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N'en faites pas une histoire, Raymond Carver

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 14 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Essais, USA, Poésie, Nouvelles, L'Olivier (Seuil)

N’en faites pas une histoire (No heroics, please, 1991) trad (USA) François Lasquin (2012) 294 p. 15 € . Ecrivain(s): Raymond Carver Edition: L'Olivier (Seuil)

 

Nous avons droit dans ce 8ème opus des œuvres complètes de Raymond Carver chez l’Olivier, à des miscellanées. Un bric-à-brac littéraire étincelant, celui de l’artisan de l’écriture le plus doué de sa génération. Des nouvelles de jeunesse, stupéfiantes déjà de maîtrise narrative et qui laissent présager clairement l’économie des futures grandes nouvelles : minimalisme des moyens mis en œuvre, langue épurée et faite des mots les plus simples et les plus justes, la traque obsessionnelle de la réalité la plus banale :

 

« Il se rase. En tournant la tête, il peut voir ce qui se passe dans le séjour. Iris, de profil, assise sur le tabouret, devant la vieille coiffeuse. Il pose le rasoir, se rince le visage. Ensuite, sa main se referme à nouveau sur le manche du rasoir, et au même instant il entend les premières gouttes de pluie sur le toit … » (In « Furieuses saisons »)

La petite marchande de souvenirs, François Lelord

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 14 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Roman, Jean-Claude Lattès

La petite marchande de souvenirs, 13 février 2013, 382 pages, 18 € . Ecrivain(s): François Lelord Edition: Jean-Claude Lattès

 

Le titre de ce roman peut paraître anodin et annoncer un récit très ordinaire. Il n’en est rien. Nous sommes en 1995 à Hanoi. Le Vietnam commence très timidement une période d’ouverture. Julien est médecin auprès de l’ambassade de France ; il se trouve à ce titre en contact avec des expatriés, des diplomates, des médecins, des membres d’organisations internationales telles que l’OMS. Julien fréquente le docteur Dàng, qui dirige un service dans un hôpital de Hanoi. Il est en relation régulière avec Fleur, étudiante vietnamienne qui lui donne des cours pour améliorer sa connaissance de la langue vietnamienne qu’il regrette de ne pouvoir maîtriser complètement. Il rencontre également Clea, médecin britannique, membre de l’OMS. Elle est amoureuse de lui, mais Julien, sans être indifférent à sa personne, n’ose aller jusqu’au bout de ses sentiments. Il se censure, se réfrène. D’autres personnages sont attachants : ainsi Wallace et Margaret, son épouse. Wallace est un ancien du Vietnam, il a été prisonnier de guerre et interné à ce titre plusieurs années, est revenu dans ce pays. Il lui est lié viscéralement.

Une quête infinie, Mary Johnson

Ecrit par Cathy Garcia , le Jeudi, 14 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Récits, Robert Laffont

Une quête infinie, 18 février 2013, traduit de l’anglais (USA) Marianne Reiner, 480 p. 22 € . Ecrivain(s): Mary Johnson Edition: Robert Laffont

 

Sous-titré « Auprès de Mère Teresa, mon itinéraire entre passion et désillusion », Une quête infinie est un captivant témoignage. Mary Johnson y raconte, avec une impressionnante franchise, son parcours de nonne catholique.

Cela commence un jour de 1975, où elle tombe sur une photo de Mère Teresa à la une du Time. Subjuguée par le personnage, elle prend alors, du haut de ses 17 ans, une importante décision vers laquelle convergeaient alors tout son être et ses plus profondes aspirations. Elle ne pouvait imaginer plus belle vie que celle qui se consacre entièrement à apporter soutien et compassion aux plus démunis de ce monde.

Aucun membre de sa famille ne put la décourager d’arrêter ainsi ses études, pour se retrouver dix-huit mois plus tard dans un couvent du sud du Bronx, face à Mère Teresa, qui lui dit en accrochant un crucifix sur sa chemise : « Reçois le symbole de ton époux crucifié. Porte sa lumière et son amour dans les demeures des pauvres partout où tu te rendras ».

Le mur de mémoire, Anthony Doerr

Ecrit par Yann Suty , le Mercredi, 13 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, USA, Nouvelles, Albin Michel

Le mur de mémoire (Memory Wall), traduit (USA) par Valérie Malfoy, 7 février 2013, 290 p. 21,50 € . Ecrivain(s): Anthony Doerr Edition: Albin Michel

 

Un voyage dans l’espace qui se double d’un voyage dans le temps.

Avec son recueil de nouvelles, Le mur de mémoire, Anthony Doerr nous conduit de l’Afrique du Sud aux Etats-Unis, en passant par la Chine, la Lituanie ou l’Allemagne. En plus de nous convier aux quatre coins du monde, il traverse aussi les époques. Mais loin de se livrer à des exercices de reconstitution historique, c’est le souvenir d’événements qui guide ses récits.

Les six nouvelles de ce recueil ont en effet pour thème la mémoire et sa persistance. Elles posent la question de savoir comment des souvenirs continuent à vivre dans le présent et, dans une certaine mesure, comment ils influent sur la vie, voire la déterminent.

Tous les personnages d’Anthony Doerr sont hantés par la perte ou la résurgence de leur passé. Le passé crée un manque parfois vertigineux. Ce qui a été mais n’est plus devient une boussole pour continuer à avancer, mais aussi un fardeau – quand il devient presque fantasme –, qui empêche d’aller de l’avant et de se construire.

Entre amis, Amos Oz

Ecrit par Anne Morin , le Mardi, 12 Février 2013. , dans La Une Livres, Les Livres, Recensions, Nouvelles, Gallimard, Israël

Entre amis, traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen, 157 pages, 17,50 € . Ecrivain(s): Amos Oz Edition: Gallimard

 

Partir ? Rester ? Revenir ? Attendre ? Interrogations des personnages indécis, parmi la communauté stable, réglée, régulée, du kibboutz Yikhat. Ceux-là sont solitaires au milieu des autres, exilés d’ils ne savent où. Quelque chose leur manque, ou serait-ce plutôt qu’ils ont manqué quelque chose ? Ils refusent à ce point le contact, que le moindre geste envers eux leur semble une intrusion, un dérangement.

En ces êtres non aboutis, routiniers malgré eux, une question parfois se fait jour qu’ils refusent, ou chassent à la manière d’un insecte importun, d’un bruit lancinant, là encore un petit dérangement. Quelque chose rompt, se rompt en eux, découvrant l’abîme de la solitude la plus terrible, la plus érodante : la solitude au milieu des autres, l’enfermement en soi en milieu ouvert. A quoi donc correspondent ces escapades, ces sorties de soi et/ou du kibboutz qu’ils tentent ?

Après sa déconvenue avec Tsvi : « Luna Blank partit à l’improviste aux Etats-Unis rendre visite à sa sœur, qui lui avait envoyé un billet » (p.21).