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Critiques

Joseph Kaspar Sattler Ou La Tentation de L’Os, Vincent Wackenheim

Ecrit par Philippe Chauché , le Lundi, 29 Août 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts, L'Atelier Contemporain

Joseph Kaspar Sattler Ou La Tentation de L’Os, mai 2016, 208 pages, 30 € . Ecrivain(s): Joseph Kaspar Sattler & Vincent Wackenheim Edition: L'Atelier Contemporain

 

Piqûre de ver

« Ici la marche est bien une danse, une parade, mais laborieuse, l’os, si l’on peut dire, est tendu et arcbouté par l’effort, la tête vers l’avant, les épaules remontées. Le genou accompagne le mouvement, l’autre jambe bien tendue, dans une recherche d’efficacité et de rendement. Bêcher, et jardiner ».

 

L’incendie

« Ce que l’image suggère : le bruit de l’embrasement, le crépitement du feu, le fracas des murs qui s’effondrent, des poutres maîtresses qui tombent au sol.

La face de l’os observe, peut-être retient-elle son pouvoir d’attiser le feu, de souffler le vent, comme s’il s’agissait de faire durer le plaisir, de jouir du panorama ».

Comme un rire de lumière, Charles Tomlinson

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Lundi, 29 Août 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Iles britanniques, Poésie

Comme un rire de lumière, Éditions Caractères, édition bilingue, trad. anglais Michèle Duclos, préface Michael Edwards, dessins Charles Tomlinson, 128 pages, 20 € . Ecrivain(s): Charles Tomlinson

 

Michael Edwards constate avec justesse que la poésie de Tomlinson, « vibrant de tant de présences observées, élucidées et mises en œuvre, s’intéresse souvent […] à l’inaperçu et à l’absent ». Il n’est que de se reporter au poème « The Track of the Deer » (« La Trace du chevreuil ») pour s’en rendre compte.

 

… The track of the deer

That strayed last night into the garden,

Stops beneath the fruitless apple tree,

Shaped out and shimmering with that frost

You can feel here at the edge of all imaginings :

Babylone, Yasmina Reza

Ecrit par Sylvie Ferrando , le Samedi, 27 Août 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Roman, Flammarion, La rentrée littéraire

Babylone, août 2016, 224 pages, 20 € . Ecrivain(s): Yasmina Reza Edition: Flammarion

 

Ce nouveau roman de Yasmina Reza, construit comme un drame qui culmine avec la citation de l’exergue « Le monde n’est pas bien rangé, c’est un foutoir. Je n’essaie pas de le mettre en ordre » (Garry Winogrand) rappelle étrangement, par certains aspects, l’histoire du meurtre par Louis Althusser de sa femme Hélène Rytmann. Dans ce roman qu’on pourrait caractériser par l’expression de « fausse amitié » ou de « la fin d’un amour », il semble que ce soit le statut de la parole qui est interrogé. Alors que Yasmina Reza est auteur dramatique (encore) plus que romancière, si l’on en juge par le nombre de titres de sa bibliographie appartenant à l’un et l’autre genre, on est frappé dans ce livre par les points de convergence stylistique qu’il présente avec une pièce de théâtre. Plusieurs faits de langue concernant les discours rapportés incitent à ce rapprochement. Tout d’abord, le style direct et incisif du dialogue théâtral se retrouve, en filigrane ou en relief, dans les phrases courtes et le registre de langue pour le moins familier du roman : « La femme doit être gaie. Contrairement à l’homme qui a droit au spleen et à la mélancolie. A partir d’un certain âge une femme est condamnée à la bonne humeur. Quand tu fais la gueule à vingt ans c’est sexy, quand tu la fais à soixante c’est chiant ».

Sous le roman la poésie, Le défi de Roberto Bolaño, Florence Olivier

Ecrit par Marie-Josée Desvignes , le Samedi, 27 Août 2016. , dans Critiques, Les Livres, Livres décortiqués, Essais, La Une Livres, Hermann

Sous le roman la poésie, Le défi de Roberto Bolaño, juillet 2016, 196 pages, 29 € . Ecrivain(s): Florence Olivier Edition: Hermann

 

Dans cet essai intitulé Sous le roman la poésie, et sous-titré Le défi de Roberto Bolaño, publié aux Editions Hermann, Florence Olivier propose une analyse de l’œuvre de Roberto Bolaňo et en particulier de ses deux œuvres majeures : Les Détectives sauvages, et 2666, deux romans monstrueux et géniaux qui font aujourd’hui la renommée de son auteur.

Par ce titre, elle démontre comment l’œuvre de fiction de Bolaňo emprunte les voies mystérieuses de la poésie qui « seule supporte l’absence de réponse, les dangers et la beauté du mystère », sans ignorer le talent de Bolaňo pour la satire qu’elle soit politique ou sociale et le rire (cf. la critique universitaire si drolatiquement moquée dans le premier livre, 2666).

L’engouement aujourd’hui pour l’œuvre de Bolaňo que Florence Olivier nomme « épidémie » se traduit de par le monde par « une série d’explosions successives » qui fait l’unanimité au-delà du paysage latino-américain, puisqu’il y a désormais un Bolaňo chilien, un Bolaňo mexicain, un Bolaňo espagnol, un Bolaňo américain, un Bolaňo français, un Bolaňo global !

Seascapes, Hiroshi Sugimoto

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Samedi, 27 Août 2016. , dans Critiques, Les Livres, La Une Livres, Arts

Seascapes, éd. Xavier Barral, 2015, 273 pages dont 3 dépl., 60 € . Ecrivain(s): Hiroshi Sugimoto

 

L’océan. Pour être à même de dire quelque chose de l’océan, – l’océan qui fait que se tient ensemble l’horizon (comme un seul tout, alors qu’il est divers), dans une sauvagerie pure qui nous interdit de la rejoindre –, il faut trois choses, comme dirait Erri De Luca. Pas une, pas deux. Trois.

En premier lieu, il faut s’en référer à la mythologie. Écoutons ainsi Munesuke Mita (in Seascapes) traduit du japonais par Corinne Atlan (« La ligne d’horizon du temps, ou l’arrêt fécond ») :

« Selon le mythe babylonien de la création du monde, au commencement étaient les eaux rugissantes de l’océan. Cet élément où régnait le chaos, personnifié par la déesse Tiamat, fut vaincu par Mardouk, fils du dieu Éa, qui fendit son corps en deux, créant ainsi d’une part la Terre, de l’autre le Ciel. Tiamat était représentée sous la forme d’un gigantesque dragon. Toutes les civilisations possèdent des mythes similaires : les dieux ou les héros de la genèse créent l’ordre du monde en terrassant un dragon (ou un serpent). C’est, en Égypte, la victoire du dieu Rê sur le serpent Apophis ; dans l’Ancien Testament, l’anéantissement du Léviathan par Yahvé ; en Inde, la mort de Vritra, écrasé par Indra ; au Japon, la victoire de Susanoo sur Yamata no Orochi ; en Perse, le triomphe de Thraetaona sur un dragon tricéphale, etc.