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Les Chroniques

Le sel ! dit Angot. Tiens voilà, répond Nothomb Ou le dépouillement des sentiments (par Mélanie Talcott)

Ecrit par Mélanie Talcott , le Jeudi, 25 Octobre 2018. , dans Les Chroniques, La Une CED

Angot, Nothomb… même combat ! Chacune à fourailler avec le mot juste. Selon elles. L’une affirme qu’elle reste des heures durant en un face à face épuisant avec la solitude d’un seul mot, l’autre que neuf mois de gestation lui sont indispensables pour atteindre la perfection du verbe. La littérature y gagne-t-elle des galons ? Non. A part ceux, peut-être, qui flattent l’ego de ces deux exaltées de la prose.

Un tournant de la vie, dix-huit mois d’écriture, trente-cinq versions. Diantre… Christine Angot a dû en chier des vertes et des pas mûres, des nuits blanches et des doutes pour nous combler, comme à chaque rentrée littéraire, avec l’objet de ses souffrances intimes.

Celles-ci tiennent du vaudeville pathétique. Un trio amoureux, Vincent, chanteur célèbre qui fait mouiller le sexe de la narratrice Je lorsqu’il joue du piano (Vincent est entré en scène. Il portait un costume à épaulettes brodées. Il s’est assis au piano. Mon sexe a mouillé) ; Alex, un Antillais, surnommé par la narratrice Alexinou ou Minou quand il pleurniche à gros bouillons sur lui-même, musicien et ingénieur du son, ami de longue date du premier ; et Je, la narratrice, qui joue à pic-pic et colégram entre son ex et son actuel.

l’œuvre de Simone de Beauvoir en La Pléiade [2/2] (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Jeudi, 25 Octobre 2018. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

 

Le langage et ses vertus :

Simone de Beauvoir, Mémoires, tomes I et II, édition publiée sous la direction de Jean-Louis Jeannelle et Éliane Lecarme-Tabone avec la collaboration d’Hélène Baty-Delalande, Alexis Chabot, Jean-François Louette, Delphine Nicolas-Pierre, Élisabeth Russo, et Valérie Stemmer, chronologie par Sylvie Le Bon de Beauvoir, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, n°633 et 634, 2018.

 

Sylvie Le Bon de Beauvoir, Album Simone de Beauvoir, iconographie commentée, Albums de la Pléiade, n° 57, 2018,  256 pages, 198 ill.

 

Simone de Beauvoir écrit dans ses Mémoires d’une jeune fille rangée :

Le Jardin d’Alioff, Farhad Ostovani (par Didier Ayres)

Ecrit par Didier Ayres , le Mercredi, 24 Octobre 2018. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Le Jardin d’Alioff, Farhad Ostovani, L’Atelier contemporain, septembre 2018, trad. anglais Robert Bemis, Paul Laborde, Alain Madeleine-Perdrillat, 192 pages, 25 €

Texte de la chair

J’ai parcouru avec plaisir les écrits du peintre iranien Farhad Ostovani qui forment ici un recueil, des mémoires, des souvenirs, enfin qui laissent apparaître le lien de l’artiste avec sa famille, le passé, le pays d’origine et en ce sens, l’exil et le travail de la peinture lesquels ont fait un horizon d’attente pour ce que j’étais comme lecteur. Donc il s’agit de petits textes qui relatent des faits et l’évocation des personnes vivantes ou mortes, qui se recoupent parfois, de manière aléatoire, tout comme est la mémoire avec sa façon de capturer tel élément du passé et d’en exclure d’autres. Bien sûr, il ne faut pas oublier l’origine de ce livre, qui devait initialement correspondre à un livre de recettes iraniennes, et cette tentative est assez sensible dans l’ouvrage – plus d’ailleurs au début du livre. Et cela a beaucoup d’importance car rendant le texte sensible à la matérialité des alcools, des olives et oliviers, des images de jardins disparus notamment, et avec eux les rosiers et les magnolias qui hantent la mémoire de l’auteur. Je dirai que cela fait un texte de la chair, chair de la peinture, chair du souvenir, chair nourrissante. Du reste, la chair est devenue mon fil conducteur.

Au commencement étaient les Berbères ! (par Amin Zaoui)

Ecrit par Amin Zaoui , le Mardi, 23 Octobre 2018. , dans Les Chroniques, Chroniques régulières, La Une CED

 

Au commencement étaient les Berbères. Il y avait une terre et les enfants de cette terre. Une langue, des mythes, des femmes, un Dieu et des oliviers. Et le rêve habitait le cœur des chansons.

Et par un matin, des envahisseurs cagoulés se sont pointés à l’horizon. Violeurs des rêves. Ils parlaient une autre langue et dans leur bagage un autre Dieu bien emballé. La guerre ne compte pas ses morts. Celui qui est vivant est celui qui ne perd pas sa langue. Convertis à la foi chrétienne, de gré ou de force, les enfants du commencement n’ont pas perdu leur langue ni leurs mythes. La Ghriba synagogue de l’île de Djerba, Tunisie, témoigne d’une autre foi. Un témoin qui dit la pluralité du Ciel.

Les premiers envahisseurs se sont retirés, d’autres leur ont succédé. Et les enfants du commencement n’ont pas perdu la mémoire ni l’amour de l’olivier. Chaque envahisseur se voit le maître du lieu et le sauveur du peuple vis-à-vis du Dieu et de l’Histoire !

Les Phéniciens. Les Romains. Les Vandales. Les Byzantins…

Parler de soi avec justesse, avec superbe : l’œuvre de Simone de Beauvoir en La Pléiade [1 sur 2] (par Matthieu Gosztola)

Ecrit par Matthieu Gosztola , le Vendredi, 19 Octobre 2018. , dans Les Chroniques, Les Livres, La Une CED

Simone de Beauvoir, Mémoires, tomes I et II, édition publiée sous la direction de Jean-Louis Jeannelle et Éliane Lecarme-Tabone avec la collaboration d’Hélène Baty-Delalande, Alexis Chabot, Jean-François Louette, Delphine Nicolas-Pierre, Élisabeth Russo, et Valérie Stemmer, chronologie par Sylvie Le Bon de Beauvoir, Gallimard, collection Bibliothèque de la Pléiade, n°633 et 634, 2018

 

Sylvie Le Bon de Beauvoir, Album Simone de Beauvoir, iconographie commentée, Albums de la Pléiade, n°57, 2018, 256 pages, 198 ill.

 

Beauvoir, suivant les pas de Sartre, aimait du même amour la philosophie et le roman. Ces deux sphères privilégiées de la création ont fait don à la vie de Beauvoir de la renommée que l’on sait. L’on se souvient du succès de scandale du Deuxième Sexe en 1949, devenu avec le temps le titre auquel le nom de Beauvoir est le plus souvent associé. L’on se souvient du prix Goncourt couronnant Les Mandarins en 1954.