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Les mythes fondateurs de l’antisémitisme de l'Antiquité à nos jours, Carol Iancu (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Vendredi, 14 Janvier 2022. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Essais

Les mythes fondateurs de l’antisémitisme de l'Antiquité à nos jours, Carol Lancu, Editions Privat – 2003 – 23 euros

Ambitieux, et certains de s'interroger : un peu prétentieux, le sujet ? Mais l'auteur est professeur titré et compétent en histoire contemporaine à l'université, directeur de l'école des hautes études du judaïsme. C'est donc pour un sujet pareil – himalayen – l'homme qu'il fallait, capable de présenter à un public multiple et pas forcément historien, avec clarté, ce qu'il faut connaître du phénomène empoisonnant le monde depuis la nuit des temps. Ce livre dense, remarquablement synthétique, organisé à la façon d'un cours passionnant, avec ses repères faciles à consulter, est une boîte à outils se lisant quasi comme un roman.

Si, d'accord en cela avec Jules Isaac, il n'y eut pas « d'antisémitisme éternel », Il y eut un antijudaïsme païen très tôt dans l'Antiquité ; les Egyptiens regrettaient des coutumes par trop différentes, et pensaient les juifs « descendants de lépreux » ; il y avait déjà une diaspora, et l'allusion au « meurtre rituel » est chez Démocrite, tandis que l'antijudaïsme fort présent à Alexandrie, est de là, passé dans le monde romain – Tacite, par exemple. Globalement, on perçoit partout l'étrangeté ressentie par les religions polythéistes face au monothéisme.

À la folie, Joy Sorman (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mercredi, 24 Novembre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

À la folie, Joy Sorman, Flammarion, février 2021, 288 pages, 19 €


Le titre d’abord, qu’on peut lire avec des sens différents : est-ce de la part de l’auteure un j’ai aimé à la folie mener cette enquête ? ou bien a-t-elle dédié ce livre à la folie et à tous ceux qui à divers titres ont affaire aux pathologies mentales, dans le secteur fermé d’hôpitaux psychiatriques ? Sans doute les deux, à l’issue (mais peut-on parler d’issue au retour de telles enquêtes ?) des mois passés dans deux hôpitaux-immersion d’un genre inédit, auprès des soignants, patients – tous différents – dans des lieux pour le moins à part, notamment le pavillon 4 B, et ses 12 lits et une chambre d’isolement. Il faut aussi dans le lot compter l’auteure car, même si elle se présente dans les lieux comme journaliste, ce qui diffère de bien d’autres investigations « en caméra cachée », elle revendique les postures, émotions, pensées d’un humain venu du monde dit « normal » chez « les fous ». Elle nous emporte du coup avec elle dans cette aventure à l’intérieur, nous évitant ce regard extérieur, voyeur, et vaguement protecteur, qu’on lit ou regarde tant ailleurs.

Le festin des hyènes, Fabienne Juhel (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 16 Novembre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Le festin des hyènes, Fabienne Juhel, Le Rouergue, Coll. La Brune, octobre 2021, 208 pages, 18,80 €


On connaît Fabienne Juhel, et les fers au feu de ses beaux livres : servis par une belle écriture parfaitement maîtrisée, l’art de raconter une histoire, des envolées souvent frisant un rien le fantastique, des personnages que le lecteur n’a garde d’oublier, des tableaux historiques bien calés dans un décor précis comme au cinéma. Et puis, la « musique Juhel », à mi-chemin entre réalisme et lyrisme de bon aloi, parfumé au meilleur du poétique…

Dans ce dernier livre – pas le moins abouti – la caméra se transporte en Afrique noire, époque actuelle, l’Est, au bord d’un lac du grand rift, mais on devrait pouvoir trouver du similaire dans l’Ouest sub-saharien.

On savait hélas, la persistance du « vagin denté » de sinistre mémoire, et de l’ablation du clitoris des petites filles ; nous voilà dans le « festin des hyènes » ; hyènes, nom donné à ces jeunes ou moins jeunes hommes dont la « tâche » si ce n’est le devoir ancestral, est de déflorer les vierges, pour les préparer à leur vie future de femme et de mère – le « kusasa fumbi »… C’est donc un livre qu’on lira dans le silence du citoyen qui est à l’évidence convoqué d’un bout à l’autre du livre, en creux, toujours.

Marchands de mort subite, Max Izambard (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Mardi, 26 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Polars

Marchands de mort subite, Max Izambard, Le Rouergue noir, octobre 2021, 350 pages, 22 €


L’Afrique de l’Est, celle des grands lacs. Carrefour entre le Rwanda d’après le génocide, les grandes savanes à fauves et à touristes, l’est du Congo et ses – très – abondantes ressources en or. Le récit a pour épicentre (ce mot du vocabulaire séismique aurait d’ailleurs pu être un sous-titre au livre) l’Ouganda, et le nombre copieux de pages ne suffit probablement pas pour dire les épaisseurs grouillantes – type sol de forêt dense – de menaces, sang, corruption, et maux – à peu près tous – qui grondent sous la touffeur équatoriale de ce petit pays ignoré de beaucoup d’entre nous. L’auteur, dont c’est le premier roman, sait de quoi, de qui il parle, étant lui-même « ancien baroudeur » d’Afrique. On le verrait bien journaliste d’investigation à l’occasion, et Pierre, le héros du roman, est probablement plus que son cousin…

Les chemins de traverse d’Elizabeth George (par Martine L. Petauton)

Ecrit par Martine L. Petauton , le Jeudi, 07 Octobre 2021. , dans La Une CED, Les Chroniques


Certains la nomment « la reine George », cette américaine qui n’écrit que sur l’Angleterre, et abat, bon an mal an, son compte de pas loin de 20 magistraux romans policiers à ce jour ; chacun meilleur que l’autre dans une parfaite justesse digne de la bonification d’un Earl Grey de légende, et Dieu sait qu’on en boit en lisant, sans oublier les bières…

Elle a, dans une autre vie, avant l’écriture, beaucoup fait lire à des étudiants le miel du policier anglais. Agatha, tellement évident – elle est là à chaque page, comme en creux d’une autre époque, mais aussi Conan Doyle et Peter James. Les grands classiques anglais aussi, cités au détour des pages, avec l’exacte référence, car la dame écrit, dit-elle, des policiers qui sont aussi des romans, et tant qu’à faire, revendiquent une belle et rigoureuse écriture.