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Articles taggés avec: Talcott Mélanie

Lettre ouverte aux auteurs Indépendants, par Mélanie Talcott

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 07 Septembre 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

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Réponse à l’avalanche de commentaires délétères émis suite à une chronique que j’ai rédigée sur mon blog :

Chroniquer un auteur indépendant, c’est carrément se tirer une balle dans le pied dès lors que l’on adhère pas au compliment dithyrambique qui a transformé peu à peu l’autoédition en un univers fermé, une espèce de fraternité gélifiée avec ses codes vestimentaires, ses commentaires en listing, ses guéguerres de tranchée et ses omertas. Alors que les choses soient bien claires : je vous emmerde !

Chroniquer  un auteur « Indé » c’est mettre le doigt dans un monde où comme dans la vraie vie pullulent des teignes égotiques qui se prennent souvent pour des génies incompris et ont l’amertume vengeresse, tout en brandissant la pancarte « je suis bienveillance ». On s’y bat pour être au Top 100 Amazon, tout en chiant sur ce géant capitaliste où pourtant on va toutes et tous barboter, indés ou non, en espérant que le nombre exponentiel des ventes nous sauvera de la noyade anonyme.

Généalogie d’une banalité, Sinzo Aanza

Ecrit par Mélanie Talcott , le Samedi, 03 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Afrique, Les Livres, Critiques, Roman, Vents d'ailleurs

Généalogie d’une banalité, 224 pages, 18 € . Ecrivain(s): Sinzo Aanza Edition: Vents d'ailleurs

« L’homme n’est pas étanche, il est d’une porosité inévitable, sournoise mais inévitable »

Sinzo Aanza

 

« Le véritable salaire de la désobéissance civique arrive. Ne fermez pas votre radio, ne changez pas de chaîne, car l’histoire va s’écrire sous vos oreilles ce soir… »

La clef de Généalogie d’une banalité de Sinzo Aanza est dans cette phrase. Mais avant, il faut faire preuve de patience. Car la lecture de ce livre au style riche, truculent, impétueux, inventif, pantagruélique, veiné de mots que la langue française a rayés de son vocabulaire depuis belle lurette, est en elle-même une ode à la lenteur de par la complexité du récit, à la fois épopée, chronique sociale et subtile autant que prudente critique politique d’un pays, le Congo, quasiment quatre fois plus grand que la France. Et il faut bien l’admettre : notre ignorance de lecteurs occidentaux formatés par Tintin au Congo est inversement proportionnelle à l’insignifiante connaissance que nous avons de ce pays. Oh bien sûr, nous avons vaguement en mémoire le fait que le Congo fut la danseuse belge maltraitée du roi génocidaire Léopold II.

Cœur Tambour, Scholastique Mukasonga

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 26 Mai 2016. , dans La Une Livres, Afrique, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Cœur Tambour, janvier 2016, 176 pages, 16,50 € . Ecrivain(s): Scholastique Mukasonga Edition: Gallimard

 

[Quatrième de couverture :

« Personne ne savait plus trop qui était cette présumée princesse africaine appelée Nyabinghi. Son nom était venu s’échouer sur les plages de la Jamaïque en d’étranges circonstances… Le 12 décembre 1935, peu de temps avant l’invasion de l’Éthiopie par l’Italie fasciste, paraissait dans le journal Jamaïca Times un article intitulé « Une société secrète pour détruire les Blancs » : vingt millions de nègres, au nom d’une mystérieuse reine appelée Nya-Binghi, allaient déferler sur l’Europe et l’Amérique, Nya-Binghi signifiant « mort aux Blancs ». Les rastas, qui adoptèrent le nom de nyabinghi, n’avaient rien de sanguinaire et, dans la torpeur bienheureuse de l’herbe sacrée, ne songeaient nullement à massacrer quiconque. Les tambours suffisaient à leur rébellion ». Du Rwanda à la Caraïbe, à l’Amérique : mystères, initiations, naissance de la musique rasta, et, dans les bouleversements du monde, quand bat le tambour et le cœur de l’Afrique, un crime fondateur… Qui a tué l’inoubliable diva Kitami, surnommée aux quatre points de l’horizon « l’Amazone noire » ?…]

A propos de "Le cosaque de la rue Garibaldi" de Claude Gutman

Ecrit par Mélanie Talcott , le Vendredi, 08 Avril 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

Le cosaque de la rue Garibaldi, Claude Gutman, Gallimard, février 2016, 224 pages, 16,50 €

 

Un livre simple qui raconte avec tendresse et ironie une histoire comme on en a tous dans nos familles. Ce qui en fait la particularité est sa judéité qu’elle refuse ou cache délibérément par peur qu’elle ne la stigmatise et ne la désigne pour de nouveaux crématoires. Au sein de cette famille, un seul résiste à ce déni collectif orchestré avec l’approbation de tous, un grand-père pouilleux qui s’obstine à ne parler que le yiddish et que son entêtement a rendu imperméable aux autres. Ancien boucher, peut-être a-t-il également été un cosaque, on ne le saura pas, il est l’idiot utile, celui qui fait bouillir la marmite, et le pestiféré de la famille, coupable d’être ce qu’il est comme ce qu’il n’est pas. Ses enfants le méprisent ou l’ignorent, sa femme l’honnit, préfère ses bonnes œuvres, et des années durant a pour amant le président de l’Amicale Israélite. Le quotidien de la famille brinquebale autour d’évènements que nous connaissons tous, mariages, divorces, ruptures, mensonges, problèmes matériels et anecdotes tristes ou drôles. Lorsque meurt enfin le vieil homme, tous n’ont qu’une hâte, celle de se débarrasser au plus vite de tout ce qui serait susceptible de l’évoquer, comme s’il n’avait jamais existé.

Sur l’infiltré de la Havane de Nikos Maurice

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mardi, 29 Mars 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

« Les livres ne sont pas faits pour être crus, mais pour être soumis à l’examen. Devant un livre, nous ne devons pas nous demander ce qu’il dit mais ce qu’il veut dire », écrivait Umberto Eco. Pour certains, rares il est vrai, qui résonnent en nous, nous font grandir et voyager dans ce que l’homme a de plus universel, la tâche est facile et magnifique. Mais pour la majorité d’entre eux, qu’est-ce que ce livre m’a apporté est la seule question qui demeure, une fois la dernière page tournée. Le rôle de lecteur se cantonne alors à celui de spectateur. C’est le cas, du moins pour moi, de L’infiltré de la Havane, de Nikos Maurice.

Même si l’auteur semble s’être bien documenté sur les derniers mois de Batista et la montée en puissance de Castro, exposant les dissensions existant entre les différents courants politiques opposés au dictateur, l’ingérence américaine dans le business, le renseignement, avec en filigrane l’avortement et la déstabilisation de la révolution castriste, nous baladant dans l’ambiance futile et insouciante des touristes et de la haute et moyenne bourgeoisie cubaine, de maisons feutrées en d’hôtels de luxe et en casinos, où se croisent prostituées et mafieux (représenté ici par Meyer Lansky), où se négocient tous les trafics, le blanchiment d’argent et les trahisons en tous genres, l’exercice reste très intellectuel.