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Biographie

Bon vivant !, Abbott Joseph Liebling

Ecrit par Gilles Banderier , le Jeudi, 14 Décembre 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Récits, La Table Ronde

Bon vivant !, octobre 2017, trad. anglais (USA) Jean-Christophe Napias, 248 pages, 17,40 € . Ecrivain(s): Abbott Joseph Liebling Edition: La Table Ronde

 

Les photographies d’Abbott Joseph Liebling disponibles sur le réseau Internet montrent un homme à la silhouette agréablement sphérique, obtenue, travaillée – on le devine – à grands coups de fourchette (car une silhouette de gourmand se travaille, comme une silhouette de culturiste, seul le résultat est différent). Ce journaliste du New Yorker, mort en 1963 (à l’âge de cinquante-neuf ans) est inconnu en France, pays qu’il aimait d’un amour quasi-religieux, comme l’aiment en général les Américains gourmands et cultivés (pas les idiots qui en période de froid diplomatique versent à l’égout le vin français qu’ils ont au préalable acheté). Liebling y séjourna souvent, entre les années 20 et le début de la décennie 1960, désireux – on le comprend assez bien – d’échapper à tout ce que son grand pays possédait d’horripilant. En 1926-1927, il avait obtenu de son père les subsides nécessaires pour une année d’études à la Sorbonne. Liebling ne se distingua point par sa fréquentation assidue de l’alma mater et passa beaucoup de temps dans les restaurants (savait-il seulement faire la cuisine ?).

Carson McCullers, Un cœur de jeune fille, Josyane Savigneau

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 29 Novembre 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Le Livre de Poche

Carson McCullers, Un cœur de jeune fille, 500 p. 8,10 € . Ecrivain(s): Josyane Savigneau Edition: Le Livre de Poche

 

Carson McCullers fait assurément partie des écrivains dont on ne peut parler sans passion. Cette grande gigue sudiste, aux allures de garçon, aux romans abyssaux, aux personnages improbables, ne peut pas laisser indifférents les heureux lecteurs de son œuvre. La passion est la première qualité qui anime Josyane Savigneau dans cette biographie. Passion pour une grande auteure mais – et c’est indissociable chez Carson – pour une femme peu commune.

Le portrait qui se dessine au long de cette biographie est celui d’une écrivaine qui marqua son temps, à la fois par son œuvre audacieuse et transgressive et par le personnage – non moins audacieux et transgressif – qu’elle imposa dans les cercles littéraires américains, dans sa famille, dans sa vie. Dès 23 ans, la jeune sudiste entame tambour battant une carrière littéraire reconnue par tous dès le début. Le Cœur est un Chasseur solitaire (The Heart is a Lonely Hunter. 1940), roman choral aux personnages improbables, paumés de la vie, connaît un succès immédiat. Et, malgré quelques hauts et bas, ce succès ne se démentira jamais vraiment, ni auprès du public, ni auprès de ses confrères et consœurs en littérature.

Je, Gauguin, Jean-Marie Dallet

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 13 Novembre 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Arts, La Table Ronde - La Petite Vermillon

Je, Gauguin, octobre 2017, 238 pages, 8,70 € . Ecrivain(s): Jean-Marie Dallet Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Le genre de l’autobiographie imaginaire est malaisé à maîtriser. Jean-Marie Dallet, auteur de Je, Gauguin, dément quelque peu ce présupposé. Dans ce récit, il est le « Je » de Gauguin, son intimité, ses secrets, ses tourments récurrents, ses obsessions. Ce qui accroche dès l’entame de l’ouvrage, c’est l’explicitation des choix de ce peintre ; il avoue ainsi, au retour de son voyage en Amérique Latine où il a passé soit dit en passant une partie de son enfance, sa dépendance vis-à vis du désir d’évasion, de fuite d’un ailleurs forcément attractif :

« En fait dès qu’il s’agira de fuir, de chercher ailleurs plus loin, toujours plus loin, une existence différente, je serai toujours partant, n’admettant jamais que de lever l’ancre, même pour le bout du monde, ne sert à rien, que l’on n’échappe jamais à l’enfer intime qui vous colle au cœur, au Sud comme au Nord ».

Houellebecq, son chien, ses femmes, Pierre de Bonneville

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 10 Octobre 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, La rentrée littéraire, L'éditeur

Houellebecq, son chien, ses femmes, septembre 2017, 256 pages, 15 € . Ecrivain(s): Pierre de Bonneville Edition: L'éditeur

 

Tous les connaisseurs savent qu’une œuvre d’art doit être observée selon différents points de vue. Après Houellebecq économiste de feu Bernard Maris (Flammarion) et Houellebecq aux fourneaux de Jean-Marc Quaranta (Plein Jour), les perspectives retenues par Pierre de Bonneville sont prometteuses, quoique leur association surprenne : « son chien, ses femmes ».

Le chien est connu depuis qu’il a figuré sur le catalogue (disponible jusqu’en supermarché) de l’exposition Rester vivant, organisée au Palais de Tokyo en 2016. L’animal appartenait à une race peu courante sur le continent, mais répandue dans les îles britanniques, le welsh corgi penbroke. Les portraits de ce chien, prénommé Clément – ce qui, comme le remarque Pierre de Bonneville, n’est pas un nom de chien mais d’être humain – et doté d’un état civil (2000-2011), avaient occupé lors de l’exposition parisienne une place considérable, proportionnelle à l’amour que Michel Houellebecq lui portait. Dans différents entretiens, l’écrivain ne tarissait pas d’éloges sur les chiens en général et sur Clément en particulier, pour qui il composa le genre d’épitaphe que bien des êtres humains ne méritent pas.

Claude Lanzmann. Un voyant dans le siècle

Ecrit par Arnaud Genon , le Mardi, 13 Juin 2017. , dans Biographie, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Gallimard

Juliette Simont (dir.), Claude Lanzmann. Un voyant dans le siècle, 2017, 328 pages, 22 €. Edition: Gallimard

 

Hommages à Lanzmann

Voilà plus de 30 ans, Claude Lanzmann dévoilait Shoah, le magistral documentaire sur l'extermination des Juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale, film qu’il avait mis plus d’une dizaine d’années à réaliser. Depuis, il est devenu une figure singulière du champ intellectuel français. A la fois cinéaste, journaliste, écrivain, directeur de revue, il a, selon les mots de Juliette Simont qui dirige ce collectif et en signe l’avant-propos, « changé notre rapport au monde et à la pensée » et « redistribué, éthiquement, intellectuellement, artistiquement, le possible et l’impossible ». C’est donc parce qu’il a marqué son temps, qu’il a éclairé l’Histoire – et l’éclaire encore – comme peu ont su le faire avant lui,  parce qu’il s’est engagé toute son œuvre et sa vie durant que son adjointe à la direction des Temps modernes a décidé de donner la parole à ceux qui souhaitaient, sinon lui rendre hommage, du moins évoquer son travail et sa personne. Il en résulte un très bel ensemble, une galerie de portraits, de lettres, d’analyses et d’essais qui éclairent – sous toutes ses facettes – l’œuvre et la personnalité de Claude Lanzmann.