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La brodeuse de Winchester, Tracy Chevalier (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 22 Avril 2021. , dans La Une Livres, Quai Voltaire (La Table Ronde), Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman

La brodeuse de Winchester, juin 2020, trad. anglais, Anouk Neuhoff, 352 pages, 23,50 € . Ecrivain(s): Tracy Chevalier Edition: Quai Voltaire (La Table Ronde)

 

Neuvième roman de Tracy Chevalier, La brodeuse de Winchester, relève du même genre romanesque que ses succès précédents : La Jeune fille à la perle, et La dernière fugitive. La romancière souhaite évoquer une période historique, bien documentée, et y greffer une histoire à l’intrigue disons modérément romanesque. Le talent de romancière historique convient bien à cette plume qui, de manière fluide, selon une narration riche en événements, conte des parcours de femmes, dignes d’intérêt et révélateurs sans doute de pans d’histoire à découvrir. Ce nouveau roman, tout axé sur le personnage de Violet Speedwell, célibataire de trente-neuf ans, secrétaire de son état, décrit une période bien précise. On est en 1932, 1933, en Angleterre, et l’époque est grave puisqu’on parle sans cesse d’un nouveau chancelier et de son parti nazi en Allemagne.

Chasseur de Ciel, Marion Fontana (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 16 Avril 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Roman

Chasseur de Ciel, La Chambre d’échos, juin 2020, 110 pages, 14 € . Ecrivain(s): Marion Fontana

 

Voilà pour la jeune auteure l’aventure d’un deuxième livre. Bref ouvrage, qui tient moins du genre romanesque que d’une réflexion onirique voire ésotérique sur l’existence confrontée aux espaces, ciel, terre, nuage. Les personnages ont peu de consistance voire de chair. Il y a bien Martha, sans description physique qui, passionnée de moto, tient à l’adresse des motards un bar de montagne, bien situé devant la chaîne des monts. Il y a deux personnages assez étranges : le chasseur de ciel, qui enfile sa moto en quête de ciel, d’errance, de découverte. Il y a la figure connue mais ici transversale et n’apparaissant qu’aux deux tiers du livre, du Roi Pêcheur, comme en retrait, hospitalisé, puis en convalescence, vieil homme fatigué.

Si certains livres gardent des qualités certaines surtout en fonction de l’intrigue, nous dirons qu’ici tout l’intérêt tient à l’écriture, maîtrisée, à la réflexion, élaborée, plus qu’à l’enchaînement d’événements. En effet, on est comme dans un temps distendu où apparaît sur la route ferme le chasseur. Nulle époque précise, nulle année, nulle précision.

Rien que l’amour, Lucien Becker (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 09 Avril 2021. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Poésie

Rien que l’amour, Lucien Becker, 432 pages, 10,50 € Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Né en Moselle en 1911, décédé à Nancy en 1984, Lucien Becker, entré dans l’administration de la police, écrivit très tôt (dès 1929) et annonça en 1961 qu’il n’écrirait plus. Son dernier recueil date de cette année-là : L’été sans fin. Mais nombre de poèmes inédits et posthumes sont repris dans cette édition qui comporte en outre des lettres de pairs ou de poètes admirés (Tardieu, Réda, Senghor, Bachelard, Bousquet…). Cet ensemble copieux, plus de quatre cents pages, convaincra le jeune public de l’intérêt de cette poésie toute dédiée à l’amour. Les titres parlent d’eux-mêmes et suggèrent, comme le note bien Guy Goffette dans sa longue préface, les blessures perçues dès le plus jeune âge : Pas même l’amour ; Le jeu des corps ; Le désir n’a pas de légende ; Les pouvoirs de l’amour ; Plein amour. De 1929 à 1961, une quinzaine de titres et des publications chez Gallimard (dès 1944) le font reconnaître de Char, Follain, etc.

C’est « un désastre intérieur » qui préside à l’écriture du poème, c’est la solitude extrême, c’est encore le silence, c’est la présence aussi d’Yvonne, sa femme, et de leur fille.

L’homme nu et autres poèmes, Alberto Moravia (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 02 Avril 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Italie, Poésie, Flammarion

L’homme nu et autres poèmes, Alberto Moravia, février 2021, trad. italien, René de Ceccatty, 320 pages, 21 € Edition: Flammarion

 

Romancier, essayiste, journaliste, Moravia a souvent regretté de n’avoir été qu’un « poète raté », ce « désir déçu d’être poète » l’a enjoint à ne rien publier de poétique de son vivant, réservant ces poèmes à une édition posthume.

Et pourtant, Moravia a toujours beaucoup lu les poètes, de Montale à Eliot, en passant par Apollinaire et ses amis Pasolini et Penna. Il a vécu environné de poètes, ses proches Elsa Morante et Pier Paolo Pasolini ; l’essentiel de ce qu’il écrivait, il le publiait, et c’était presque toujours des romans, des récits de voyages, des essais. Pas de poème connu par son public.

C’est dire l’intérêt de cette publication, qui propose, en édition bilingue italien-français, des poèmes écrits essentiellement dans les années soixante-dix et quatre-vingt, des poèmes qui articulent souvent les thèmes de l’ennui, de la nudité existentielle, de la mort, du désenchantement ; c’était l’heure où le roman lui posait quelque problème ; c’était une période difficile, politiquement parlant.

Retour au royaume, Françoise Lefevre (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 26 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Récits, Jacques Flament Editions

Retour au royaume, Françoise Lefevre, février 2021, 160 pages, 15 € Edition: Jacques Flament Editions

 

Le dernier livre de Françoise Lefèvre en hommage à Pauvert et à l’écriture. Celui qui a enjoint Françoise à écrire, en 1972, celui qui la publia à cinq reprises, est au centre du livre, lui qui, quelque temps avant son grand départ, prit connaissance de sept des feuillets qui constituent Retour au royaume. « L’enchantement, c’est peut-être ce qui reste quand on a tout perdu… » (p.58).

« La joie retrouvée… Mais aussi le droit de dériver en toute conscience dans les méandres d’une rivière sans nom, maîtrisant ma barque pour l’amener là, où je veux, et non pas là, où ils voudraient » (pp.119-120). De Pauvert à Jacques Flament, de 1974 (année de parution du premier livre, La Première habitude) à 2021 (année de parution de Retour au royaume), Françoise aura livré dix-sept autres livres. Les lecteurs retiendront peut-être davantage Le Petit prince cannibale, en 1990, ou encore Un Album de silence, en 2008.