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Les Chroniques

La Styx Croisières Cie (I) Janvier 2019 (par Michel Host)

, le Mardi, 05 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

« – Père Ubu : De par ma chandelle verte, le roi Venceslas est encore bien vivant ; et même en admettant qu’il meure, n’a-t-il pas des légions d’enfants ?

– Mère Ubu : Qui t’empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place ?

– Père Ubu : Ah ! Mère Ubu, vous me faites injure et vous allez passer tout à l’heure à la casserole.

– Mère Ubu : Eh ! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culotte ?

– Père Ubu : Eh vraiment ! Et puis après ? N’ai-je pas un cul comme les autres ?

– Mère Ubu : À ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l’andouille et rouler carrosse par les rues ».

Alfred Jarry, Ubu Roi, Sc. 1ère, Acte premier

Jules de Montalenvers de Phrysac : noté dans le Livre de mes Mémoires

L’exil, Olivier Larizza (par Murielle Compère-Demarcy)

Ecrit par MCDEM (Murielle Compère-Demarcy) , le Lundi, 04 Mars 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

L’exil, Olivier Larizza, Andersen+ éditions, 2017, 107 pages, 8 €

 

Écrire des poèmes de manière ininterrompue, comme vivre. Jusqu’à l’ultime souffle. À l’heure interminable où la poésie bat de l’aile. À contre-temps : « Que vient faire (…) cette modeste plaquette de vers libres à l’heure persistante et triomphale du roman (dont je me demande toutefois si les tombereaux qui engorgent nos librairies n’augureraient pas du chant du signe) ? » interroge l’auteur. Écrire encore, toujours, des poèmes de manière ininterrompue, comme survivre. À cheval sur le réel et le rêve, comme Olivier Larizza a nourri le vif de son lyrisme à cheval sur deux continents, le Grand Est et la Martinique (cf. Avant-Propos). Dans l’entre-deux de ce qui s’écarte des sentiers battus, comme les auteurs soutenus par les éditions Andersen+. L’écart… figure et posture symbolique de ce qui inspire / expire le souffle poétique dans le creuset du quotidien ainsi exécuté dans une alchimie, tristement prosaïque si un certain regard ne vient l’enchanter. L’écart, dans le décalage comme l’exil subsiste dans la mise à distance. L’exil constitue une sorte de journal intime sous forme de poèmes incluant les années 2006-2009. Rédigé au long cours durant douze années entre Strasbourg inspirant la nostalgie du pays natal et les Caraïbes, « le pays du soleil ». L’ensemble de l’œuvre formera un triptyque, agencement de trois tomes dont L’exil constitue le premier volet.

Shelby Foote – l’homme du Sud (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 21 Février 2019. , dans Les Chroniques, La Une CED

Chronique dédiée à Nathalie Zberro et aux éditions Rivages

 

L’œuvre de Shelby Foote se situe au centre même de l’histoire du Sud. Mieux encore, elle se confond avec elle. On peut en dire autant de Thomas Wolfe, de Faulkner, de Carson McCullers et de plusieurs autres grandes voix venues des bords du Mississippi ou de la Savannah (1). Mais Foote, lui, fait au sens propre œuvre d’historien du Sud, par ses romans, son territoire, ses personnages, son style mais aussi parce qu’il a écrit la plus grande œuvre historique jamais produite sur ce qui fait l’identité même du Sud : la Grande Guerre Civile qui ravagea le pays de 1861 à 1865.

Tous ses prestigieux prédécesseurs en littérature sudiste ont été habités par l’ombre de cette guerre terrible qui – quoi qu’on en dise – n’est toujours pas vraiment terminée. On a dit de Wolfe et de Faulkner que plus que « malgré » la Guerre Civile c’est « grâce » à elle qu’ils ont fait l’œuvre miraculeuse que l’on connaît. On peut dire de Foote, qu’il en est deux fois le fils : comme écrivain et comme historien. Il n’est pas sûr d’ailleurs que l’on puisse distinguer l’un de l’autre. Sa colossale histoire de la Guerre Civile (2) est, comme son titre original l’indique, une narration, une histoire (sans le grand H), donc presque un roman.

La Vache d’entropie, Ivar Ch’Vavar (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Jeudi, 21 Février 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

La Vache d’entropie, Ivar Ch’Vavar, éditions Lurlure, janvier 2019, 136 pages, 16 €

 

Nature et culture

Après le lot de vœux et d’espoir du début de l’année, je reviens sur ma dernière lecture, et je commence seulement aujourd’hui cette chronique qui aurait dû voir le jour il y a plus d’une semaine. Ce qui est profitable dans un sens car je ne garde de cette Vache d’entropie que l’essentiel, et je peux vaquer de cette manière plus librement dans mes notes, prises au fil de ma lecture. Elle n’est d’ailleurs pas si ancienne pour être considérée comme un souvenir, mais assez pour imposer une distance propre à permettre de saisir ce que j’ai le plus distingué. C’est aussi un avantage ici car cette poésie part en étoile, or j’ai eu l’intention de titrer cette chronique de l’épithète : varia. Oui, ces poèmes sont convexes, si je puis dire, et leur foyer est variable, presque profus. Cependant l’essentiel reste quand même le traitement poétique de la nature et de la mort (l’on peut prendre le titre du recueil comme reflétant cette question : vache=nature, entropie=mort, même si c’est en soi trop simple pour venir à bout de ce recueil curieux et varié).

Nouvelles intégrales, tome I, Edgar Allan Poe, chez Phébus (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Mercredi, 20 Février 2019. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Nouvelles intégrales, tome I (1831-1839), Edgar Allan Poe, Phébus, coll. Littérature étrangère, octobre 2018, trad. anglais (USA) Christian Garcin, Thierry Gillybœuf, 432 pages, 27 €

 

 

Christian Garcin et Thierry Gillybœuf citent Valéry Larbaud, dans la préface à leur traduction de l’ensemble des nouvelles de Poe, dont le premier tome, correspondant aux années 1831 à 1839, vient de paraître chez Phébus : « traduire un ouvrage qui nous a plu, c’est pénétrer en lui plus profondément que nous ne pouvons le faire par la simple lecture, c’est le posséder plus complètement, c’est en quelque sorte nous l’approprier ».

Mais comment traduire ? Dès 1946, le même Larbaud notait dans Sous l’invocation de saint Jérôme : « Chaque texte a un son, une couleur, un mouvement, une atmosphère qui lui sont propres. […] [C’]est ce sens là qu’il s’agit de rendre, et c’est en cela que consiste la tâche du traducteur ». Est-ce à dire que cette tâche est, s’avère impossible ?