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Vera, Karl Geary

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 31 Août 2017. , dans La Une Livres, Rivages, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman, USA

Vera (Montpelier Parade), 30 août 2017, trad. anglais (Irlande/USA) Céline Leroy, 254 pages, 21,50 € . Ecrivain(s): Karl Geary Edition: Rivages

 

Un livre débordant d’amour, délicat, touchant sans une once de pathos, est un objet rare en littérature. C’est avec un talent exceptionnel et un humanisme sans fond que Karl Geary vient occuper cet espace avec ce roman superbe qui laisse le cœur du lecteur tourneboulé.

Sonny est un jeune garçon né dans une famille très pauvre de Dublin. Il va au lycée et donne des coups de main dans une boucherie le soir et le samedi, ou à son père, maçon, à l’occasion. Geary nous emmène, avec force et conviction, dans un univers à la Ken Loach. La brutalité fruste des relations familiales, les difficultés de la vie, n’empêchent pas un amour profond pour la mère, distante mais aimante, pour le père surtout, géant taiseux qui ne peut cacher, malgré sa pudeur, son affection paternelle. On est là au cœur de ce roman : ce n’est pas l’amour qui manque mais le pouvoir, le courage, l’envie de le dire, de le mettre en mots, de l’annoncer à l’autre. L’amitié de Sonny avec Sharon, petite jeune fille délurée, solitaire, écorchée vive, est le sommet de cette impossibilité de dire l’amour, comme s’il s’agissait d’une faute inexpiable que d’aimer.

Le camp des autres, Thomas Vinau

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 24 Août 2017. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Alma Editeur, Roman

Le camp des autres, 24 aout 2017, 194 pages, 17 € . Ecrivain(s): Thomas Vinau Edition: Alma Editeur

 

Il semble que le thème de ce livre, la fuite hors du monde des hommes, le refuge au cœur de la forêt, la survie, intéresse beaucoup cette rentrée littéraire. La Cité des hommes et ses excès, ses injustices, ses violences, a toujours fait rêver certains d’un ailleurs, peut-être moins confortable, mais qui offrirait la liberté que les sociétés policées ne proposent pas.

C’est, dans la première moitié du livre, l’aventure presque solitaire du jeune Gaspard, parti de chez lui avec une jeunesse épouvantable achevée par un geste épouvantable.

Il s’enfonce dans la forêt, trimbalant un chien blessé, invalide et souffrant. Il va découvrir un monde secret, complexe, un univers à part, avec ses codes, ses lois, ses bruits, sa respiration. On ne s’impose pas à la forêt, Gaspard va vite apprendre qu’on se soumet à elle si l’on veut survivre.

La langue de Thomas Vinau, appuyée sur la poétique pure des mots de la flore, de la faune, fait merveille pour nous inonder de l'univers mystérieux et bruissant de la forêt, écrin dans lequel le lecteur se laisse glisser avec délice et une ombre sourde d'inquiétude.

Le Mal des Ardents, Frédéric Aribit

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Vendredi, 18 Août 2017. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Belfond

Le Mal des Ardents, Août 2017, 247 pages, 18 € . Ecrivain(s): Frédéric Aribit Edition: Belfond

 

 

Une histoire déferlante, comme Lou. Frédéric Aribit nous propose un portrait de femme peu commune, une arche de vie, un monument de désirs, une montagne d’insolence et d’audace. Lou, rencontrée par le narrateur comme on rencontre la foudre et son célèbre « coup ». Et Lou, femme libre s’il en fut, exaltée, provocatrice, belle, dépositaire sûrement de toutes les colères de femmes accumulées depuis des millénaires. A l’image de son violoncelle, qu’elle transforme en voix de la colère à travers les textes de Bach ou de Brahms, jusqu’à parfois en faire claquer les cordes.

La musique accompagne ce roman, comme une basse continue, adoptant ses folies et ses sagesses, ses explosions et ses répits.

Manifeste de la Cause Littéraire, Mars 2011, par Léon-Marc Levy

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 02 Août 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Editoriaux

« La Cause Littéraire » suggère par son intitulé l’ébauche d’un manifeste. Au moins d’une attitude : volontaire, « engagée ». L’objet de cet engagement n’est en rien idéologique, encore moins partisan : seule la littérature …

Andrée Chédid vient de disparaître. Nous étions quelques-uns alors à nous sentir bien tristes, mais au moins on a parlé d’elle ! Enfin, dans des media qui ne le font jamais, on a un peu - oh très peu - parlé de poésie ! Pendant quelques jours en tout cas. On a lu, dans « Le Parisien », ces quelques vers de la grande dame :


« Il est temps de vieillir

D’accepter ce qui te revient

D’assumer encore et encore

A chaque crépuscule

Ce qui depuis l’aube

T’appartient »

Hommage à Baudelaire (XI) – Jeanne ou le chemin de la rédemption, par Léon-Marc Levy

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Dimanche, 23 Juillet 2017. , dans La Une CED, Les Chroniques, Poésie

 

La chose est étonnante. Charles Baudelaire, reconnu à peu près universellement comme le plus grand poète de langue française (dans tous les cas l'un des plus grands), n'est pas un personnage qui suscite une sympathie spontanée. Définitivement. Il n’exerce, hors la beauté sublime de ses vers, aucune séduction, y compris sur la foule de ses admirateurs les plus passionnés. Au contraire, toute une troupe de grands poètes et écrivains français attire notre compassion, notre fascination, notre amour, un culte parfois, souvent en dépit de personnalités discutables.

François Villon, mauvais garçon, voyou sorbonnard, ivrogne, voleur, probablement même assassin, sûrement pendu par décision de justice. Pas de problème, on l'aime éperdument !

Jean-Jacques Rousseau, ombrageux, mauvais père, menteur, on lui pardonne tout !

Arthur Rimbaud, cynique, hautain, déloyal, violent. On l'adore !

Victor Hugo, orgueilleux, coléreux, méprisant avec ses confrères. On le vénère !