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Articles taggés avec: Devaux Patrick

Les Fantômes de Théodore, Martine Rouhart (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 19 Mars 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

Les Fantômes de Théodore, éditions Murmure des soirs, mars 2020, 118 pages, 16 € . Ecrivain(s): Martine Rouhart

 

D’emblée le roman nous propose, et dès les premières pages, une ambiance progressive digne des grands maîtres du suspense.

Dans cette réalité pensée sans cesse en trois dimensions, comme souvent au théâtre ou au cinéma, la géométrie de l’instant arpente un décor construit autour d’une idée principale : Théodore a disparu.

« Ah non, le vide ce n’est pas rien, c’est bien plus vertigineux. Sa parka n’était pas accrochée au porte-manteau. Ses pantoufles, abandonnées sur le paillasson m’ont bêtement serré la gorge ».

La façon de penser les personnages oblitère le temps et l’espace d’une façon originale et inhabituelle dans ce roman conçu comme une sorte de « script-journal » où les protagonistes semblent se regarder jouer leurs propres intrigues, l’auteur agissant depuis l’extérieur en endossant la psychologie de chaque individualité à tour de rôle, ce qui demande une maîtrise absolue dans l’évocation des sensibilités évoquées suivant leur caractère et le contexte.

Quitter Paris, Stéphanie Arc (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 05 Mars 2020. , dans La Une Livres, Rivages, Les Livres, Critiques, Roman

Quitter Paris, Stéphanie Arc, janvier 2020, 96 pages, 13,80 € Edition: Rivages

 

Avec un esprit pratique genre « liste de courses » ou « choses à cocher et à faire », Stéphanie Arc nous emmène à la fois dans l’organisation requise pour vivre dans un espace limité où il est permis de rêver de grandeur, de compagnie animale ou humaine et dans ses souvenirs d’enfance.

La narratrice s’en donne à cœur joie avec un ton d’humour original et particulier qui donne à sa démarche tout son sens : « Je vous l’accorde, il n’est pas simple de réaliser ses rêves, certaines difficultés paraissent insurmontables. Mais il y a une solution ! Vous avez de l’argent de côté ? Il est temps d’investir ! /600.000 euros pour 70 mètres carrés vous paraissent excessifs ? Optez pour la location/ Vous êtes free-lance, aucun propriétaire ne retiendra votre dossier ? Trouvez un contrat à durée indéterminée/ La presse est un secteur en berne ? Incitez votre conjoint(e) à signer un CDI, et installez-vous ensemble/ Vous refusez de vivre à deux dans 40 mètres carrés ? Il va falloir y mettre du vôtre…/ Avez-vous pensé à quitter Paris ? ».

L’inconnue, Intissar Haddiya (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 14 Février 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Maghreb, Roman

L’inconnue, Intissar Haddiya, éditions St Honoré Paris 2019 . Ecrivain(s): Intissar Haddiya

 

Quelle est donc « l’inconnue » d’Intissar annonçant, dès le début de son roman, un veuvage dans une solitude forcée, cette solitude sociale s’accompagnant d’injustice matérielle et consécutive à un décès de l’époux suivant les lois en vigueur dans le pays concerné, son physique atteint parlant pour elle « Son sourire creusa des rides encore plus profondes. Sa peau ressemblait à un sol aride, à l’affût de quelques précieuses gouttelettes d’eau. Quelques années plus tôt, cette pensée aurait été une blessure à son ego de femme accomplie » ?

On frise, pour Layla, héroïne du roman, l’étrangeté annonciatrice, une amie voyante, Yvonne, suscitant l’intrigue d’un « changement de vie ». Ne nous sommes-nous pas déjà, alors, dans le roman, à une intrigue à plusieurs…inconnues ?

L’intrigue va crescendo, avec, pour Layla, la découverte d’un bébé sur le pas de sa porte.

Le souffle du ciel, Sonia Elvireanu (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 16 Décembre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, L'Harmattan

Le souffle du ciel, octobre 2019, 162 pages, 17 € . Ecrivain(s): Sonia Elvireanu Edition: L'Harmattan

 

Rencontre avec l’être aimé au-delà de toute apparence : voilà le ressenti premier à la lecture de ces poèmes qui élargissent l’état de grâce du projet, la motivation universalisant le propos. Les éléments naturels sont raccourcis dans leur état de manière à susciter chez le lecteur une sorte de choc des atomes perturbés dans leurs créations permanentes mêlant ciel, terreau nourricier et dialogue, tel : « Ouvre, ma bien aimée, le jour est en train de mourir, je suis venu te caresser ».

L’aspiration vers le haut s’arrête cependant en relais de vie entre la lumière et les feuilles des grands arbres complices, avec en écho « cette (ta) voix pour caresser les (mes) jours et retarder la nuit ».

La cohésion du ciel et de la terre ayant prise dans la réalité par neige pure interposée dans le silencieux gel des âmes, Sonia sait que « les choses de la vie ne sont pas des miracles », faisant de sa croyance une foi qui globalise bien une certaine ferveur tout humaine, avec « le baiser : (la) myrrhe et l’encens à l’aube ».

Dans l’arc d’un regard de caryatide, Carmen Pennarun (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 12 Décembre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Dans l’arc d’un regard de caryatide, Carmen Pennarun, éditions L’amuse Loutre, poésie, juillet 2019, 152 pages, 18 €

 

Les textes, les poèmes dégagent, de concert avec les photos personnelles de l’auteur, une sensualité sérieuse captant le geste, l’émotion, le regard. Carmen, dédicaçant son œuvre à Francesca Woodman, rend cette dernière non seulement vivante mais présente : « Plus loin/ la vie/ s’est rêvée Poésie/…/ Sa vérité de parole/ est l’âme jumelle/ de la photo développée/ Sincères dans l’œuvre/ de papier, toutes deux/ se dévoilent pour mieux/ s’effacer/ Elles dépouillent l’âme/ et labourent l’esprit/ de sillons de lumières/ Un marquage/ par flashs terrestres ».

La recherche de spontanéité artistique parcourt ces textes où les mots se font évanescence et sensualité.

« Elle aurait voulu monter son indifférence/ en volutes de ramages sensuels/ et courir et rire habillée de vieilles fripes/ bohémiennes/ Retrouver le sauvage/ d’une nature qui était sienne/ Elle aurait aimé/ prendre en photos les reflets/ autres que son propre visage/ et lire sur l’objectif l’expression/ au-delà de l’absence d’un sourire » : cet extrait se sert d’un conditionnel insistant pour suggérer l’inabouti, une sorte de défaillance positive car elle motive la continuité.