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La Solitude des étoiles, Martine Rouhart

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 19 Mars 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

La Solitude des étoiles, Editions Murmure des soirs, octobre 2017, 219 pages, 19 € . Ecrivain(s): Martine Rouhart

 

La première chose qui vient à l’esprit en lisant ce roman, ce n’est pas ce qu’il raconte mais le ton très « humain » qui ramène au quotidien, à la réflexion sur soi, sur autrui : « Je me demande comment j’ai pu fabriquer une fille pareille, plus fermée qu’une huître. Pas facile d’élever un enfant, d’en faire quelqu’un qui sera heureux ».

Tout en racontant ses personnages, il y a parallèlement, chez la romancière, une sorte de permanent discours intérieur qui est davantage de la réflexion que de l’introspection, une sorte de réflexion intérieure qui traverse le quotidien en effleurant la philosophie globale : « lorsqu’on est au fond du trou, il est difficile d’en sortir si l’on n’a pas de véritable raison de le faire ».

La solitude des êtres confrontée à celle des étoiles très éloignées entre elles motive le choix personnel : « Je me demande ce qui nous empêche de rester nous-mêmes, on se sentirait déjà moins seul ».

Dans le lit d’un rêve, Jasna Samic

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 05 Février 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Dans le lit d’un rêve, M.E.O. éditions, février 2017, 224 pages, 17 € . Ecrivain(s): Jasna Samic

 

Vie et mort entremêlées comme une chaîne qui rouille et cèdera à on ne sait quel endroit pour ouvrir le maillon de l’Eternité, Dans le lit d’un rêve mène Jasna à travers ce brouillard à fantômes qu’on appelle Vie malgré l’affleurement du cauchemar : « La vie n’est que Ténèbres qui miroitent Par les corps éteints Des étoiles mortes ».

« Sarajevo », ce mot au nom de ville qui sonne comme tout ce qui devrait faire le souci d’une vraie Humanité, a laissé chez cet auteur qui écrit aussi en serbo-croate des traces indélébiles qui, en quelque sorte, « visionnent » la tragédie à travers le film de sa vie : « Heureux de nous revoir, nous sommes allés dans un café Tout près des sculptures de fœtus Alignés comme des soldats Collés à la poitrine De leur mère en plastique ».

La mort en berne, Denis Emorine

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 29 Janvier 2018. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman

La mort en berne, 5 Sens éditions, mars 2017, 133 pages, 12,60 € . Ecrivain(s): Denis Emorine

 

La mort a droit de vie sur nous et ferait, sans doute, l’objet d’une belle élocution. Cette conscience omniprésente de la mort augmente l’adrénaline de vie de ce roman largement autobiographique. Elle devient caresse dans la chevelure de l’aimée. Dominique Valarcher, le héros de cette narration en recherche d’affection motivée par une sorte d’exil à la « Stefan Zweig », rappelle, à bien des égards, « Louis », le personnage principal du grand romancier dans sa nouvelle Le Voyage dans le passé, avec ce sens aigu de l’exclusivité amoureuse et, quelque part, une certaine dose d’autosatisfaction admirative un peu narcissique :

« Ce soir-là, en quittant cette jeune fille qui le fascinait, Dominique s’était seulement fait cette réflexion : Je crois qu’elle m’aime puisqu’elle aime ce que j’écris. La mort en berne, l’étudiant avait marché longtemps dans les rues de la ville qu’il identifiait à son amour ».

Fertilité de l’abîme, Denis Emorine

Ecrit par Patrick Devaux , le Lundi, 11 Décembre 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Unicité

Fertilité de l’abîme, 2017, poèmes, 100 pages, 14 € . Ecrivain(s): Denis Emorine Edition: Unicité

 

Parler d’actualité en évoquant, par la même occasion, le passé (notamment en se servant de références historiques), voilà une partie de tout l’art de cet étonnant recueil d’un écrivain confirmé dans presque tous les genres.

L’auteur se sert de sensations universelles mais qui pourraient tout autant être très intimes, personnelles : « Je voudrais garder ta voix Tout contre moi A jamais Pour me réchauffer ».

Ce mélange de passé-présent a quelque chose de chimique, un peu comme on parle de la loi de Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée », avec toujours l’Amour en « embuscade » : « Je ne sais quoi dire Pour empêcher la nuit de tomber entre nous ».

Les images fortes transcendent une réalité qui ressemble à du rêve ou… au cauchemar… : « Le sang recouvre le monde Je ne distingue plus rien La glycine est morte ».

Quelque chose d’Apollinaire et des Lettres à Lou dans les mots de ce poète.