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Nouvelles

L’Enfant de la fièvre, Shelby Foote

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 19 Octobre 2017. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Gallimard

L’Enfant de la fièvre (Jordan County), traduit de l’américain par Maurice Coindreau et Claude Richard, 361 p. 10 € . Ecrivain(s): Shelby Foote Edition: Gallimard

 

Dans ces nouvelles de Shelby Foote – autant de pépites – on trouve deux textes qui constituent de véritables courts romans : Crescendo final et L’enfant de la Fièvre (qui donne son titre à ce recueil). Autant le dire dès l’abord, on a en mains d’authentiques joyaux littéraires, qui viennent se placer au plus haut dans la littérature sudiste.

Avec Crescendo final, on retrouve le Sud pauvre et douloureux de « tourbillon »*. Comme il le fait souvent, Foote commence par ce qui est fréquemment la fin chez d’autres auteurs. Il décale ainsi toutes les interrogations du lecteur sur ce qui, chez les personnages, surdétermine les actes et les destinées. Le pauvre héros attend dans le couloir de la mort son exécution. Le récit sera donc la trajectoire qui l’a mené là, le destin inexorable dans lequel rien n’aura pu le sauver. Ni son talent, ni son succès, ni l’amour inquiet de sa mère.

Il y avait des rivières infranchissables, Marc Villemain (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 11 Octobre 2017. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, La rentrée littéraire, Joelle Losfeld

Il y avait des rivières infranchissables, 12 octobre 2017, 145 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Marc Villemain Edition: Joelle Losfeld

 

Dans ce recueil de courtes nouvelles, Marc Villemain s’aventure sur des sentiers difficiles. Ecrire sur les amours enfantines, ou adolescentes, est souvent un piège tapissé de guimauve ou, au moins, de sentimentalité molle. On ne sait par quel miracle d’équilibre, ces nouvelles, sans exception, y échappent. La délicatesse, le doigté, la distance narrative, sont ici les ingrédients d’un livre certes sentimental – c’en est même le sujet – mais jamais dans le pathos.

En évoquant les amours d’autrefois, celles d’« il », figure centrale de chaque nouvelle, Villemain touche bien sûr à la nostalgie du temps qui passe, mais au-delà d’une nostalgie personnelle, à celle d’un moment collectif, notre nostalgie à tous, l’évocation émouvante d’une France disparue, de modes de vie surannés. Un parfum de cartes postales de naguère qui nous renvoie immanquablement à nos propres souvenirs.

Voyage d’hiver, Jaume Cabré

Ecrit par Marie-Pierre Fiorentino , le Jeudi, 21 Septembre 2017. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Actes Sud

Voyage d’hiver, février 2017, trad. Edmond Raillard, 304 pages, 22,50 € . Ecrivain(s): Jaume Cabré Edition: Actes Sud

 

« Si un ouvrage est bien écrit,

ses mots contiennent

la personne qui l’a créé ».

Jaume Cabré, Voyage d’hiver

 

La couverture des ouvrages publiés par les éditions Actes Sud exerce souvent un charme sur celui qui, furetant en librairie parmi les nouveautés, hésite. Le fidèle de ces éditions sait pouvoir compter sur la complicité entre illustration et texte. Ici, la reproduction du tableau de Fedor Karlovich Burkhardt, Un paysage d’hiver avec une troïka, évoque autant l’ambiance désolée du recueil que la curiosité que chaque nouvelle suscite.

Les vivants et les autres, Laurence Guerrieri

Ecrit par Mélanie Talcott , le Vendredi, 08 Septembre 2017. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres

Les vivants et les autres, Evidence Editions, mai 2017, 468 pages, 20 € . Ecrivain(s): Laurence Guerrieri

 

A quoi sert de se faire éditer par une maison d’édition, quelle que soit son importance, si elle ne fait d’autre promotion pour les auteurs qu’elle prétend « défendre » que celle de diffuser leurs livres, tous azimuts et sous tous les formats possibles, des méga-plateformes phagocytaires aux librairies virtuelles, elles-mêmes noyées dans une pléthore de vitrines livresques d’importance variable ? On peut légitimement se poser la question lorsque parcourant le Net, on ne peut que constater l’inefficacité de certaines, connues ou non, dont le seul but serait uniquement de vendre des bouquins, comme si, s’improvisant bonimenteur, elles vendaient des chapeaux, le dimanche sur un marché minimaliste paumé au milieu de nulle part.

Dans ce cimetière latent, qui finit par remplacer insidieusement le pilon, ce vieux tabou de la destruction massive de la chose publiée, des centaines de livres n’ont d’autre reconnaissance que celle de leur linceul imprimé. Pour certains, au vu de leur médiocrité, on les en remercierait presque. Pour d’autres, c’est carrément du gâchis ! Et il faut bien de la conviction, voire de la foi, à l’écrivain pour qu’il continue à l’ombre menaçante de l’oubli, à tremper sa plume dans le secret de son talent. C’est le cas pour le recueil de nouvelles de Laurence Guerrieri, Les vivants et les autres.

La ville aux maisons qui penchent, Suites nantaises, Marie-Hélène Prouteau

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 31 Août 2017. , dans Nouvelles, Les Livres, Critiques, La Une Livres

La ville aux maisons qui penchent, Suites nantaises, La Chambre d’échos, juin 2017, 86 pages, 12 € . Ecrivain(s): Marie-Hélène Prouteau

 

Nantes. La ville toute bâtie de « tuffeau ». Nantes, la grande « négrière ». Celle de « Lola » de Demy, avec la très belle Anouk Aimée. L’étrange Nantes des « maisons de guingois »…

Autant de titres pour cette balade nantaise, vingt textes en hommage à la ville et à ceux qui firent ou font d’elle une cité féconde.

Au fil de ces évocations – récits ordinaires, rencontres artistiques ou humaines, le grain d’émotion enfle et atteint de belles encres nostalgiques : la vieille Maghrébine Lalla ; les amis tchèques de la Charte 77, morts tous deux, au prénom identique (Karel), Pecka et Bartosek ; le Turner engagé des « Esclaves jetant par-dessus bord les morts… », écho de cette ville jadis esclavagiste ; l’auteur recrée « Moderato Cantabile », et Libertaire Rutigliano, héros de vingt ans, meurt de tuberculose en mai 1945.