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Très doucement, Jacques Sojcher (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 26 Novembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Très doucement, éditions Au coin de la rue de l’Enfer, avec cd enregistrement de Monique Dorsel, 2015 . Ecrivain(s): Jacques Sojcher

 

Ce besoin de douceur que chacun a en nous renvoie à l’origine de ce que devrait être l’Humanité, ce que tente d’initier le poète écrivant « quelques mots sur un carnet pour ne rien perdre de la perte ».

Kaléidoscope de la vie courante d’amour entre les gestes les plus quotidiens observés de manière à les laisser découvrir. Beaucoup de mots mêlés autant que « l’immense, l’immense manque ». Etrange quête à chercher entre les phrases l’instant salvateur du souvenir d’enfance : « histoire perdue, dont il ne reste que la mémoire floue ».

Poésie de situation, presque de scénario cinématographique de manière à susciter l’émotion à travers l’instant qui évoquerait le moment idéal. Quelque chose de la « madeleine de Proust » avec la religion pour témoin, ce qui sacralise l’évènement musicalisé d’anges enchanteurs, même si derrière l’ange se cache la femme idéale, recherchée, unique avec le risque trop imagé de transcender une sorte de maternité perpétuelle :

Maldonnes, Virginie Vanos (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 21 Novembre 2018. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Maldonnes, Virginie Vanos, Edilivre, janvier 2018, 146 pages, 13,50 €

 

L’ambiance et les rencontres dans une modeste épicerie de quartier ont tout de charmant si ce n’est que le quotidien, transcendé d’apparences diverses, n’en anime pas moins les esprits suscitant la passion comme l’inspire ce dialogue (c’est le frère de l’héroïne qui parle) : « Je te l’accorde bien volontiers, mais sans rire, on dirait que tu es folle de cette cliente. Si je ne te connaissais pas aussi bien, je dirais que tu as viré de bord et que tu es follement amoureuse ».

Entre égérie, monde à paillettes et l’épicerie du coin sans compter sur les différents caractères entre personnes, il y a un tel monde de différences que la gêne aux entournures, malgré la passion, reste palpable, allant crescendo.

Le monde des apparences, plus qu’insinué dans les dialogues, en prend un coup : « J’en ai ras le bol de ce maudit parfum, juste bon à pomponner les rombières à la bichon maltais. Vous savez le temps que ça a pris pour concevoir cette image ? Je ne parle pas de la préproduction, dont j’ignore tout ».

Gardiens de lumière, Monique W. Labidoire (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 25 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Gardiens de lumière, éd. Alcyone, février 2017, Encre de Silvaine Arabo, 77 pages, 19 € . Ecrivain(s): Monique W. Labidoire

 

Alternant le jour et la nuit, l’ingestion de la nature et de subtiles évocations historiques, Monique distribue les rôles mêlant le recto du jour au verso de la nuit, la démarche se confondant en quelque chose d’encore différent : « L’entrée en finitude agresse les joies du jour, sa lumière, ses orages, ses nuages blancs et seule la nuit constellée d’étoiles réanime le frémissement ».

Du tableau d’origine émane peu à peu l’idée morale du jour et de ce que ne devrait pas être la nuit : « Et dit le poète : c’est à l’aube qu’on guillotine et qu’on mitraille comme si la nuit rejetait toute culpabilité d’actes barbares ». Le jour et la nuit se font complices, « riant sous cape de nos étonnements ».

On dit que la nuit tombe et que le jour se lève. Ne fait-on pas déjà de cette façon de la nuit une chute, un couperet ?

Verveine et Venin, Annie Perec Moser (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Jeudi, 11 Octobre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Verveine et Venin, éditions Le Coudrier, juin 2018, 71 pages, 18 € . Ecrivain(s): Annie Perec Moser

 

Annie transcende le désir de la chose à portée de main en lui offrant des confrontations d’idées sublimes dans les images ; ainsi l’orange convoitée est mise en parallèle avec le soleil : « Oui, toutes les pensées de la petite malade se résumaient à ce désir d’orange, sève de vie, acidulée, bienfaisante, qui devrait l’éloigner de loin, très loin du soleil cognant et meurtrissant sa chair ».

En effet, l’auteur se sert de l’exotisme des mots pour « parer de volupté » le décor du voyage ressenti plutôt que de se contenter du voyage « organisé ».

Fausse ingénue de la réalité, ses messages sont ainsi encore plus forts.

Etonnante par son approche de la poésie « à la Prévert » dans le ton, l’auteur effleure les grands classiques de la force d’un Apollinaire :

Ce long sillage du cœur, Philippe Leuckx (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 17 Septembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Ce long sillage du cœur, éd. La Tête à l’envers, avril 2018, 90 pages, 15 € . Ecrivain(s): Philippe Leuckx

 

Avec un certain décalage horaire du cœur (« Vous alliez à l’ombre Quand je désirais la lumière ») et son sens de l’observation codant les idées sous-jacentes (« Je m’égarais alors A lire entre les fils De clôture Les taches De vaches pie »), inversant l’idée de manière à donner du tonus à une image pouvant suggérer une forme d’écriture – je songe à celle de Dotremont –, Philippe Leuckx laisse surgir des mots une sorte d’animalité sauvage imprévisible et naturelle semblant inverser les rôles dans le temps, à rebours d’enfance car « chaque poème rend pèlerin de soi ».

Avec ses Murs de pierres grises comme semées par le Petit Poucet de son devenir, Philippe arpente son « long sillage du cœur » avec une tendresse menant le lecteur attentif à la « langue douce de l’errance ».

Les textes plus longs alternent parfois avec une seule idée reprise à la page suivante donnant au livre cette impression de dénivelé suggérant la progressivité de la démarche accentuant encore la rumeur d’écrire.