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Poésie de langue française, anthologie thématique, Jean Orizet

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 20 Mars 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Le Cherche-Midi

Poésie de langue française, Anthologie thématique, novembre 2013. 633 p. 22,50 € . Ecrivain(s): Jean Orizet Edition: Le Cherche-Midi

 

« Pourquoi lire la poésie ? Pour vivre mieux et plus haut »

Jean Orizet conclut ainsi sa préface. Et le talent qu’il déploie à travers ces 650 pages de bonheur nous apporte la conviction qu’en effet les poèmes sont une formidable source de vie et de plaisir.

Une anthologie poétique – il y en a tant – est toujours une entreprise périlleuse. La subjectivité des choix porte en elle l’omission, la sur-citation, parfois même la rengaine. Et cette anthologie n’échappe pas à ce pli : et à ceux qui se demanderont pourquoi citer encore Le pont Mirabeau, Il n’y a pas d’amour heureux, Harmonie du soir ou une allée du Luxembourg, il faudra répondre que c’est parce qu’il s’agit d’urgences sans cesse répétées ! On soupçonne, dans ces choix précis, le maître d’œuvre de se faire un plaisir tout personnel. Mais peut-on le lui reprocher vraiment ? L’anthologie est d’abord une affaire de plaisir personnel tout compte fait. Et dans ce plaisir que le lecteur fait son chemin et trouve le sien.

Les déterreurs de trésors, Washington Irving

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Mars 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Contes, USA

Les déterreurs de trésors (The money diggers) Trad. de l‘anglais (USA) et présentation Thomas Constantinesco et Bruno Montfort. Ed. Rue d’Ulm 15 mars 2014. 125 p. 13 € . Ecrivain(s): Washington Irving

 

Ce petit livre de contes, qui compte deux siècles d’âge, est un bijou parfait de noirceur, d’écriture gothique mais aussi de finesse d’esprit et de drôlerie. Un authentique chef-d’œuvre.

Cinq Récits enchâssés – un personnage d’un récit narre le récit suivant – cinq perles qui prennent place avec une autorité magistrale dans la grande lignée de la littérature américaine. Fils spirituel de Thoreau, nourri d’influences baroques européennes (il rencontra Mary Shelley et Walter Scott lors d’un voyage de jeunesse en Angleterre), on découvre dans cette œuvre que Washington Irving est aussi le père spirituel de Nathaniel Hawthorne ou Edgar Poe.

Récits fantastiques ou à la limite du fantastique – le genre est tenu à distance par l’humour d’Irving (« mais ce sont histoires de bonnes femmes » vient toujours démystifier l’irrationnel) – ces contes sont d’une richesse extraordinaire.

Les jeunes mariés, Nell Freudenberger

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 06 Mars 2014. , dans La Une Livres, Quai Voltaire (La Table Ronde), Les Livres, Critiques, Roman, USA

. Ecrivain(s): Nell Freudenberger Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Nell Freudenberger possède un talent rare en écriture : elle parvient à nous passionner de bout en bout en nous racontant une histoire somme toute assez banale à première vue. Jugez-en : George, ingénieur américain début de deuxième âge cherche femme sur asianeuro.com. A l’autre bout du monde, au Bengladesh, une jeune fille, Amina, rêve d’Amérique. Tout cela tombe fort bien et les deux tourtereaux virtuels deviennent réels : Amina s’installe à Rochester (NY) USA et ils se marient. Ajoutez-y les difficultés d’adaptation d’Amina, les soucis familiaux et les hésitations d’un jeune couple et vous aurez résumé le livre. Enfin presque. Et  c’est là que se glisse tout l’art de l’auteure, dans ce presque, dans cet interstice où – de la vie quotidienne – surgit néanmoins l’aventure, l’incroyable incertitude de la vie humaine, la folle épopée du pas grand-chose quand il est porté par des cœurs.

La Terre Promise américaine c’est bien. Mais pas tout à fait. Et, peu à peu, pas du tout. Les regards interrogateurs voire hostiles, le travail précaire, la vie avec George comme ci comme ça. Enfin la vie quoi. Au tamis du regard et des blessures d’Amina, tout cela devient palpitant, presqu’anxiogène. Une sorte de suspense conjugal ou/et de l’immigration.

La robe des léopards, Kristopher Jansma

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 20 Février 2014. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Editions Jacqueline Chambon

La robe des léopards (The unchangeable spots of leopards) Trad. (USA) Laure Manceau. Octobre 2013. 363 p. 23 € . Ecrivain(s): Kristopher Jansma Edition: Editions Jacqueline Chambon

 

Jansma signe là un roman captivant, drôle et d’une grande originalité. Sur le ton de la dérision – mais chaleureuse et réjouissante ce qui, par les temps qui courent, devient rare. On est averti dès avant le début du roman :

«  Si vous pensez être l’auteur de ce livre, vous êtes prié de contacter Haslett & Grouse Publishers (New York, New York) dans les meilleurs délais. »

C’est que la question n’est pas exclue a priori : il se peut que l’un d’entre nous soit l’auteur de ce livre. Après tout. Les deux héros du livre – deux jeunes et brillants universitaires, sportifs et écrivains – jouent sans cesse avec la paternité littéraire, jusqu’à en faire un thème obsessionnel. Et Kristopher Jansma lui-même met cette question au centre de son roman. L’un écrit un livre universellement célébré. L’autre – par dilettantisme ou angoisse ? – perd tout ce qu’il écrit dans une sorte de fascination du vide. Alors il fera « carrière » de son amitié avec celui qui a réussi en littérature.

Onfray ou la haine de la philosophie

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 11 Février 2014. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

L’imposture « philosophique » continue. Après Platon, Freud, Sartre, voici Sade. Et c’était après la Bible, Dieu et autres babioles. Le fonds de commerce est vaste et les perspectives marchandes alléchantes. La machine commerciale de M. Onfray porte un nom, l’imposture, et consiste en un procédé, attaquer l’un après l’autre les grands fondateurs de la culture occidentale. Non pas que M. Onfray ait en ligne de mire la pensée occidentale, ce serait une ambition défendable. Il n’a en ligne de mire qu’une chose : lui-même et les têtes de gondole de la philosophie des grandes surfaces.

M. Onfray sévissait encore l’autre soir et toujours chez son inséparable FOG (Franz-Olivier Giesbert), celui-là même qui l’avait poussé sur le devant de la scène « anti-freudienne » il y a quelque temps. D’approximations historico-philosophardes en contre-vérités et banalités affligeantes (« Il vaut mieux être heureux que malheureux » « il vaut mieux être heureux ensemble que tout seul » « commençons le bonheur par le faire au coin de sa rue »), notre géant de la pensée a fini par mettre le pourtant expérimenté et placide Jacques Attali hors de lui : il a fini par hurler qu’Onfray était affligeant de banalités éculées et un menteur, un menteur et un menteur ! A défaut d’un grand moment de pensée on a eu au moins un bon moment de télé et des bribes de vérité.