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Biographie

Vie de David Hockney, Catherine Cusset

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Vendredi, 23 Mars 2018. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Arts

Vie de David Hockney, janvier 2018, 192 pages, 18,50 € . Ecrivain(s): Catherine Cusset Edition: Gallimard

 

« Peins ce qui compte pour toi », telle est la devise de David Hockney depuis que son ami du Collège royal Ron Kitay lui a donné cet excellent conseil, l’amenant à puiser son inspiration dans ses ressources intérieures au moins autant que dans le monde qui l’entoure. Ce qui caractérise David Hockney, c’est cette gourmandise, cet appétit de la vie qui l’étreint, cette curiosité, cette envie irrépressible de connaître et d’expérimenter. Au fond de lui bouillonne un tempérament passionné et rebelle qui le pousse à s’éloigner des sentiers battus, mais pas au point de refuser les témoignages de confiance, d’amour et de reconnaissance.

Expositions et rétrospectives s’enchaînent alors qu’il n’a pas atteint la quarantaine. Chance, hasard, heureux concours de circonstances, mais aussi travail acharné, énergie et puissance ? La carrière de David Hockney est semée de réussites : c’est le parti-pris de romancière de Catherine Cusset, qui rédige un éloge de l’artiste, en même temps qu’un roman historique contemporain, inspiré et nourri de ses nombreuses lectures et de visionnages de films, un roman dont elle réinvente les passages lacunaires et névralgiques, donne vie aux dialogues, décrit des scènes.

Ainsi parlait Albert Schweitzer, Jean-Paul Sorg

Ecrit par Marc Wetzel , le Lundi, 26 Février 2018. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Arfuyen

Ainsi parlait Albert Schweitzer, janvier 2018, 168 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jean-Paul Sorg Edition: Arfuyen

 

« Lorsque vous tracerez mon portrait, que ce ne soit pas sous la figure du docteur qui soigne les malades. C’est ma philosophie du respect de la vie que je considère comme mon apport principal à l’humanité » (p.145).

L’Alsacien Albert Schweitzer (1875-1965) est un homme qui semble préférer travailler toujours pour n’avoir jamais à tricher ; et un homme qui, bien que pasteur, estime que le cœur a davantage puissance de révélation que la Révélation n’a force de cœur : « Celui qui croit être chrétien parce qu’il va à l’église fait une erreur. On ne devient pas une auto en entrant dans un garage » (p.149).

L’immense mérite de ce recueil de fragments (effectué avec brio par J.P. Sorg au sein d’une œuvre immense), en-dehors de sa vive et très éclairante préface, est d’abord de présenter deux extraits brefs et centraux, explicitant parfaitement le problème central de la vie de pensée d’Albert Schweitzer, sa contradiction fondatrice. Les voici :

Derain, un Fauve pas ordinaire, Patrice Bachelard

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mardi, 13 Février 2018. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Gallimard, Arts

Derain Un fauve pas ordinaire, septembre 2017, 128 pages, 15,30 € . Ecrivain(s): Patrice Bachelard Edition: Gallimard

 

Cette vie de Derain est un roman, tant on est porté par les divers épisodes qui en font le prix, et parfois aussi ont nourri certaines polémiques. En effet, il n’est pas de tout repos cet itinéraire d’un génie fauviste des années 1905-1906, très vite reconverti en amateur éclairé des classiques de tous bords, à commencer par Raphaël, puis beaucoup d’autres, jusqu’à Corot, Courbet.

Pourtant, pour cet artiste qui lâche « Un art n’a pas de théorie », il en allait tout autrement puisqu’il révolutionna avec quelques autres (Matisse, Marquet, Vlaminck, Van Dongen, Friesz) l’usage de la couleur, cette fameuse période fauviste, l’un des tournants de l’art moderne avant cubisme, futurisme… Chatou, Collioure nourrissent un Derain singulièrement audacieux, peut-être bien le plus sauvage coloriste du groupe. Il n’en reste pas là, puisque, dès ces années-là, il fonce à Londres pour se goinfrer de Turner et d’autres, tant sa gourmandise de nouveauté est grande.

Averroès ou le secrétaire du diable, Gilbert Sinoué

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Jeudi, 11 Janvier 2018. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Fayard

Averroès ou le secrétaire du diable, octobre 2017, 304 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Gilbert Sinoué Edition: Fayard

« Venus des étoiles, descendent des parfums enivrants et résonnent des mélopées anciennes, tandis que, adossée aux remparts de la Ville rouge, la nuit parle à ma mémoire.

Je suis venu comme l’eau.

Je suis venu comme le vent.

Bientôt, l’aube lancera dans la coupe des ténèbres la pierre qui fera s’envoler les étoiles.

Qui suis-je ? »

C’est sur ces mots que s’ouvre la longue confession d’Averroès, narrateur de cette biographie romancée et poétique, où l’on retrouve le parcours de ce grand penseur de l’islam des Lumières, un Islam éclairé « marqué par la volonté de concilier foi et raison », la philosophie et la Révélation, Aristote et Mohamad. Le récit est construit en aller-retour depuis sa naissance et à travers les siècles marqués par l’empreinte qu’a laissée cet illustre philosophe. Né à Cordoue, en 1126, il dit écrire pour son fils Jehad, pour le mettre en garde contre l’intolérance dans laquelle s’enfonce le monde et contre l’obscurantisme, les dérives et les mauvaises interprétations du Coran. Jehad aura pour mission de remettre ces mémoires en mains propres à Ibn Arabi.

L’espérance d’un baiser, Témoignage de l’un des derniers survivants d’Auschwitz, Raphael Esrail

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 22 Décembre 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Robert Laffont, Histoire

L’espérance d’un baiser, Témoignage de l’un des derniers survivants d’Auschwitz, septembre 2017, 284 pages, 19 € . Ecrivain(s): Raphael Esrail Edition: Robert Laffont

 

« En situation de survie, l’homme est vrai ».

Raphaël Esrail, ancien déporté, ancien résistant, et Président de l’Union des déportés d’Auschwitz, a passé une partie notable de sa vie à « dire Auschwitz » – sa mission – aux autres, ceux qui n’avaient pas cette expérience unique, qui ne savaient pas, ou mal. Aux jeunes, en particulier, pour apporter cet outil d’un genre à part, sans quoi aucune vie d’honnête homme ne saurait ici, en Occident, prendre forme…

Et la voix, douce et ferme, et la pédagogie, et – oui, parfois – comme un zeste d’humour en guise de distance, ont fait merveille partout où on l’écoutait dire « ce que des hommes avaient fait à d’autres hommes », dans un  silence étrange, que j’ai encore en mémoire, moi qui ai connu Raphaël lors d’un voyage pour les professeurs dans les grands camps de la mort de Pologne.