 30, une pension hôtelière bourgeoise de la Riviera, où se côtoient les membres d’une société à la Somerset Maugham, à la Maupassant, où chacun observe chacun, où chacun commente, critique, juge et sanctionne les gestes et les paroles de chacun, au nom d’une morale étriquée appliquée de manière immédiate et arbitraire au vu de la seule superficialité des faits.

Découverte inopinée d’un vrai métier, suivi de La vieille dette (nouvelles), Stefan Zweig

Ecrit par Patryck Froissart , le Mardi, 12 Janvier 2016. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, La Une Livres, Folio (Gallimard)

Découverte inopinée d’un vrai métier, suivi de La vieille dette, décembre 2014, trad. allemand (Autriche) Isabelle Kalinowski et Nicole Taubes, 115 pages, 2 € . Ecrivain(s): Stefan Zweig Edition: Folio (Gallimard)

 

Les deux nouvelles de Stefan Zweig qui constituent cette édition de poche établie sous la direction de Jean-Pierre Lefebvre ont été extraites de Romans, nouvelles et récits, tome II de la Bibliothèque de la Pléiade (Gallimard).

Découverte inopinée d’un vrai métier

Le narrateur, de la terrasse d’un grand café de Paris, en avril 1931, observe les mouvements de foule des badauds quand son attention est attirée par le manège d’un homme évoluant furtivement ici et là parmi la masse. Il formule une première hypothèse sur le métier de l’individu jusqu’au moment où son observation attentive l’amène, par analyses, déductions, accumulations et confrontations d’indices, à la conviction que l’homme exerce une profession qui se situe à l’opposé du postulat initial. Lorsque le personnage quitte la place, le narrateur, saisi d’une irrésistible envie de le surprendre en pleine occupation, le suit jusqu’au célèbre Hôtel Drouot où se déroule une vente aux enchères. Leurs destins vont ici se croiser concrètement, physiquement, d’une manière singulière…

Le Décaméron, Boccace

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 23 Novembre 2015. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard), Italie

Le Décaméron, trad. de l’italien par Giovanni Clerico, 1056 pages, 12,40 € . Ecrivain(s): Boccace Edition: Folio (Gallimard)

 

Voici, signé Boccace, un parfait roman d'été : des intrigues à foison, des histoires à destination des dames, du rire, assez bien de sexe, un peu de larmes et de réflexion, un chouia de morale, et le tout est emballé. A vrai dire, c’est le roman de l’été depuis 1353, mais ne chipotons pas sur l’appartenance ou non à l’actualité littéraire : Le Décaméron, première grande œuvre en prose de la littérature italienne, a traversé bientôt sept siècles sans jamais voir fléchir la courbe de son succès ; nous verrons si les romans à la mode traverseront quant à eux sept semaines.

L’histoire est connue : en 1348, durant que la peste frappe cruellement Florence (le chapitre introductif est apocalyptique), sept demoiselles et trois jeunes gens trouvent refuge, entourés de leurs serviteurs, dans successivement deux luxueuses propriétés, quasi édéniques, quelque peu éloignées de la ville. Pour agrémenter leur séjour, ils décident que chacun d’entre eux devra raconter aux autres une nouvelle chaque jour – sauf le vendredi et le samedi, dédiés respectivement à la mémoire des souffrances du Christ et au repos. Donc, durant ce total de quatorze journées, ce sont cent nouvelles qui vont être racontées, cent histoires remarquables par leurs protagonistes et, surtout, leur dénouement.

Les Filles du Pasteur, D.H. Lawrence

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 09 Novembre 2015. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Gallimard

Les Filles du Pasteur, trad. de l’anglais par Colette Vercken et Bernard Jean, 272 pages, 9,90 € . Ecrivain(s): D. H. Lawrence Edition: Gallimard

 

En 1914, D.H. Lawrence (1885-1930) publie son premier recueil de nouvelles, intitulé The Prussian Officer, dont sont extraites les sept nouvelles traduites en français et réunies sous le titre Les Filles du Pasteur. Il n’a alors publié que trois romans, dont un au moins a rencontré un certain succès critique, Amants et Fils (1913), mais on est encore loin du roman qui lui vaudra sa réputation, littéraire et sulfureuse à la fois, L’Amant de Lady Chatterley (1928), l’un des romans les plus puissants du vingtième siècle. Pourtant, dans les sept nouvelles ici réunies, certaines des thématiques propres à l’œuvre de Lawrence sont déjà présentes, et développées avec talent dans des histoires solides aux personnages consistants.

La nouvelle qui donne son titre au recueil voit Lawrence puiser son inspiration, comme il le fera pour, par exemple, La Fille Perdue (1920), dans son histoire familiale, lui le fils de mineur qui grandit dans une petite ville du centre de l’Angleterre : elle raconte l’histoire d’un pasteur anglican pauvre s’établissant à « Aldecross », ayant avec sa femme plusieurs enfants, parmi lesquels deux filles, Mary et Louisa. Cette nouvelle, longue d’environ quatre-vingts pages, offre un aperçu sur ce que peut être la vie dans une petite ville minière, la pauvreté qui s’y accroche – on est quasi du côté d’Orwell, à se demander si celui-ci n’aurait pas lu Lawrence dans sa jeunesse…

Le trompettiste tchèque, Desző Kosztolányi

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 07 Novembre 2015. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays de l'Est, Cambourakis

Le trompettiste tchèque, mai 2015, traduit du hongrois sous la direction d’András Kányádi, 128 pages, 10 € . Ecrivain(s): Desző Kosztolányi Edition: Cambourakis

 

Desző Kozstolányi (1885-1936) fait partie de ces écrivains trop rares qui réjouissent à chaque lecture ceux qui les connaissent et qu’ils préservent un peu comme un jardin secret. Régulièrement, un éditeur passionné publie quelques titres dont on parle peu, trop peu, puis que l’actualité oublie. Nous avons déjà dit dans nos pages le bonheur que pouvait procurer la lecture de Cinéma muet avec battements de cœur ou Kornél Esti. Les lecteurs attentifs à ce qui nous vient de Hongrie ont pu découvrir il y a quelques années Le traducteur Kleptomane et – s’ils ont été séduits – c’est avec un bonheur redoublé qu’ils devraient découvrir ce nouveau recueil de nouvelles. Car il s’agit en France d’une vraie nouveauté, aucune des nouvelles présentées ici n’avait encore fait l’objet d’une traduction française.

Les nouvelles présentées dans ce recueil sont majoritairement des écrits de jeunesse de l’auteur, antérieurs à la Grande Guerre (9 nouvelles réparties entre 1907 et 1913, et une 10e de 1929), mais l’auteur a réalisé pour ces « coups d’essai » de véritables « coups de maître ». Le lecteur y trouvera déjà ce mélange d’ironie et de gravité, de réalisme teinté d’absurde ou de fantastique poétique.