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Nouvelles Animalières, Guy de Maupassant

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 02 Avril 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Nouvelles

Nouvelles Animalières, janvier 2016, textes choisis et dossier par François Kerlouégan, 192 pages, 4,80 € . Ecrivain(s): Guy de Maupassant Edition: Folio (Gallimard)

 

Guy de Maupassant (1850-1893), le scandaleux, l’homme du canotage et de La Feuille de Rose, aurait probablement bien ri si on lui avait dit que son œuvre, en particulier ses nouvelles, deviendrait une manne inépuisable pour l’institution scolaire, en particulier les éditeurs en mal d’idées pour suggérer des leçons aux professeurs et donc vendre leurs livres. Va donc pour ces Nouvelles Animalières, choisies par François Kerlouégan, qui a aussi réalisé le dossier les accompagnant.

Les nouvelles sont choisies parmi le corpus classique de Maupassant, chacune bénéficiant, c’est parfois précieux, des précisions temporelles sur sa publication originale, tant dans la presse qu’en volume. Selon que l’on a plus ou moins fréquenté l’œuvre de Maupassant, ces onze Nouvelles animalières seront des découvertes ou des redécouvertes – quoi qu’il en soit, un véritable plaisir de lecture, où se retrouve la perfection stylistique d’un auteur à la fois « élève » de Flaubert et habitué à faire rentrer une histoire dans un carcan précis, celui de la place laissée à la littérature dans la presse de l’époque (1880-1890), qui ne laissait plus aux nouvellistes la place autrefois octroyée aux feuilletonistes. Ce sont donc onze fulgurances narratives qui sont ici réunies, avec pour thématique commune la présence d’un animal.

Martin Amis : Deux romans

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 25 Mars 2016. , dans La Une CED, Les Chroniques

 

D’Autres Gens, Martin Amis, Le Livre de Poche, trad. de l’anglais par Géraldine Koff-D’Amico, août 2015, 312 pages, 6,90 €

Money, Money, Martin Amis, Le Livre de Poche, trad. de l’anglais par Simone Hilling, août 2015, 624 pages, 8,10 €

 

Quand un auteur fait l’actualité littéraire, comme c’est le cas pour Martin Amis (1949) avec La Zone d’Intérêt, son dernier roman en date, il serait regrettable pour l’éditeur possédant les droits de son back catalogue de ne pas le faire fructifier. Dont acte pour Le Livre de Poche, qui se fend d’une mini-rafale avec D’Autres Gens (1981) et Money, Money (1984), deux romans emblématiques de l’œuvre de Martin Amis, précédemment publiés chez 10/18 et plus disponibles depuis quelque temps. L’occasion est donc belle de replonger dans ces deux romans, juste histoire de voir s’ils tiennent toujours la route.

Une Histoire du Monde en 10 Chapitres ½, Julian Barnes

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 19 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Iles britanniques, Roman

Une Histoire du Monde en 10 Chapitres ½, trad. anglais Michel Courtois-Fourcy, 528 pages, 8,50 € . Ecrivain(s): Julian Barnes Edition: Folio (Gallimard)

 

Pendant quelques années, Une Histoire du Monde en 10 chapitres et ½ (1989), le cinquième roman de l’auteur anglais Julian Barnes (1946) n’a plus été disponible en français ; pour qui en avait fait un livre culte, chaque exemplaire trouvé en bouquinerie était à acheter et offrir, tant il paraissait injuste que tout le monde ne puisse pas profiter de ce festival narratif. Puis un beau jour, on s’aperçoit que les éditions Gallimard l’ont réédité dans leur collection Folio, et on s’en réjouit jusqu’à mettre la main sur un exemplaire : outre que la couverture n’a plus aucun rapport au roman, contrairement à celle de chez Stock et, ensuite, au Livre de Poche, qui s’ornait d’une reproduction du Radeau de la Méduse, ce même tableau n’est plus reproduit en couleurs sur papier glacé encarté, mais bien en noir et blanc, aux pages 210 et 211 du livre. Ce n’est qu’un détail au regard du texte, mais on y perd quand même en élégance éditoriale. Celle-ci perd d’ailleurs encore des plumes lorsqu’on commence à trouver des coquilles liées à une mauvaise relecture (« ondes » à la place de « oncles », « dub » à la place de « club »…). On pinaille, on pinaille, mais bon, tant qu’à faire rendre disponible un texte, autant le faire avec classe.

Elephant Island, Luc Baba

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 10 Mars 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Belfond

Elephant Island, février 2016, 224 pages, 17 € . Ecrivain(s): Luc Baba Edition: Belfond

 

Comment écrire un roman sur l’endroit où l’on vit, ayant pour cadre l’endroit où l’on a grandi, sans tomber dans le régionalisme pur et dur, à destination d’une collection littéraire subsidiée par une région ayant besoin d’art pour se sentir exister ? Comment, en fait et de manière générale, dire le particulier sans tomber dans le piège du particularisme ? Comment, pour préciser vraiment notre propos, dire l’universel à partir du spécifique sans pour autant perdre de vue le spécifique en question ? C’est la question qu’a dû se poser le Belge Luc Baba (1970) au moment d’écrire son dernier roman en date, Elephant Island, dont l’action se situe pour l’essentiel à Liège, entre 1917 et 1977, mais qui parvient pourtant à toucher le lecteur qui n’aurait jamais mis les pieds du côté de la Batte (un grand marché dominical) ou du Vertbois (un bâtiment du XVIIIe siècle qui a connu de multiples fonctions), un lecteur qui se laisserait emporter par le souffle d’un style juste et d’une histoire universelle : celle des enfants qu’on soumet à et par la violence, et dont pourtant certains parviennent à s’en sortir, par le rêve peut-être, et à être des adultes capables d’écrire parce que la nostalgie a ses limites, écrire parce que l’esprit humain grandit, et qu’il est parfois l’heure de consigner ses actes.

Entretien avec Luc Baba, mené par Didier Smal

Ecrit par Didier Smal , le Jeudi, 10 Mars 2016. , dans La Une CED, Entretiens, Les Dossiers

 

Pour le lecteur qui vous découvre avec « Elephant Island », que faut-il savoir de votre passé littéraire ?

 

Rien. Il ne faut rien savoir. J’écris depuis l’âge de sept ans. Mon passé est littéraire, mon présent aussi. Mon nom est une marque, un logo. Ceux qui aiment Elephant Island s’informeront sur ce qui existe d’autre dans la même marque, et se feront une idée.

 

Existe-t-il un auteur ou un roman dont vous puissiez dire qu’il vous a donné, si pas l’envie, du moins l’impulsion pour à votre tour vous exprimer par la plume ?

 

Certains auteurs et certains livres me confortent dans le bonheur des mots, Giono, Gaudé, Gascar, Jules Vallès (L’enfant), etc. Mais ce sont les pouvoirs magiques de la langue et des mots eux-mêmes qui m’ont emmené sur la terre des romans, dans le sillage de rencontres humaines, de l’invraisemblable humanité, des pages de destin déguisées en hasards.