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Articles taggés avec: Banderier Gilles

Rothko, peintre mystique (Ressemblances et analogies), Ghislain Chaufour (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 03 Décembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts

Rothko, peintre mystique (Ressemblances et analogies), Ghislain Chaufour, Les Provinciales, 2023, 62 pages, 12 €

 

À qui s’étonnerait ou s’indignerait de trouver sur un site comme La Cause littéraire le compte rendu d’un ouvrage consacré à un peintre, il serait facile de répondre que Diderot et Baudelaire, pour ne citer qu’eux, ont de longue date donné ses lettres de noblesse à la critique d’art, fut-ce en parlant d’artistes dont le nom ne survit que grâce à des écrivains.

On a dit de Mark Rothko (1903-1970) qu’il voulait rendre visible la shekina, la présence de Dieu qui se tenait dans le Saint des Saints du Temple. Rothko avait d’ailleurs été surnommé « le peintre-rabbin ». Cependant, il en va de lui comme de la plupart des peintres contemporains : des doutes sont permis quant à l’importance de son « coefficient personnel ».

La Tempête (The Tempest), William Shakespeare (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mercredi, 27 Novembre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Théâtre, Les Belles Lettres

La Tempête (The Tempest), William Shakespeare, Les Belles-Lettres, 2023, nouvelle trad. Éric Sarner, édition bilingue de Florient Azoulay, Yan Brailowsky, 268 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): William Shakespeare Edition: Les Belles Lettres

« Quoi de neuf ? – Shakespeare ! ». Derrière la formule facile pour journaliste en manque d’inspiration se cache une réalité profonde : la capacité de Shakespeare à s’adresser aux lecteurs de tous les pays et toutes les époques : Shakespeare for All Time, suivant le titre du beau livre de Stanley Wells, même s’il faut admettre qu’une partie de son théâtre (les pièces historiques) demeure peu lue hors d’Angleterre et même si, inexorablement, le temps fait son œuvre et éloigne la « culture » des Modernes de celle que déployait le dramaturge dans ses œuvres (on y reviendra).

Autant qu’on puisse le savoir avec certitude, La Tempête est probablement la dernière pièce qu’il écrivit seul, vers 1610-1611, avant son énigmatique retrait à Stratford. De manière curieuse, cette ultime pièce qui ne ressemble à aucune autre ouvre l’édition in-folio de son théâtre, publiée en 1623. De nombreuses théories, allant de la reconstruction à peu près vraisemblable au délire intégral, ont prétendu résoudre le « mystère » Shakespeare, si mystère il y a. Comme toute œuvre baroque, et au fond peut-être comme toute œuvre littéraire, La Tempête est à la fois la somme de plusieurs sources livresques et un ensemble qui dépasse cette somme :

Verba et sententiae, Utopie et réception des philosophes des Lumières, Recueil d’articles, Raymond Trousson (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 14 Octobre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Editions Honoré Champion

Verba et sententiae, Utopie et réception des philosophes des Lumières, Recueil d’articles, Raymond Trousson, éditions Honoré-Champion, avril 2024, 542 pages, 90 € Edition: Editions Honoré Champion

 

Connu du grand public pour ses biographies de Voltaire, de Rousseau et de Diderot, Raymond Trousson (1936-2013) fut surtout un érudit de haute lice, explorateur et arpenteur de terrae incognitae. Professeur à l’Université libre de Bruxelles (l’épithète, étrange pour un Français, signifie que l’institution n’a pas d’ancrage confessionnel), il fut à la fois comparatiste (ses premiers ouvrages publiés portaient sur Le Thème de Prométhée dans la littérature européenne et Un Problème de littérature comparée : les études de thèmes), spécialiste des lettres wallonnes (Charles De Coster, Maeterlinck, Ghelderode, …) et il inscrivit son existence dans la lignée des grands savants belges (Jean-François Gilmont, Roland Mortier, Jozef IJsewijn, …). Son œuvre polyphonique – la bibliographie de ses publications occupe vingt-six pages du présent ouvrage : trente-cinq livres, des éditions critiques, des préfaces, des articles – remplirait plusieurs volumes de la Pléiade.

Spinoza Code, Mériam Korichi (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Mardi, 08 Octobre 2024. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

Spinoza Code, Mériam Korichi, Grasset, mars 2024, 240 pages, 19,50 € Edition: Grasset

 

À l’article « Code », le dictionnaire de Littré renvoie à l’ensemble des recueils de lois portant les noms d’empereurs romains (Théodose, Justinien) et, pour l’étymologie, au latin codex, « proprement tablette à écrire ». C’est plus ou moins ce dont il s’agit et, consciemment ou non, Mériam Korichi prend le contre-pied de toutes les histoires de manuscrits retrouvés dans les endroits les plus improbables, qui peuplent le genre romanesque (on pense ainsi au Nom de la Rose). Commençons par dire ce que ce livre n’est pas : le Spinoza Code n’a rien à voir avec le Da Vinci Code et les élucubrations afférentes, parce que le codex, le volume manuscrit en question existe bel et bien à la bibliothèque du Vatican (dont le catalogue, subdivisé en une multitude de fondi, est notoirement d’une complexité inégalée) : il s’agit du manuscrit Vat. Lat. 12838 (désormais numérisé et consultable en ligne), un manuscrit assez modeste et oublié pendant des siècles, qui présente la particularité d’avoir été copié, non sur les Opera posthuma de Spinoza parues en 1677, mais sur le manuscrit original (qui fut probablement détruit par l’imprimeur une fois son travail achevé, suivant la pratique courante de l’époque, aussi choquante nous paraisse-t-elle).

Varlam, Michaël Prazan (par Gilles Banderier)

Ecrit par Gilles Banderier , le Lundi, 30 Septembre 2024. , dans La Une Livres, Rivages, Les Livres, Critiques, Roman

Varlam, Michaël Prazan, Payot & Rivages, mai 2024, 270 pages, 9 € Edition: Rivages

 

Michaël Prazan est un écrivain et un cinéaste d’un type particulier, puisque la matière de son travail n’est pas la fiction, mais la réalité, en particulier historique. Il est un documentariste de premier plan, ayant à son actif des films impressionnants de qualité, d’information et de maîtrise sur, par exemple, le procès Eichmann ou les Einsatzgruppen, les unités mobiles d’extermination qui accompagnaient l’armée allemande. Il suffit de considérer sa bibliographie et sa filmographie pour constater que Michaël Prazan est hanté par ce phénomène caractéristique du XXe siècle que sont les totalitarismes de droite, de gauche et d’en haut (l’islamisme).

Un ouvrage intitulé Varlam évoque immédiatement au lecteur le seul personnage fameux à avoir porté ce prénom, l’écrivain Varlam Chalamov, dont Prazan a suivi les traces dans l’Extrême-Orient de l’immense Russie.