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Récits

La sagesse de la mer Du cap Colère au bout du monde, Björn Larsson

Ecrit par Marc Ossorguine , le Samedi, 24 Septembre 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Pays nordiques, Le Livre de Poche, Voyages

La sagesse de la mer Du cap Colère au bout du monde (Från Vredens kap till jordens Ände, 2000), (Grasset, 2002) trad. suédois Philippe Bouquet . Ecrivain(s): Björn Larsson Edition: Le Livre de Poche

 

Des « bouts » de rêve

Marin autant qu’écrivain, et peut-être plus marin, Björn Larsson nous offre dans ce livre de bord le fruit de ses expériences en mer, sans recherche d’exotisme si ce n’est celle de l’authenticité humaine. Sans doute n’y-a-t-il d’ailleurs pas de raison valable d’opposer ici écrivain et marin, non par ce qu’ils sont la même personne, mais parce que ce que la page et la mer mettent en jeu semblent ici de même nature. Dans son Long John Silver, l’auteur faisait l’éloge de la navigation à l’estime, en mer autant que dans la vie ou son récit, et l’on retrouve dans cette écriture-navigation le même goût de la curiosité et de l’humilité, la pleine conscience de l’incertitude de celui qui ne sait où il va car il sait ce qu’il cherche, même si cela reste plein d’inconnu et de surprise. Les manuels et cartes nautiques qu’il faut savoir lire et relire, sans toujours s’y fier, connaissent même leur équivalent littéraire avec l’œuvre d’un autre écrivain suédois bien méconnu chez nous (en dépit d’un prix Nobel partagé en 1974), Harry Martinson, qui accompagne ces aventures maritimes et contribue à leur donner tout leur sens.

Une vie en mouvement, Misty Copeland

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 17 Septembre 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Christian Bourgois

Une vie en mouvement, mai 2016, 338 pages, 18 € . Ecrivain(s): Misty Copeland Edition: Christian Bourgois

 

Une vie en mouvement raconte la réussite prodigieuse de Misty Copeland, première danseuse étoile, qui tout en intégrant tardivement, à l’âge de treize ans, un petit studio de danse classique, va se révéler être un véritable prodige, d’autant plus extraordinaire qu’elle est la première jeune fille Afro-américaine à être admise à l’American Ballet Théâtre. « Le ballet fut longtemps le domaine des Blancs et des riches » dira-t-elle.

C’est au prix d’un travail acharné, en plus d’un talent indéniable et d’une réelle vocation, travaillant sans relâche sa technique, menant en parallèle une vie familiale compliquée, qu’elle deviendra par exemple la première femme noire dans le rôle emblématique du ballet de Stravinsky, où elle sera l’Oiseau de feu.

Issue d’une famille très modeste dont la mère « belle comme Mariah Carey » collectionne les amants, déménageant sans cesse, elle vit au milieu d’une fratrie nombreuse mais toujours joyeuse. Malgré la pauvreté des moyens, la joie, les cris et les rires emplissaient sa vie avant qu’on ne la révèle.

Paris par cœur, Ludovic Janvier

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 10 Septembre 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Fayard

Paris par cœur, mars 2016, 352 pages, 19 € . Ecrivain(s): Ludovic Janvier Edition: Fayard

 

Dix-neuf livres publiés de 1964 à 2016 : le parcours du romancier, essayiste et poète Ludovic Janvier l’aura conduit à écrire sur Beckett (deux essais), à nourrir nombre de poèmes pour des livres parus chez Seghers, Gallimard, à évoquer aussi son amour d’autres auteurs comme il le fit pour présenter Pavese et son Bel été (comment oublier ses phrases en 4e de couverture du volume de la collection L’Imaginaire : « L’art de Pavese est de travailler une matière tout en éclats, les éclats douloureux de l’unité mythique à jamais perdue » ?).

Son ultime livre est un hommage à Paris, tout en éclats aussi. Oui, dernier livre de son auteur, puisqu’il nous a quittés, en ce 18 janvier 2016. Paris par cœur ou 273 manières de l’aborder, selon l’abécédaire classique. Mais rien de moins classique, ici, dans les évocations, ni dans les quelques enluminures qui s’insèrent dans la trame de l’ouvrage : citations de poèmes et/ou de chansons chéris par l’auteur (Piaf, Souchon, Fargue, Apollinaire, Carco etc.)

Les forêts de Ravel, Michel Bernard

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Mercredi, 07 Septembre 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, La Table Ronde

Les forêts de Ravel, janvier 2015, 176 pages, 16 € . Ecrivain(s): Michel Bernard Edition: La Table Ronde

 

Ravel, petit homme élégant et racé, a désespéré longtemps de ne pouvoir servir la France sur le front de ses guerres quand, finalement au printemps 1916, il parvient à se faire engager volontaire dans les artilleurs où il sera conducteur d’ambulance de l’armée française. Il a quarante-et-un ans.

C’est dans une prose élégante et fine que Michel Bernard retrace ce parcours des deux années de la vie du « grand » homme et musicien que l’on connaît.

« Il partit un matin d’avril 1916, au volant de sa camionnette, le casque sur la tête et le masque à gaz à portée de main, sur la route nationale de Bar-le-Duc et Verdun ».

On suit les routes et les chemins, les lieux traversés, les hommes croisés avec un Ravel non pas fasciné mais curieux de cette guerre, de ses trajectoires, courageux sans nul doute, généreux au-delà de tout avec ceux qui vont au combat, humaniste et, patient « comme un militaire », ne s’économisant jamais. Se sentir utile, il en avait besoin, en conduisant ces hommes broyés par la canonnade, lui pourtant déjà musicien célèbre.

Ils étaient un seul homme, Daniel James Brown

Ecrit par Jean Durry , le Jeudi, 25 Août 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Histoire

Ils étaient un seul homme, traduit de l’américain par Grégory Martin La Librairie Vuibert, 463 pages, 21,90 € . Ecrivain(s): Daniel James Brown

 

La vie et le destin d’un homme. L’essence et le sens du sport. La trame de l’histoire. Un grand livre. C’est pourquoi le « Bulletin Critique du Livre » en français n’ayant lié en quelque sorte sa pérennité à La Cause Littéraire qu’en ce début de 2016, j’ai néanmoins tenu à ce qu’y prenne toute sa place le roman de D. J. Brown, The Boys in the Boat, paru chez Viking à New-York en 2013, et heureusement publié en français en avril 2014.

« Il faisait gris à Seattle (tout « en haut » de la côte Ouest des Etats-Unis, à proximité immédiate du Canada) ce lundi 9 octobre 1933 ». Mais on pourrait aussi partir du mois de mars 1914, naissance de Joe Rantz, partir de son enfance et de son adolescence si proches de la nature, durement marquées par la mort prématurée (1918) de sa mère et les conséquences du remariage de son père, Harry. Ce jour, devant le hangar à bateaux, il n’est que l’un des 175 « freshmen » – étudiants de première année – novices venus s’inscrire pour tenter leur chance d’accéder au « huit » de leur promotion. En cette Amérique plongée depuis le jeudi noir de 1929 dans une terrible crise économique, Joe pauvrement vêtu – et pour cause – sait bien qu’être retenu dans l’équipe, un barreur, huit rameurs, lui permettrait de surnager et d’aider à couvrir les frais de son année de scolarité.