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Articles taggés avec: Devaux Patrick

Lumière, doucement, Marian Draghici (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 01 Février 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Pays de l'Est, L'Harmattan

Lumière, doucement, avril 2018, trad. roumain, Sonia Elvireanu, 114 pages, 13,50 € . Ecrivain(s): Marian Draghici Edition: L'Harmattan

 

La mer, la lumière et puis la présence obsédante qui s’avance sur la pointe des douleurs :

« doucement, viens à moi mot à mot » avec aussi le poids d’une plume passant par « un hibou de dix tonnes » pour faire apparaître, dans cette sorte de rêve, la « chose », la douleur transcendant l’image de souvenirs doux rêvés en cauchemars colorés à l’instar d’un film terrifiant puisque « elle souriait à la fenêtre/ après qu’on lui avait arraché/ mains/ cœur/ cheveux ».

Le souvenir se fait terre, os, cheveux, autant d’images suggérant une sorte d’éclatement de la stupéfaction. Comme une idée se serait jetée contre un mur le souvenir la tête la première. Avec une dislocation à partir de soi éclaboussée sur les éléments tout autour, le texte est pressenti, page après page, de titres improbables annonçant le chaos. J’ai songé à des tableaux de Bosch où toute l’humanité s’éclate en diverses attitudes quotidiennes exacerbées dans une imagination prolifique.

Le silence d’entre les neiges, Sonia Elvireanu (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Vendredi, 25 Janvier 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Pays de l'Est, L'Harmattan

Le silence d’entre les neiges, avril 2018, 132 pages, 14,50 € . Ecrivain(s): Sonia Elvireanu Edition: L'Harmattan

 

« J’ai crié ton nom, tu n’étais nulle part » : c’est presque ainsi que commence cet écho vibratoire de l’amour perdu. On sait ce choc immense sans mesure, et pourtant la poète va lui offrir un contexte renaissant à l’éveil, à la recherche d’une lumière blanche, celle qui aveugle tellement qu’elle repousse le cri, le laissant dans la gorge du temps positionné en images figées pour l’éternité.

La pure neige servira d’encensoir à la page blanche des mots. Le nom du disparu se fera chaque pas dans la neige, « traces grandissantes » de ces silhouettes qui ressemblent à des fantômes à souvenirs.

« Il nous reste le silence » dit Sonia. Un silence qui fond sur la page comme un flocon disparaît sur une surface chaude, y laissant la tache d’eau espérant l’éclat d’une autre vie possible ou ailleurs.

Comment ne pas songer à cette phrase d’Yves Montand après la disparition de Simone Signoret : « On ne refait pas sa vie, on la continue » ? Le bagage, ici, est silencieux. Il n’en est pas moins lourd pour autant avec des « souvenirs qui arrachent, brûlent, dévorent dans la solitude ».

Lui dit-elle Pour un absent, Anne Perrin (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mardi, 15 Janvier 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Z4 éditions

Lui dit-elle Pour un absent, novembre 2018, 112 pages, 12 € . Ecrivain(s): Anne Perrin Edition: Z4 éditions

 

Rare d’avoir deux écritures dans un même livre de poèmes. Anne se démultiplie d’écritures pour faire vivre, de façon très scénique, deux personnes qui se sont aimées aux antipodes de ce qu’il y a moyen d’être. Double écriture mettant littéralement en scène, voire en scénario, deux vies qui semblent vivre à la fois ailleurs (psychologiquement) et dans la même habitation (physiquement), l’une dans la pénombre avec une lumière filtrante (Elle) et Lui dans un noir terrible qu’il a lui-même initié :

« LUI

Dans cette chambre mansardée, ça pue la mort ».

ELLE

… je brode et je brocarde ton nom

dans les serrures

scellées

L’écriVeine ou comment le virtuel s’allia à la poésie, Véronique Roppe (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mardi, 08 Janvier 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

L’écriVeine ou comment le virtuel s’allia à la poésie, éditions du Rapois, 2018 . Ecrivain(s): Véronique Roppe

 

Deux personnes s’échangent des mots, des phrases, des idées via les réseaux sociaux. La rencontre, forcément fortuite, se précise crescendo suivant les idées qu’ils se font l’un de l’autre, chacun accentuant ses positions en fonction du portrait qu’il/qu’elle s’en fait par claviers interposés :

« H : Toujours en forme ?

V : Oui, j’ai craint un instant d’avoir fait fuir le poète-papillon ».

La réserve de l’un n’a d’égale que la passion progressive et dévorante de l’autre :

« V : J’ai fait le premier pas, je crois, et même les cent suivants. Je ne vous ai pas fait signe tout bas, ce n’est pas dans ma nature, hélas. Je suis en attente de vous, de vos sages réponses à mes mails enflammés. Il est un aspect de ma personnalité que vous devez connaître : j’ai besoin d’aimer, d’être aimée, et ce, dans chaque aspect de l’Amour… ».

De soufre et de miel, Silvana Minchella (par Patrick Devaux)

Ecrit par Patrick Devaux , le Mardi, 11 Décembre 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

De soufre et de miel, éditions Chloé des Lys, poèmes, 2018, 48 pages . Ecrivain(s): Silvana Minchella

 

D’emblée, l’auteur annonce la couleur ; point d’évocation idyllique de l’amour, mais s’agissant plutôt de « flammes vacillantes Au creux des mains D’âmes Eteignoirs D’âmes Leurres ».

Les ressentis sont puissants dans le jeu Lui/Ellealternant la sensation de l’approche initiale pour se complaire dans l’acte commun. L’unicité du cœur et du sexe de l’une n’a d’égal qu’une sorte d’abdication de l’autre, les approches sexuelles et affectives étant différentes. Le court texte, actif, disposé en longueur, ajoute à l’agissement.

Quelque chose de la biche aux abois du côté femelle vacillante sur ses phéromones alors que la position mâle semble avoir trouvé sa proie : « Qu’importe La forme que Tu as choisie Ta vibration T’a trahie ». La stupeur de l’évènement d’amour ajoute à l’attente tant espérée puis « dans les yeux S’ouvre Une porte Dimensionnelle Et nos âmes Sont espérées Dans un monde Parallèle ».

La fusion des corps n’a d’égale que celle des esprits qui l’organisent. Le désir va crescendo.