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Récits

Le tour du monde en 72 jours, Nellie Bly

Ecrit par Lionel Bedin , le Mercredi, 25 Mai 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Editions du Sous-Sol

Le tour du monde en 72 jours, éd. du Sous-sol, avril 2016, trad. anglais (USA) Hélène Cohen, 172 pages, 16 € . Ecrivain(s): Nellie Bly Edition: Editions du Sous-Sol

 

1889. Le New York World de Joseph Pulitzer décide de réaliser un coup médiatique : tenter de battre un record purement romanesque, le tour du monde en 80 jours de Phileas Fogg raconté par Jules Verne. Sans doute aussi parce qu’un journal concurrent se prépare également à tenter le même exploit… On envisage évidemment d’envoyer un homme. Lorsque Nellie Bly se porte candidate, les réactions de son staff ne sont pas très favorables… « Vous n’y arriverez jamais ! Vous êtes une femme, vous aurez besoin d’un protecteur, et même si vous voyagiez seule, il vous faudrait emporter tant de bagages, que cela vous ralentirait ». Finalement le journal change d’avis… « Mon tour du monde débuta officiellement le 14 novembre 1889, à 9h40 et 30 secondes » écrit Nellie Bly, sûre d’elle et de son succès au moment du départ, bien sûr largement couvert par le New York World (dont le livre reproduit des extraits) : « On se demande de quel bois est faite cette jeune femme qui s’en va faire le tour du monde avec seulement un petit sac et la robe qu’elle porte sur le dos. Elle fait voler en éclats le romantisme en rendant la réalité plus désirable que nos rêves ».

M Train, Patti Smith

Ecrit par Marc Michiels (Le Mot et la Chose) , le Vendredi, 20 Mai 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, USA, Gallimard

M Train, avril 2016, trad. anglais (USA) Nicolas Richard, 272 pages, 53 ill., 19,50 € . Ecrivain(s): Patti Smith Edition: Gallimard

« Ce n’est pas si facile d’écrire sur rien »

 

Le silence, la tranquillité de l’esprit se font immédiatement à la lecture du livre de Patti Smith, M Train, enfin paru en français aux éditions Gallimard. Merci Patti pour le voyage, le paysage, le regard par une fenêtre d’un wagon-restaurant, avec des amis buvant du saké, son mari, toujours avec un livre sur la table, un appareil photo Polaroid en bandoulière. Images d’une vie, longue, douloureuse parfois, mais combative, forcenée, et finalement Patti est toujours là, nulle part et partout…

Les différents tableaux défilant ont la valeur de ses innombrables décalages horaires, c’est-à-dire décalés et hors du temps : « ni passé ni futur mais seulement un perpétuel présent qui contient cette trinité du souvenir… Comme une pelote de fil en mouvement ». L’écrivain, en chef d’orchestre, sait trouver dans le détail, la mise en forme d’une narration subjective à partir d’une chronologie asymétrique, en fixant son récit par la beauté des images ; sous le regard des disparus, par des textes et photographies confondus, comme une légende visuelle à l’imaginaire, comme une fenêtre somnambulique aux mots.

Les journalistes se slashent pour mourir, Lauren Malka

Ecrit par Laurent Bettoni , le Mardi, 17 Mai 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, Essais, La Une Livres, Robert Laffont

Les journalistes se slashent pour mourir, avril 2016, 166 pages, 10 € . Ecrivain(s): Lauren Malka Edition: Robert Laffont

 

Lauren Malka inaugure la collection Nouvelles mythologies des éditions Robert Laffont, avec un essai sur la presse face au défi numérique, intitulé Les journalistes se slashent pour mourir. Cette référence au best-seller Les oiseaux se cachent pour mourir allie d’emblée le fond et la forme. Car ce texte, qui n’est pas censé en être, est de la fiction par bien des aspects. Il appartient à un genre appelé la non-fiction créative. Il ne s’agit pas d’un roman mais il est écrit comme un roman et en respecte le processus narratif.

Voilà une habile façon de nous plonger, sans perdre de temps, dès la lecture de son titre, au cœur de l’interrogation essentielle du livre : le journalisme, à l’ère 2.0, n’est-il devenu qu’un divertissement, que de l’entertainment, comme peut l’être un certain genre de littérature qui ratisse large ?

Pour répondre à cette question, Lauren Malka imagine un échange épistolaire entre un étudiant en journalisme et un historien du journalisme, dans lequel le premier expédie ses missives par voie électronique, tandis que le second lui répond par voie postale.

L’Odeur du café, Dany Laferrière

Ecrit par Marc Ossorguine , le Lundi, 16 Mai 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Zulma

L’Odeur du café, mai 2016, 240 pages, 9,95 € . Ecrivain(s): Dany Laferrière Edition: Zulma

 

 

L’odeur du café de Da ! Ce café qu’elle offre à tout ceux qui passent et parlent un moment avec elle, son petit-fils − l’auteur lui-même alors âgé de 10 ans − est devenu un puissant marqueur du temps qui passe et que les mots rattrapent au vol. Livre de souvenirs pleins d’images et de récits d’enfance, sorte de Petit Nicolas haïtien dont la meilleure « justification » – mais a-t-on besoin de justifier la mémoire et la nostalgie de ce qui fut – est donnée par l’auteur lui-même à la clôture de cet album.

J’ai écrit ce livre pour toutes sortes de raisons.

Pour faire l’éloge de ce café (le café des Palmes) que Da aime tant et pour parler de Da que j’aime tant.

Pour ne jamais oublier cette libellule couverte de fourmis.

Une Anglaise à Paris, Nancy Mitford

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Samedi, 14 Mai 2016. , dans Récits, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Iles britanniques, Payot

Une Anglaise à Paris, 2008 (trad. française Jean-Noël Liaut) et 2010 (version poche), 153 pages, 6,60 € . Ecrivain(s): Nancy Mitford Edition: Payot

 

Dans Une Anglaise à Paris, Nancy Mitford, écrivain et femme du monde anglaise née en 1903, nous offre un voyage inédit dans le temps pour découvrir le Paris d’après-guerre, à travers ses chroniques écrites entre 1948 et 1968. Il est toujours enrichissant d’observer son pays à travers le regard d’un étranger pour apprendre à mieux se connaître, surtout lorsque ce regard est coloré d’humour anglais.

Si comme dans les années 50, les bouquinistes assurent encore une présence rassurante sur les quais de Seine, on ne peut désormais plus surprendre un vitrier qui parcourt Paris avec une lourde vitre sur le dos ou encore mieux, un troupeau de chèvres que l’on trait sur le trottoir. Heureusement les intérieurs des taxis ont changé « depuis la bataille de Marne » (surtout depuis qu’Uber est arrivé). Et nous n’entendons plus les voix assassines des téléphonistes qui disent « Allô ! J’écoute… ». A cette époque, les plus prometteurs des écrivains étaient Mme Colette et Mr Cocteau. Picasso était le peintre incontournable et on allait se distraire dans les pièces de théâtre de Mr Guitry.