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Articles taggés avec: Talcott Mélanie

A propos de Meurtres en haut lieu, Hubert Letiers, par Mélanie Talcott

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mercredi, 13 Septembre 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Meurtres en haut lieu, Hubert Letiers, Editions Inspire (catégorie Policier Thriller), juin 2017 278 pages, 19 €

« Haletant, brûlant, pertinent, captivant, mené tambour battant, magistral, très efficace, envoûtant, sombre, addictif, un techno thriller dont vous ne sortirez pas indemne, une intrigue bien ficelée, un suspens assuré, etc. », Meurtres en haut lieu d’Hubert Letiers mériterait sans doute l’un ou l’autre de ces qualificatifs ambulatoires qui ont fini par perdre leur sens tant on les colle à tous les refrains de la critique littéraire et cinématographique, que le bouquin – dans ce cas – soit bon ou non.

L’histoire d’abord :

Sur fond très actuel d’une France appauvrie et muselée qui se barre en couille : « Lâché par ses bailleurs de fonds, le pays était en effet exsangue depuis plusieurs mois, et l’État Providence se gangrenait de plus en plus dans un désordre social qui le débordait complètement. Anesthésiée et perdue, la France explosait en communautés déracinées. Et cela, en même temps qu’elle entrait dans la réalité planétaire comme un astéroïde pénètre dans l’atmosphère. Entre solitudes morales, matérielle et intellectuelle, plus aucun ancrage ne semblait possible » –

Les vivants et les autres, Laurence Guerrieri

Ecrit par Mélanie Talcott , le Vendredi, 08 Septembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Nouvelles

Les vivants et les autres, Evidence Editions, mai 2017, 468 pages, 20 € . Ecrivain(s): Laurence Guerrieri

 

A quoi sert de se faire éditer par une maison d’édition, quelle que soit son importance, si elle ne fait d’autre promotion pour les auteurs qu’elle prétend « défendre » que celle de diffuser leurs livres, tous azimuts et sous tous les formats possibles, des méga-plateformes phagocytaires aux librairies virtuelles, elles-mêmes noyées dans une pléthore de vitrines livresques d’importance variable ? On peut légitimement se poser la question lorsque parcourant le Net, on ne peut que constater l’inefficacité de certaines, connues ou non, dont le seul but serait uniquement de vendre des bouquins, comme si, s’improvisant bonimenteur, elles vendaient des chapeaux, le dimanche sur un marché minimaliste paumé au milieu de nulle part.

Dans ce cimetière latent, qui finit par remplacer insidieusement le pilon, ce vieux tabou de la destruction massive de la chose publiée, des centaines de livres n’ont d’autre reconnaissance que celle de leur linceul imprimé. Pour certains, au vu de leur médiocrité, on les en remercierait presque. Pour d’autres, c’est carrément du gâchis ! Et il faut bien de la conviction, voire de la foi, à l’écrivain pour qu’il continue à l’ombre menaçante de l’oubli, à tremper sa plume dans le secret de son talent. C’est le cas pour le recueil de nouvelles de Laurence Guerrieri, Les vivants et les autres.

A propos de Projet Anastasis, Jacques Vandroux

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mardi, 22 Août 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Projet Anastasis, Jacques Vandroux, Robert Laffont, juin 2017, 528 pages, 20 €

 

J’ignore si Jacques Vandroux connaît les conseils en écriture prescrits par Bernard Weber comme étant la recette magique du succès assuré… Toujours est-il que son ouvrage Projet Anastasis, publié par les éditions Robert Laffont, est un chef d’œuvre de marketing. Tout est pensé, pesé, agencé, contrôlé. Rien ne semble laissé au hasard tant dans le mécanisme parfaitement huilé de l’intrigue, qui joue les montagnes russes avec l’adrénaline figurée du lecteur, que dans les protagonistes principaux et secondaires de cette fiction.

Tout commence par le récit, talentueux et étonnamment évocateur dans sa réalité narrative, d’un attentat en plein Paris au cours duquel le terroriste, responsable du massacre, sauve malgré lui le petit Alexandre, fils d’un homme politique influent et de la femme qu’il vient de blesser mortellement, avant de disparaître avec l’enfant. Qui est-il ? A quelle mouvance appartient-il ? A qui obéit-il ? La réponse constitue la trame du roman.

Clap de fin de la première partie. Le décor est solidement planté pour les séquences suivantes qui se déroulent tambour battant sur cinq plans.

Demain, Territoire de tous les possibles, sous la direction de Michel Lévy-Provençal, par Mélanie Talcott

Ecrit par Mélanie Talcott , le Lundi, 10 Juillet 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques

Demain, Territoire de tous les possibles, sous la direction de Michel Lévy-Provençal, Larousse, Essais, 256 pages, mai 2017, 15,95 €

 

« Nous trouvons même pénible d’être des hommes – des hommes, des vrais, avec leur propre corps, leur propre sang, bien à eux ; nous aspirons à être des espèces d’hommes universels imaginaires. Nous sommes mort-nés et il y a d’ailleurs longtemps que nous ne naissons plus de pères vivants, et ça nous plaît de plus en plus. Nous y prenons goût. Bientôt, nous inventerons un moyen de naître d’une idée ».

Dostoïevski, Les carnets du sous-sol

Aujourd’hui, on ne parle plus de progrès, mais d’innovation. Voilà un mot sésame pour un univers fantasmé, chic, fun et libertaire. Exit les contingences financières, pourtant bien réelles, qui font que sans argent, point de concrétisation des idées, fussent-elles de génie. Mais que signifie exactement ce mot ? Selon l’étymologie qui remonte tout de même au Moyen Age, il s’agit tout simplement « d’introduire du neuf dans quelque chose qui a un caractère bien établi ». Bref, faire en d’autres termes ce que nos cuisiniers tendance appellent revisiter un grand classique.

2025, le protocole de glace, Christian Lestavel

Ecrit par Mélanie Talcott , le Mardi, 20 Juin 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

2025, le protocole de glace, Autoédition, en vente format papier et numérique sur Amazon . Ecrivain(s): Christian Lestavel

Il est incroyable de voir comme le peuple, dès qu’il est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa liberté,

qu’il lui est impossible de se réveiller pour la reconquérir : il sert si bien, et si volontiers,

qu’on dirait à le voir qu’il n’a pas seulement perdu sa liberté, mais bien gagné sa servitude

La Boétie (1576)

 

Flippant de chez flippant ! A tel point que plusieurs fois j’ai suspendu ma lecture de 2025, le protocole de glace, fiction politique ancrée dans une sombre et plausible réalité, de Christian Lestavel. Dès le prologue, nous voilà mis au parfum nauséabond de nos lâchetés : « à chaque changement de siècle, nous pensons bâtir un nouveau monde, spirituel, philosophique, politique, territorial, océanique, industriel, spatial, numérique, alors que nous laissons derrière nous la mémoire du siècle précédent. L’Histoire ne nous sert à rien. Même notre Démocratie n’est qu’un pet ridicule, une misérable étincelle dans l’Univers infini qui nous entoure ».