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Grand Maître, Jim Harrison

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Décembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, USA, Flammarion

Grand Maître. Trad. USA Brice Matthieussent. septembre 2012. 350 p. 21 € . Ecrivain(s): Jim Harrison Edition: Flammarion

 

Jim Harrison a pris la peine d’un sous-titre en 5ème page, en forme d’avertissement : « faux roman policier ». Précaution superflue, en quelques pages on a compris. On tient entre les mains un évident faux polar, mais un encore plus évident vrai Jim Harrison ! Et comme tous les vrais Jim Harrison, c’est un grand livre.

On va faire comme Big Jimmy : expédier la pseudo intrigue policière, la pseudo enquête. Le vieux Sunderson, flic du Michigan qui part juste à la retraite, se met sur les traces de Dwight, Le Grand Maître d’une secte sulfureuse et nauséabonde, prônant le sexe (y compris la pédophilie), les plaisirs terrestres et captant le fric de ses adeptes, nombreux en ces régions des USA. Il met ses derniers élans de flic dans sa volonté de faire tomber cet ignoble personnage.

Bon. Voilà. Il faut dire tout de suite que ce « prétexte » narratif n’occupe que peu de place dans ce livre et nul ne s’en plaindra car le propos, la matière, la grandeur de ce roman sont ailleurs, dans la présence énorme et fascinante de … Jim Harrison.

Jim Harrison, la Terre des hommes

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 13 Décembre 2012. , dans Chroniques régulières, La Une CED, Les Chroniques

 

Quelle alchimie opaque fabrique le lien secret et indélébile qui se tisse entre un lecteur et l’œuvre d’un écrivain ? Faut-il la chercher dans les espaces de la ressemblance, dans les échos plus ou moins muets qui s’établissent entre les deux êtres qui sont à chaque bout de l’écriture ? Y a-t-il vraiment un statut du « ah imbécile qui crois que je ne suis pas toi ! » de Victor Hugo dans la rencontre parfois vitale d’un lecteur et d’un livre ? Il y a peu je posais la question ici de « qui écrit ? » à propos de Guy De Maupassant. La question consubstantielle en est « Qui lit ? »

 

Il ne faut pas tenter de répondre à cette interrogation troublante. Il n’y en a sûrement pas, ou trop. Peut-être qu’adolescent, j’ai entendu les terreurs et les dégoûts de Baudelaire parce que j’en éprouvais une part. Peut-être que j’ai avalé London parce qu’il portait une part de mes idéaux. Sûrement ai-je mythifié Fante parce qu’il parle, à chaque ligne, de mes douleurs et de mes joies.

Le voleur de cadavres, Patricia Melo

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 29 Novembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Amérique Latine, Actes Noirs (Actes Sud), Recensions, Polars, Roman

Le Voleur de Cadavres. Trad. Du portugais (Brésil) par Sébastien Roy. 218 p. 19,80 € . Ecrivain(s): Patricia Melo Edition: Actes Noirs (Actes Sud)

 

Livre étrange et fort, bousculant tous les archétypes du roman noir, le voleur de cadavres interroge sur la frontière ténue qui sépare le bien et le mal chez des personnages pourtant bien « gentils », presque touchants d’humanité.

Première surprise, le cadre de l’histoire. Loin des villes grondantes, du bitume mouillé, des néons blafards et des truands. Le narrateur/héros de l’histoire a quitté la ville qu’il ne supportait plus, Sao Paulo, pour se reposer dans une sorte de paradis terrestre, le Pantanal, dans le Mato Grosso à l’ouest de Brésil. Paradis écologique qui constitue l’écosystème le plus dense de la planète, avec un réseau extraordinaire de cours d’eau et de lacs, des forêts somptueuses et une faune d’une richesse exceptionnelle.

Notre homme va à la pêche sur le fleuve Paraguay. Il fait un temps splendide. Tout est paisible. Soudain un petit avion se fait entendre, tombe dans le fleuve nez en avant, et se plante dans l’eau devant notre pêcheur ébahi.

Revue Harfang N°41, novembre 2012

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 27 Novembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Revues

 

Le N°41 de la revue Harfang (novembre 2012) est largement consacré aux prix 2012 de la nouvelle. Didier Daeninckx bien sûr, prix Goncourt de la nouvelle cette année. Lunatik, prix inter’halles. Marie Pontacq, prix de la nouvelle de la ville d’Angers (organisé par la revue Harfang) pour son recueil « coup de sang sous les flamboyants ».

Aussi ce N° commence par des entretiens et une nouvelle de chacun des trois.

Dans l’entretien avec Marie Pontacq, cette dernière dit : « un roman c’est encore trop construit, trop mental. » Il y a dans cette réflexion la source et l’identité particulière de la nouvelle, dont on sait, par les plus grands écrivains, qu’elle est un genre à part entière en littérature. Une nouvelle ne peut être que forte, naturelle, évidente. La brièveté oblige évidemment à ce que Freud aurait appelé : déplacement et condensation – concepts que Freud applique au rêve, et il est intéressant de se demander les liens énonciatifs qui existent entre la structure du rêve et celle d’une nouvelle. Morceaux de réel, substitutions symboliques, concentration des signifiants, que de convergences !

Krazy Kat, Jay Cantor

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mardi, 20 Novembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, USA, Le Cherche-Midi

Krazy Kat, Traduction de l'américain par Claro, 302 p. 17 € . Ecrivain(s): Jay Cantor Edition: Le Cherche-Midi

 

Ce livre n’est pas un fleuve tranquille. On est plutôt sur les flots dansants de la haute mer. Jay Cantor signe avec Krazy Kat, premier livre de cet auteur traduit en français, un moment étonnant de déferlement d’une écriture nerveuse, dense, constamment inventive (jusqu’aux néologismes fréquents) et surtout comparable à rien de connu.

L’ « histoire » - si tant est qu’il y en a une – C’est la vie de Krazy Kat, le célèbre chat (en fait ici LA célèbre chatte) de la célébrissime bande dessinée (comics strip) de la première moitié du XXème siècle. Célébrissime, car près de 70 ans après l’arrêt de sa publication, on ne compte plus le nombre d’imitations et d’adaptation cinématographiques et dessins animés dont cette BD a fait l’objet !

Krazy Kat à la retraite connaît une dépression profonde.

« Elle ressentait sa solitude, son isolement arctique. Puis, comme chaque fois depuis quarante ans, le narcotique de la dépression s’empara d’elle, et la gluante et noire lassitude monta de ses membres jusqu’à son cerveau. »