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Journal du ghetto de Lodz, 1939-1943, Dawid Sierakowiak

Ecrit par Philippe Leuckx , le Lundi, 07 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Biographie, Histoire, Les éditions du Rocher

Journal du ghetto de Lodz, 1939-1943, septembre 2016, trad. Mona de Pracontal, photographies exemplaires Mendel Grossman, Henryk Ross, 348 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Dawid Sierakowiak Edition: Les éditions du Rocher

 

Du livre écrit en polonais par un jeune Juif, de ses quinze à dix-neuf ans, nous pouvons lire une traduction de traduction. Du Journal initial subsistent cinq cahiers, aux titres révélateurs : Lodz est occupée, Une faim continuelle, Nous vivons dans une peur constante, La bête assoiffée de sang, Il n’y a pas d’issue.

Du 28 juin 1939 au 15 avril 1943, le jeune Dawid a tenu son journal, relatant de manière précise les événements du ghetto et ceux qui parvenaient de l’extérieur.

Dans une langue claire, minutieuse, très descriptive, Dawid nous conte la vie passée au ghetto entre quête continuelle de nourriture et de travail, sa famille logée au troisième étage dans des conditions de promiscuité et de saleté extrêmes : le père, voleur invétéré même de la chiche nourriture de ses proches, la mère combative et adorée, la sœur Nadzia.

Le Prince des Cravates, Lucien Daudet

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 26 Octobre 2016. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Roman

Le Prince des Cravates, septembre 2016, 120 pages, 5,90 € . Ecrivain(s): Lucien Daudet Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

Avec ce bref roman, nous sommes plongés en pleine période proustienne, avec les décors, les soirées mondaines et les sentiments adéquats. Le héros de ce livre, Albert Salvage, est le prototype du mondain, revenu du service militaire, fêté par son milieu, et qui se voit tout d’un coup projeté dans un voyage, par le biais d’une invitation assez inattendue. Un ami de son père, Archibald Glenlyon Stetson l’invite ainsi près de Londres. Le roman pour l’essentiel déroule les fastes de Broadmore et le charme de la belle lady Glenlyon Stetson, Guanhamara.

L’ambiance est digne des romans du subtil Boylesve (Le parfum des îles Borromées) et annonce celle que Proust, grand ami de Daudet, va décrire à l’envi dans La Recherche.

Albert profite de cet univers facile, avec sa « fée », tout englué dans les sentiments, la complicité sans problème…

Le manteau de Proust, Lorenza Foschini

Ecrit par Philippe Leuckx , le Samedi, 22 Octobre 2016. , dans La Une Livres, La Table Ronde - La Petite Vermillon, Les Livres, Critiques, Essais, Italie

Le manteau de Proust, La Petite Vermillon, traduit de l’italien par Danièle Valin, 144 pages, 5,90 € . Ecrivain(s): Lorenza Foschini Edition: La Table Ronde - La Petite Vermillon

 

L’essai de Lorenza Foschini illustre, sans jeu de mots, un pan entier de la vie de Proust et de son cher manteau mondain. Comme il révèle l’engouement de Jacques Guérin, amateur proustien des premières heures et collectionneur de tout ce qui touche à cet univers aussi mystérieux qu’intrigant.

Ce livre, donc, n’est pas seulement une enquête minutieuse quasi ethnographique sur le destin de cette pelisse proustienne, retrouvée au Musée Carnavalet, et de tout ce qui entoure cette découverte.

A l’origine, bien sûr, il est cette relation particulière qu’un proustien, Guérin, a réussi à nouer avec la belle-sœur et légataire de Marcel Proust, Madame Robert Proust, qui, d’abord réticente, permit à Jacques Guérin de retrouver certains manuscrits et autres objets des dernières heures de l’illustre écrivain.

Cette relation découvre aussi le mépris dans lequel Marthe, la belle-sœur, tenait l’œuvre de Marcel. Elle consentit cependant à laisser filer quelques traces ; elle en perdit beaucoup, puisqu’elle brûla nombre de papiers et d’écrits.

La femme au petit renard, Violette Leduc

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 13 Octobre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Gallimard

La femme au petit renard, septembre 2016, 144 pages, 7,50 € . Ecrivain(s): Violette Leduc Edition: Gallimard

 

Ce septième livre de l’auteur, paru la première fois en 1965, est un récit hallucinant où une vieille jeune fille et Paris tissent des liens insolites et prenants.

Voilà une femme tiraillée par la misère, la faim, le manque, dans une chambre étriquée, passer le plus clair (et le plus triste) de son temps à déambuler dans un Paris méconnaissable, peu amène à l’accueillir. Elle est une âme invisible, vêtue comme une mendiante, qui s’invective, revoit le temps passé, maîtrise si mal le présent à force de calculer sur tout, jusqu’aux grains de café qu’elle peut moudre.

D’un réalisme époustouflant, le récit met en scène des décors d’une vie réduite à ses plus simples expressions : on vivote, on regarde à défaut de pouvoir acheter ou prendre, on scrute le moindre signe, sachant que l’irrémédiable, seul, est à portée de vue et de la main.

La peine capitale, Santiago Roncagliolo

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 15 Septembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Amérique Latine, Polars, Roman, Métailié

La peine capitale, avril 2016, trad. espagnol François Gaudry, 382 pages, 20 € . Ecrivain(s): Santiago Roncagliolo Edition: Métailié

 

Quatrième livre d’un jeune auteur (né à Lima en 1975), déjà fêté pour son premier roman Avril rouge (2008), ce thriller politico-social entraîne le lecteur dans un imbroglio haut en couleur, dont le contexte est admirablement bien rendu. Sur fond de Mundial 1978 au Pérou, quand les activités publiques et privées sont réduites à leur plus simple expression, puisque tout le monde suit à la télévision les retransmissions des matches, un simple employé, assistant aux archives du Palais de Justice de Lima, enclenche presque sans le savoir une mécanique d’enquêtes, d’éclaircissements, de courses poursuites, et tout ça à partir d’un document mal classé, petite boule de neige de papier qui va huiler toute une intrigue.

Ce petit employé s’appelle Félix Chacaltana. Il vit encore chez sa mère, très dominatrice, très pieuse, très encombrante. Il a un directeur des archives qui passe le plus clair de son temps à regarder le foot. Félix est bien le seul à se préoccuper de son travail, et il doit joliment emmerder tout son petit monde par ce que les autres appellent des lubies : marottes de classement, souci précautionneux de ne pas faire de gaffes ; bref un employé modèle dans un monde qui s’en fout, endormi dans les conventions, assommé par la chaleur et anesthésié par le Mundial, sans parler bien sûr de la chape de plomb du régime militaire qui voit des subversifs partout.