Identification

Articles taggés avec: Abraham Patrick

Le Témoin, Kamala Das (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 04 Décembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Asie, Poésie, Syros

Kamala Das, Le Témoin, traduction française du malayalam par Dominique Vitalyos, éditions Syros Jeunesse, 2002, 89 pages (dossier pédagogique inclus), 7,50 euros Edition: Syros

 

Kamala Das (1934-2009), fille de Balamani Amma (1909-2004), poétesse célèbre elle-même, est une voix majeure de la littérature indienne contemporaine, connue également sous les noms de Madhavikutty puis de Kamala Surayya après sa conversion à l’islam en 1999. Elle a utilisé aussi bien l’anglais que le malayalam, la langue de l’État du Kerala, dans le sud-ouest de l’Inde, dont elle était originaire.

Le Témoin (Driksaakshi) est une nouvelle écrite en malayalam et publiée en 1973, traduite par Dominique Vitalyos et parue chez Syros Jeunesse en 2002 grâce à Éric Auzoux, mais qui n’est pas réservée à un jeune public. Une première édition française hors-commerce avait été proposée par l’association « Petits Moyens » dans sa collection Intimes étrangères en octobre 1999, imprimée à Auroville Press près de Pondichéry et illustrée avec une photographie de Françoise Nunez.

Le Grand Rafraîchissement, Benoît Duteurtre (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 06 Novembre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

Le Grand Rafraîchissement, Benoît Duteurtre, Gallimard, 2024, 215 pages, 20 euros. Edition: Gallimard

 

On ne lira pas, hélas ! Le Grand Rafraîchissement de Benoît Duteurtre comme on lisait n’importe quel autre livre de Benoît Duteurtre, et pour une raison imparable : Benoît Duteurtre est mort en juillet 2024 ; il s’agit donc, sauf inédits posthumes, d’un ouvrage ultime, paru en janvier de la même année.

Il ne faut cependant pas exagérer cette circonstance et voir à toute force dans Le Grand Rafraîchissement, qui complète une œuvre déjà importante mais ne prétend pas la parachever, un exercice testamentaire. Benoît Duteurtre n’avait pas prévu de mourir si soudainement, à soixante-quatre ans, des suites d’un malaise cardiaque, alors qu’il séjournait avec son compagnon au Valtin, dans les montagnes vosgiennes, où il possédait une maison et où il a été inhumé. Il n’avait pas l’intention de nous transmettre une vérité définitive. Il ne s’adresse pas à nous d’outre-tombe.

Venise : trois ouvrages littéraires (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 10 Octobre 2025. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

 

Un rêve fait à Venise

Dans le chapitre V et dernier de La Mort à Venise, le personnage principal, Gustav von Aschenbach, tandis que le choléra s’étend dangereusement sur la ville, masqué par les autorités pour ne pas compromettre le tourisme, et que son amour interdit, destructeur et lumineux à la fois pour l’adolescent polonais Tadzio (qu’on ne peut imaginer aujourd’hui, hélas, après le film de Visconti, que sous les traits de Björn Andrésen…) le conduit par-delà les limites de la décence bourgeoise, par-delà le bien et le mal donc, fait « un rêve épouvantable ». Il entend « un tumulte, un fracas, des bruits de chaînes » qu’accentuent bientôt « des cris aigus de jubilation » et des « chants de flûte » dans lesquels il reconnaît la manifestation du « dieu étranger », c’est-à-dire de Dionysos, d’origine indienne comme j’y reviendrai.

Archibald Ney, La vérité vingt-quatre fois (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 03 Octobre 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Archibald Ney, La vérité vingt-quatre fois, éditions du Vol à voile, avril 2025, 171 pages, 18 euros.

Sur La vérité vingt-quatre fois d’Archibald Ney

 

L’essai et premier livre d’Archibald Ney, La vérité vingt-quatre fois, dont le titre renvoie, en la détournant, à une phrase fameuse de Godard placée en épigraphe (« La photographie, c’est la vérité, et le cinéma, c’est vingt-quatre fois la vérité par seconde »), repose sur un principe simple et stimulant : choisir vingt-quatre scènes marquantes tirées de vingt-quatre films et expliquer en quoi elles ont été importantes pour l’auteur, en quoi elles ont changé sa vie ou du moins l’ont embellie et revivifiée.

Archibald Ney ne prend pas ici la pose d’un cinéphile professionnel et c’est tant mieux si l’on pense avec Gilles Deleuze que les philosophes et les écrivains sont les mieux qualifiés pour parler des films qu’ils ont aimés (mais Archibald Ney est bien un cinéphile puisqu’il cherche à nous transmettre une succession d’engouements) et en dire ce qu’un spécialiste, justement, avec son jargon, n’aurait pas dit.

Entracte, Deepankar Khiwani (Par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Vendredi, 13 Juin 2025. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Asie, Poésie

Entracte, Deepankar Khiwani, traduit de l’anglais (Inde) Nina Cabanau, bilingue, éditions Banyan, février 2025, 128 p. 19 €

« J’ai mis du temps à comprendre que cette douleur était la mienne » : sur Entr’acte de Deepankar Khiwani

Entr’acte (titre original) est le seul recueil publié de son vivant, en 2006, par le poète indien anglophone Deepankar Khiwani, né en 1971 à Delhi et mort prématurément en 2020. Les éditions Banyan nous en proposent une traduction française par Nina Cabanau, agréable et suggestive. Une riche introduction par Anand Thakore, ami de l’auteur et poète lui aussi, permet de situer Khiwani sur un plan biographique et littéraire.

Le mot « recueil », dans son acception courante, ne convient pas tout à fait à ce livre (à ce beau livre au sens mallarméen du mot) : en effet, si les poèmes choisis couvrent une dizaine d’années (1995-2005), l’ouvrage, concerté, est construit avec rigueur avec un « Premier acte » ouvert par un « Prologue » et comportant sept sections, chacune étant introduite par un vers tiré de ce « Prologue » (p. 2-109), et un « Deuxième acte » beaucoup plus court constitué d’un unique poème en quatre séquences (« Une étape à Shiroshi ») et aboutissant à un « Épilogue » (p. 110-123).