Identification

Articles taggés avec: Smal Didier

Sous l’œil de Dieu, Jerome Charyn

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 05 Décembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Rivages/noir, Polars, Roman, USA

Sous l’œil de Dieu, février 2016, trad. anglais (USA) Marc Chénetier, 288 pages, 9 € . Ecrivain(s): Jerome Charyn Edition: Rivages/noir

 

Auteur ultra-prolifique, avec plus de cinquante volumes à son actif, principalement des romans et quelques recueils de nouvelles, Jerome Charyn (1937) est considéré comme l’un des piliers de la littérature américaine de la seconde moitié du vingtième siècle, célébré tant par ses pairs que par la critique, celle-ci n’hésitant pas à le qualifier de « Balzac américain contemporain ». En France, il a même reçu le titre de Commandeur de l’Ordre des Arts et des Lettres. Tout cela est très engageant, et quelques excellents souvenirs de lecture, s’ils ne corroborent pas exactement toutes les louanges reçues, font foi que Charyn fait partie des auteurs qui comptent.

C’est donc avec une délectation anticipée qu’on ouvre Sous l’œil de Dieu (2012), dernière en date des histoires suivant un des personnages clés de l’œuvre de Charyn, Isaac Sidel, un flic new-yorkais ayant, au fil des romans dont il est le héros, gravi les échelons jusqu’à devenir Maire de la Grosse Pomme et, dans le présent roman, s’attaquer à la Maison Blanche. Il a en effet été choisi pour assurer la vice-présidence de J. Michael Storm, le président élu, et celui-ci, sombrant peu à peu, s’apprête à endosser le rôle de dirigeant de la nation la plus puissante du monde.

Métamorphoses d’un Mariage, Sándor Márai

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 30 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Livres décortiqués, Pays de l'Est, Roman, Le Livre de Poche

Métamorphoses d’un Mariage, trad. hongrois Zéno Bianu et Georges Kassai, 512 pages, 7,60 € . Ecrivain(s): Sandor Marai Edition: Le Livre de Poche

 

Parmi les auteurs phares de la Mitteleuropa, on cite volontiers Stefan Zweig, Arthur Schnitzler ou encore Joseph Roth ; depuis quelques années et un programme de traduction en français toujours en cours, on sait que l’on doit leur adjoindre le Hongrois Sándor Márai (1900-1989), entre autres pour les romans Les Braises, L’Etrangère ou encore le récemment publié par Albin Michel La Nuit du Bûcher. Chacun des romans lus de cet auteur est une fête de l’esprit, une plongée dans l’âme humaine digne des plus grands, qu’ils proviennent de l’ancien Empire austro-hongrois ou qu’ils soient américains (Henry James) ou français (Marcel Proust) ; s’il existe une chose telle qu’un prix Nobel de Littérature à titre posthume, voici un sérieux prétendant, et si la mauvaise foi guide cette assertion, qu’elle soit mise au compte de l’émerveillement littéraire. Quant au présent Métamorphoses d’un Mariage (Az igazi, Judit… és az utóhang, 1980, traduction en 2006), par son dispositif narratif imparable et sa capacité à embrasser le global, le sort de la Hongrie, au travers de l’intime, le sort d’un couple bourgeois, il ne fait que conforter cette opinion.

Le Pèlerin, Fernando Pessoa

Ecrit par Didier Smal , le Vendredi, 25 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Contes, Langue portugaise, Editions de la Différence

Le Pèlerin, trad. portugais Parcidio Gonçalves, 96 pages, 6 € . Ecrivain(s): Fernando Pessoa Edition: Editions de la Différence

 

Lire une œuvre inachevée, inaboutie, surtout lorsqu’elle est de haute volée, fait osciller l’humeur entre le plaisir et la frustration, sans qu’il soit possible de départager ces deux sentiments. Ainsi donc du Pèlerin, bref conte de Fernando Pessoa (1888-1935) dont la rédaction fut entamée en 1917 et arrêtée, à en croire le résumé proposé par l’auteur lui-même, après environ un tiers ; probablement une envie poétique ou la naissance d’un hétéronyme ont-elles empêché que soit continué ce récit pourtant prenant et à haute teneur allégorique.

Le narrateur, un jeune homme, mène une vie paisible (« Mon enfance avait été saine et naturelle. Mon adolescence se passait sans frémissements, quasi contemplative, jusqu’au jour où apparaît sur la route un homme tout de noir vêtu qui lui dit : Ne fixe pas la route, suis-la jusqu’au bout »). A partir du moment où il reçoit cette injonction, le narrateur ressent une inquiétude qui va le pousser à prendre la route pour se lancer dans un voyage initiatique qui va le mener à l’amour.

Sept secondes pour devenir un aigle, Thomas Day

Ecrit par Didier Smal , le Samedi, 19 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Folio (Gallimard), Roman, Science-fiction

Sept secondes pour devenir un aigle, septembre 2016, postface de Yannick Rumpala, 384 pages, 8,20 € . Ecrivain(s): Thomas Day Edition: Folio (Gallimard)

 

Thomas Day (1971) est un des chefs de file du renouveau de la science-fiction francophone, un de ceux qui lui a redonné vigueur et diversité de tons – on songe en particulier au cycle La Voie du Sabre, remarquable de documentation, d’imagination et, surtout, d’allant stylistique. Avec Sept secondes pour devenir un aigle, le présent recueil de nouvelles publié précédemment aux éditions Le Bélial’, il démontre l’étendue de son talent tout en s’attachant à faire vivre la veine spéculative de la science-fiction, celle qui a des préoccupations Terre-à-Terre, si l’on permet les majuscules, puisqu’elle descend des étoiles lointaines pour se demander ce qu’il va advenir de notre petite planète – pas dans des siècles, non, demain. Du coup, qu’on ne s’étonne pas si ces nouvelles se placent dans la droite ligne de Soleil Vert, Tous à Zanzibar ou encore Bleue comme une Orange : si la littérature post-apocalyptique des années cinquante et soixante imaginait la vie, l’humanité après qu’un imbécile a appuyé sur un gros bouton au fond d’un bunker, la même littérature, depuis les années soixante-dix environ, se demande surtout ce qu’il va advenir de l’humanité si elle continue à foncer droit dans le mur écologique (surpopulation, surconsommation, destruction environnementale) sans même se demander s’il existe une pédale de frein.

Born To Run, Bruce Springsteen

Ecrit par Didier Smal , le Mercredi, 09 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Albin Michel, Biographie, USA

Born To Run, septembre 2016, trad. (excellemment) de l’américain par Nicolas Richard, 640 pages, 24 € . Ecrivain(s): Bruce Springsteen Edition: Albin Michel

 

Avant d’évoquer les « mémoires », terme choisi en lieu et place de « autobiographie » par l’auteur lui-même, de Bruce Springsteen, un petit mot sur la compilation Chapter And Verse publiée de façon simultanée, présentée comme la bande-son du livre. Autant le dire franchement : elle est à éviter. Certes elle contient une douzaine de chansons indispensables du Boss, de Growin’ Up à The Rising en passant par Born To Run et The River, mais elle contient aussi cinq titres inédits, enregistrés avant le premier album avec The E Street Band, entre 1966 et 1972, et ceux-ci n’ajoutent absolument rien à la légende. Au contraire ils sont embarrassants tellement ils sont maladroits et montrent un Springsteen s’essayant à copier ses maîtres de pataude façon. Certes, la chanson Henry Boy annonce les grandes et épiques histoires à venir, mais qu’elle est plate, qu’elle montre un Springsteen cherchant ses marques… C’est le grand tort de l’industrie musicale, depuis l’avènement du cd au moins, que de vouloir à tout prix faire croire au pigeon d’amateur qu’il est bon de tout entendre, que le moindre rogaton de studio doit être publié et écouté avec dévotion.