Identification

Articles taggés avec: Froissart Patryck

Le coursier de Valenciennes, Clélia Anfray

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 12 Septembre 2012. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Recensions, Roman, Gallimard

Le coursier de Valenciennes, août 2012, 148 p. 14,90 € . Ecrivain(s): Clélia Anfray Edition: Gallimard

 

C’est une histoire originale que cette courte tranche de vie de Simon, juif rescapé des camps nazis, qui, six ans après la guerre, quitte l’Auvergne et traverse une partie de la France pour « monter » à Valenciennes remplir une mission qu’il considère comme sacrée : retrouver la famille de Pierre, un camarade mort en déportation, pour lui remettre un paquet au contenu mystérieux que lui a confié son ami avant d’être envoyé à l’abattoir d’Auschwitz.

Il est accueilli dans une maison bourgeoise de l’Athènes du Nord par Suzanne et par Renée, la belle-sœur et la fille de Pierre, et fait la connaissance, le lendemain, dans un autre quartier valenciennois, du fils de son compagnon de déportation.

L’une des marques fortes de ce roman est l’omniprésence de la ville wallonne, imposée par la grande précision de la description et l’usage systématique de la toponymie réelle pour situer les lieux où se succèdent les événements qui marquent son séjour, à Valenciennes intra muros d’abord puis de Valenciennes à la frontière belge. Tout Valenciennois y sera chez soi et ressentira vivement les sensations qu’éprouve le personnage, y adhérera, s’en amusera, ou s’en offusquera.

Une sainte fille, Franz Bartelt

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 03 Septembre 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Folio (Gallimard), Nouvelles

Une sainte fille, Collection Folio 2€, 93 p. . Ecrivain(s): Franz Bartelt Edition: Folio (Gallimard)

 

Quelle bonne initiative que la publication chez Gallimard de petits ouvrages dans cette série répertoriée « Folio2€ » !

Une sainte fille est le titre d’une des trois nouvelles de ce recueil, extraites de La Mort d’Edgar, œuvre plus conséquente publiée dans la collection Blanche du même éditeur.

Les personnages principaux de ces trois récits ont un trait commun : ils se caractérisent par leur relation avec autrui.

L’une, bien qu’étant, de nature, l’inverse de ce que le monde croit qu’elle est, passe, durant toute sa vie, pour ce qu’elle n’est pas, et subit de ce fait une célébrité aussi universelle que non voulue. C’est là à la fois une illustration terrible de ce que peut avoir pour conséquence la rumeur publique, et une dénonciation pleine de grinçant humour de l’un des travers les plus fondamentaux de notre société : l’hypocrisie collective.

Les bas-fonds du rêve, Juan Carlos Onetti

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 30 Août 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Amérique Latine, Recensions, Nouvelles, Gallimard

Les bas-fonds du rêve, (Tan triste como ella y otros cuentos para una tumba sin nombre), 1981, traduit de l’espagnol uruguayen par Laure Bataillon, Abel Gerschenfeld et Claude Couffon . Ecrivain(s): Juan Carlos Onetti Edition: Gallimard

Qu’est-ce qu’une histoire ?

A quel moment du récit commence « la véritable histoire » ?

Quel est le degré de réalité des faits rapportés ? Quelle est la part d’authenticité des lieux de l’action ? Quelle certitude peut avoir le narrateur par rapport au déroulement et à la place des différents « temps » de la narration ? Que sait l’auteur des protagonistes qu’il met en scène ? Quel est le « vrai roman » dans l’infinie possibilité des variantes dans lesquelles s’égare le narrateur principal, ou dans lesquelles des narrateurs secondaires entraînent le lecteur et le narrateur principal lui-même ?

Voilà une partie des questions que pose, que se pose l’auteur des nouvelles de ce recueil, dont l’écriture est fondée sur l’infinité du champ des possibles narratifs.

Au centre de chaque mensonge, il y avait la femme, chaque histoire était elle…

Treize récits de Juan Carlos Onetti se succèdent dans ce livre sombrement étincelant sous le titre éponyme de la seconde d’entre elles.

Assommons les pauvres ! Shumona Sinha

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 18 Juillet 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, L'Olivier (Seuil), Asie, Recensions, Récits, Roman

Assommons les pauvres !, 2011, 155 pages, 14,20 € . Ecrivain(s): Shumona Sinha Edition: L'Olivier (Seuil)

Ce petit livre rapporte :

 

– qu’au Nord prospèrent des états opulents, arrogants, accapareurs, vivant en paix et vendant des armes, démocratiques et imposant leur système économique au reste du monde

– qu’au Sud, il y a des populations pauvres, humbles, spoliées, prises en étau dans des guerres intestines, subissant une dictature affirmée ou déguisée, conséquemment miséreuses

– qu’entre ces deux mondes, les routes se ferment, les frontières se renforcent, des murs s’érigent

– que du Sud vers le Nord s’écoule, malgré les barrières, un flot incessant d’hommes et de femmes, ici échappés du sous-continent indien,  qui, en échange du peu qu’ils possèdent, mettent leur vie entre les mains de passeurs dénués de tout scrupule dans l’espoir d’arriver dans l’aire où tout paraît aller mieux.

– que ceux d’entre eux qui survivent aux périls de la migration doivent se procurer, à destination, la clé qui leur permettra de sortir de la clandestinité : le statut de demandeur d’asile politique.

Tout cela, nous le savons, plus ou moins.

Grand-père avait un éléphant, Vaikom Muhammad Basheer

Ecrit par Patryck Froissart , le Mercredi, 04 Juillet 2012. , dans La Une Livres, Les Livres, Asie, Recensions, Roman, Zulma

Grand-père avait un éléphant, trad. du malayalam par Dominique Vitalyos, 2005, 136 p. . Ecrivain(s): Vaikom Muhammad Basheer Edition: Zulma

Comment est le monde selon Kounnioupattouma, la fille de la fille chérie d’Anamakkar ?

Kounnioupattouma voit tout en rose, y compris les éléphants, surtout celui de son grand-père.

En effet, lui répète-t-on à longueur de jour, son grand-père avait un éléphant ! Et pas un petit, un maigre, un efflanqué ! Non, le plus grand, le plus fort et le plus beau des éléphants : un mâle gigantesque avec de grandes défenses, qui avait tué pas moins de quatre de ses cornacs, des kafir, évidemment.

Kounnioupattouma, enfant de sucre, ornée des plus précieux bijoux, grandit sur un piédestal, symbole vivant de la réussite sociale de ses parents, au milieu de sa maison, qu’elle ne quitte quasiment jamais, parée dans l’attente du mariage que ses parents arrangeront pour elle avec un jeune homme de son rang et de sa communauté avant d’accomplir leur pèlerinage du Hadj.

Toutes les femmes qui étaient déjà venues l’examiner croulaient sous l’or. Toutes des maîtresses de grandes maisons… Certaines lui avaient ouvert la bouche pour regarder à l’intérieur si elle avait toutes ses dents…

Kounnioupattouma n’avait pas une seule dent gâtée…