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L’écorce rouge, Murielle Compère-Demarcy (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 04 Mai 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie, Z4 éditions

L’écorce rouge, Murielle mars 2020, 166 pages, 15 € . Ecrivain(s): Murielle Compère-Demarcy Edition: Z4 éditions

 

Le livre des heures naturelles

Ouvrir un recueil de poésie et écouter la voix d’un poète, c’est abandonner pour un temps l’utilitarisme étriqué et mettre à distance le monde pragmatique dans lequel nous oublions trop souvent l’essentiel de nos vies. C’est aussi écouter une musique singulière, partager l’originalité d’un regard et encore suivre « la magnifique et sauvage déraison » selon le mot de Nietzsche dans Le Gai Savoir. Tout cela, nous le ressentons en abordant le recueil de la poétesse Murielle Compère-Demarcy, L’écorce rouge.

L’ouvrage se présente comme un triptyque. Les textes de L’écorce rouge sont suivis de Prière pour Notre-Dame de Paris (texte de circonstance, s’il en est) et de Hurlement (ce dernier étant dédié à Patti Smith). Il y a dans les poésies de Murielle Compère-Demarcy, qui publie également sous le nom de MCDem, une force d’écriture, une ardeur et une volonté entêtée de marquer sa présence, ce qu’elle appelle le « Vivre » et « l’Ecrire » face au monde. « J’écris, rai de lumière vacant battant des ailes / sur le seuil de la porte obstruée du jour ».

Sanction, Ferdinand von Schirach (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 06 Avril 2020. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Langue allemande, Nouvelles, Gallimard

Sanction, Ferdinand von Schirach, février 2020, trad. allemand, Rose Labourie, 169 pages, 16 € Edition: Gallimard

Généalogie de nos fautes

Cousine du genre romanesque, la nouvelle est un récit bref, tendu, centré autour de peu de personnages et conduisant vers une « chute ». Elle n’est pas qu’un « roman court », comme on le dit parfois. Elle possède ses particularités, l’art de la litote, la capacité de suggérer plutôt que de détailler longuement, et un style épuré, des mots choisis, une écriture à la serpe. Néanmoins, derrière cette économie d’écriture, elle sait dire le drame d’un personnage, évoquer la complexité d’un autre ou encore faire découvrir une situation inédite. Un genre à part entière, trop négligé par le monde de l’édition, à notre goût.

Il est des auteurs amateurs de nouvelles, Maupassant, Stefan Zweig, Alice Munro, pour les plus célèbres. Et c’est le cas de l’auteur allemand Ferdinand von Schirach dont le dernier opus Sanction paraît chez Gallimard dans la Collection Du Monde entier. Comme ses autres recueils de nouvelles, Crimes, Coupables, le livre gravite autour du monde de la justice. Von Schirach est d’ailleurs un célèbre avocat pénaliste outre-Rhin.

L’œil du Quattrocento, L’usage de la peinture dans l’Italie de la Renaissance, Michael Baxandall (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 02 Mars 2020. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres, Arts

L’œil du Quattrocento, L’usage de la peinture dans l’Italie de la Renaissance, Michael Baxandall, Gallimard, coll. Tel, janvier 2020, trad. anglais Yvette Delsaut, 240 pages, 14,50 €

Contempler une œuvre d’art

Dans Rome, Naples et Florence, Stendhal rapporte son arrivée à Florence. C’était en 1817. Son cœur, nous dit-il, « bat avec force » à l’approche de la cité des Médicis, là où vécurent les grandes figures de la Renaissance. Il se sent profondément ému, « hors d’état de raisonner » et se livre à sa folie « comme auprès d’une femme qu’on aime ». Un curieux trouble qui resurgira lors de sa visite de la ville et des chefs-d’œuvre qu’elle contient. On se prendrait volontiers pour Stendhal lorsqu’on ressent une émotion aussi intense à contempler les grandes peintures, notamment celles du Quattrocento, Fra Angelico, Masaccio, Botticelli, Piero della Francesca et autres…

D’ailleurs, que contemplons-nous dans une œuvre d’art ? La question n’est pas un sujet de philo au bac mais elle interpelle quiconque fréquente de telles œuvres. La vie est faite d’une succession de sensations toutes aussi éphémères les unes que les autres. Un sourire esquissé est voué à disparaître, la beauté d’un visage est condamnée à flétrir, le charme de toutes choses possède un je ne sais quoi de fugace.

Les grands cerfs, Claudie Hunzinger (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mardi, 03 Décembre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Grasset

Les grands cerfs, août 2019, 192 pages, 17 € . Ecrivain(s): Claudie Hunzinger Edition: Grasset

 

Ecrire à proximité des bêtes.

Entrer dans le livre de Claudie Hunzinger, Les grands cerfs, c’est passer le seuil d’un univers fait de grands vallons, de secrètes parcelles forestières et de sentiers cachés au plus profond des Vosges alsaciennes. Non pas des chemins qui ne mènent nulle part mais qui nous conduisent au plus près du monde animal.

Le livre commence d’ailleurs comme le grand essai de Jean-Christophe Bailly, Le versant animal. Un cerf apparaît dans les phares d’une voiture sur une route de campagne. Chez Jean-Christophe Bailly c’est l’occasion d’une approche du mystère animal, chez Claudie Hunzinger ce sera le point de départ d’une enquête et de la révélation d’une passion intense.

L’Emerveillement, Pascal Dethurens (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Mardi, 15 Octobre 2019. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Arts, L'Atelier Contemporain

L’Emerveillement, Pascal Dethurens, mai 2019, 288 pages, 25 € Edition: L'Atelier Contemporain

 

Le soleil éblouissant de l’œuvre d’art

Autant l’écrire tout de suite, l’ouvrage de Pascal Dethurens, L’émerveillement, est d’une richesse étonnante. Comme l’indique son sous-titre, De la présence dans la poésie et l’art modernes, il nous invite à nous interroger sur l’expression de la « présence » des choses, des êtres, de l’être dans l’œuvre d’art. Sujet à première vue déconcertant, et pourtant… Bien que l’auteur soit un universitaire qui manie le verbe avec rigueur, précision et emphase, son ouvrage intéressera quiconque aime l’art. Surtout ceux qui sont restés parfois de longs moments à contempler une œuvre d’art ou qui ont lu et relu un poème aimé, autant dire tout le monde.

L’ouvrage relève d’une sorte de Musée imaginaire au sens que Malraux a donné à cette expression. On voyage devant des œuvres, émasculées de leur enracinement historique, à la quête de cet élémentaire qu’elles disent toutes, la présence de l’être. Une quête qui selon l’auteur anime toute une partie de la création esthétique.