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Articles taggés avec: Mahdi Yasmina

Tihya, La légende des papillons aux ailes déployées, Nadia Chafik (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 05 Mars 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Maghreb, Roman, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Tihya, La légende des papillons aux ailes déployées, Nadia Chafik, février 2021, 396 pages, 18 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Cavalière et guerrière

Dans La légende des papillons aux ailes déployées, roman au très beau titre, Nadia Chafik, née à Casablanca, titulaire d’un Master et d’un PhD de l’université de Montréal, enseignante à l’Université Mohammed V à Rabat, peint un tableau à la « Dhurmer ou Dutey » de la célèbre cavalière et guerrière Tihya/Dihya/Al-Kāhina (en arabe) – la Kahéna, reine juive, ou tout simplement une reine Berbère d’une grande beauté, d’une très grande intelligence et animée d’un immense courage. Une statue a été érigée à Benghaï pour perpétuer l’existence de cette femme exceptionnelle. Un puits porte son nom dans la région de Tébessa, Bir El Kahina, et à une vingtaine de kilomètres de la ville de Kenchela, des ruines sont désignées pour avoir été le palais de la Kahina. Elle régna sur plusieurs tribus berbères de l’Aurès, dont la sienne propre, celle des Djarawa, de 685 environ à 704 ou 705, et combattit les Omeyyades lors de la conquête musulmane. Elle fut tuée au combat. Les Berbères (Imazighen) forment un ensemble d’ethnies autochtones d’Afrique du Nord, ayant occupé un vaste territoire allant de l’Ouest de la vallée du Nil jusqu’à l’Atlantique et l’ensemble du Sahara.

Des ailes dans la nuit, Jane Yolen, John Schoenherr (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 25 Février 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Jeunesse

Des ailes dans la nuit, Jane Yolen, John Schoenherr, éditions D’Eux, janvier 2021, trad. Christiane Duchesne, 32 pages, 13 €

 

Ode au Grand-duc

John Schoenherr, auteur de ce superbe album, Des ailes dans la nuit, est né en 1935 à New York, et décédé en 2010. Il a reçu la médaille Caldecott en 1988 et a été intronisé comme illustrateur en 2015 dans la Science Fiction and Fantasy Hall of Fame du Museum of Pop Culture.

Jane Yolen, née en 1939, également à New York, surnommée Andersen des États-Unis, a publié plus de 200 romans, et rédigé le texte de cette réédition de la maison canadienne D’Eux. Le thème nocturne est central dans cet ouvrage jeunesse d’une grande teneur esthétique, picturale et littéraire. Les première et deuxième de couverture annoncent une aventure crépusculaire, hivernale, comme l’indiquent les branches dépouillées de leurs feuilles.

Ce livre-jeunesse est très maniable, élégant, conçu au format de 20 x 27,5 centimètres.

Abdellah Taïa, Marocain, gay et musulman, Florentin Chif-Moncousin, Jean Leclercq (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 12 Février 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais

Abdellah Taïa, Marocain, gay et musulman, Florentin Chif-Moncousin, Jean Leclercq, PUL (Presses Universitaires de Louvain), juin 2020, 158 pages, 16,50 €

Le roman contre la barbarie. Nous n’avons pas d’autres armes.

Mohamed Leftah

Du particularisme

Le titre de cette réunion d’articles universitaires, dédié au travail littéraire d’Abdellah Taïa (né le 8 août 1973 à Salé au Maroc, ayant soutenu une thèse en littérature française à la Sorbonne), Marocain, gay et musulman, reprend trois identités que Taïa décline, lors de son entretien avec Laurent Dehossay. L’auteur y livre son parcours de « pauvre », son enfance dans un Maroc bien loin de tout folklore, au sein d’un régime monarchique omniprésent. Son « coming-out (…) en janvier 2006 » et l’ensemble de ses propos en font une déclaration où son particularisme se manifeste. Il parle du « blocage (…) surtout dans la famille », dans un pays où les droits LGTB sont sujets de grandes batailles, de répressions féroces. Taïa pose la terrible question de l’exil : un « pays pour mourir, est-ce que c’est le Maroc ou la France ? ». L’entretien se poursuit avec Hassan Jarfi, père d’un fils assassiné victime de violences homophobes, en 2012.

Marie-Lou-Le-Monde, Marie Testu (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 03 Février 2021. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Le Tripode

Marie-Lou-Le-Monde, Marie Testu, février 2021, 120 pages, 13 € Edition: Le Tripode

Une pastourelle

Marie Testu, née en 1992, agrégée de philosophie, a rédigé un mémoire « sur le désir et la perception dans la philosophie de Maurice Merleau-Ponty ». Marie-Lou-le-monde est son premier texte littéraire. Le titre, un prénom composé assez rare, Marie-Lou, possède une double origine, issue de l’hébreu mar-yâm (aimée) se transformant en Myriam, et Lou, diminutif de Louise (hold et wig, pouvant signifier illustre et combattant). Ce livre, dont la couverture a été illustrée par Maïté Grandjouan – une forêt sombre, buissonneuse, se découpant sur un ciel fulgurant, en feu –, émeut à cause du relent sucré et doux-amer du surgissement de l’adolescence.

De suite, l’on fonce tête baissée, les sens en appétit, vers « Marie-Lou » qui « fait disjoncter » [parce] « Que c’était elle et qu’elle était tout ». Marie-Lou, c’est une naïade, c’est possiblement l’Atalante de la version béotienne, celle qui court devant ses prétendants ; ici, une athlète moderne. Et une Aphrodite complice lui emboîte la course dans la vieille cité romaine d’Aix. Comme dans les mythes, une jeune fille idéale, à la longue chevelure, est redescendue du jardin des Hespérides afin d’hypnotiser une lycéenne. Marie-Lou devient la femme-monde à l’orée du désir, de l’éros liminaire au féminin, caméléone tantôt noire, tantôt blanche, même bleue.

À rude épreuve (La Saga des Cazalet II), Elizabeth Jane Howard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 29 Janvier 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Iles britanniques, La Table Ronde

À rude épreuve (La Saga des Cazalet II), Elizabeth Jane Howard, La Table ronde, octobre 2020, trad. Cécile Arnaud, 608 pages, 24 €

 

Au temps du Blitz

Tout d’abord, voici l’arbre généalogique du premier tome de La chronique des Cazalet, Étés anglais, d’Elizabeth Jane Howard (1923-2014). Les deux arrière-grands-parents, William Cazalet (le Brig) et Kitty Barlow (la Duche), ont engendré quatre enfants : Hugh, époux de Sybil Carter, parents de Polly, Simon, William ; Edward, époux de Viola Rydal, à leur tour parents de Louise, Teddy, Lydia, Roland ; Rachel, restée célibataire ; Rupert, mari de Zoë Headford, qui ont eu Clarissa, Neville, Juliet. L’autre famille, Raymond et Jessica Castle sont parents d’Angela, de Nora, de Christopher et de Judy. Ce petit monde de la classe moyenne est servi par treize domestiques, plus une préceptrice. Comme il est indiqué dans la préface, le premier tome Étés anglais « s’achevait en 1938 avec le discours de Chamberlain à son retour de Munich – “la paix dans l’honneur” ».