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Articles taggés avec: Bret Stéphane

Car si l’on nous sépare, Lisa Stromme

Ecrit par Stéphane Bret , le Lundi, 27 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Iles britanniques, Roman

Car si l’on nous sépare, Lisa Stromme, éd. HarperCollins, traduiction de l'anglais collective, mars 2017, 321 pages, 18,90 € . Ecrivain(s): Lisa Stromme

 

La réécriture de la vie d’un peintre, y compris sous l’angle purement romanesque est un exercice malaisé. Lisa Stromme, auteure de Car si l’on nous sépare, se sort avec brio de cette embûche. Nous sommes en 1893, en Norvège, patrie d’Edvard Munch, peintre le plus célèbre de ce pays, dans le petit village de pêcheurs d’Asgardstrand. Johanne Lien, fille d’un fabricant de voile, est embauchée le temps d’une saison chez les Ihlen, famille bourgeoise. Elle se lie avec l’une des filles de la maison, Tullik Ihlen, qui va lui présenter bientôt Edvard Munch, et l’introduire dans le monde de la bohème et des artistes, univers inconnu de cette jeune fille promise à Thomas, un martin-pêcheur du village qui envisage de l’épouser.

Le roman de Lisa Stromme est articulé par chapitres, chacun traitant d’une couleur ou d’une technique de l’art pictural. Ces titres de chapitres sont inspirés de l’œuvre de Goethe, Traité des couleurs. Au-delà de ce découpage, c’est la découverte par les deux principales héroïnes du roman, Johanne et Tullik, qui nous est offerte par Lisa Stromme. Ainsi, de la perspective de l’émancipation, de l’exercice du libre arbitre que Johanne pressent en écoutant son amie évoquer Hans Jaeger, peintre norvégien :

La position du pion, Rafael Reig

Ecrit par Stéphane Bret , le Jeudi, 16 Mars 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Espagne, Roman, Métailié

La position du pion, traduit de l'espagnol par Myriam Chirousse février 2017, 286 pages, 20 € . Ecrivain(s): Rafael Reig Edition: Métailié

 

Dans les environs de Madrid, à El Tomillar, un groupe d’amis, composé de couples, attend leur ancien leader Luis Lamana, surnommé Le Gros. Il est de retour des Etats-Unis. Tous, à des degrés divers, appréhendent sa venue car ils sont ex-militants communistes et craignent des révélations sur eux-mêmes ou sur d’autres proches. Leurs parcours, leurs origines, sont des échantillons de l’histoire de l’Espagne contemporaine : Pablo Poveda, romancier, auteur de La Plénitude du mauve, et d’Intermittences, qui lui valu un succès remarquable ; Alicia, son épouse, assimilée à une cariatide, en raison de sa grande taille qui surplombe ses interlocuteurs ; Ricardo Ariza est architecte et cultive un raffinement de bon aloi ; Carlota Casarès est photographe ; Alejandro Urrutia, navigateur ; et Lola Salazar, épouse de ce dernier. Enfin, Johnny, de son vrai prénom Julian, est le fils d’Isabel Azcoaga, mais doute fortement de l’identité de son père, et recherche ses véritables origines.

Deuxième chambre du monde, Jean-Philippe Domecq

Ecrit par Stéphane Bret , le Samedi, 25 Février 2017. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Serge Safran éditeur

Deuxième chambre du monde, février 2017, 131 pages, 14,90 € . Ecrivain(s): Jean-Philippe Domecq Edition: Serge Safran éditeur

 

Dans ce roman, Jean-Philippe Domecq nous entraîne dans la métaphysique fiction, genre littéraire tendant vers un enrichissement de la perception du monde aux confins du romanesque et de l’interrogation de nature métaphysique. Deuxième chambre du monde met en scène un homme, qui semble vivre médiocrement, habité par la routine et la répétition mécanique de ses gestes et actes les plus quotidiens. Il semble ne pas avoir d’ailleurs une très grande estime de lui-même. Pour tromper son ennui, ou peut-être rechercher des sensations intenses, il scrute tout : son quartier, les lumières des immeubles voisins, la présence réelle ou supposée de ces derniers. Pourtant, un soir, sa persévérance est sur le point d’être récompensée : il voit le reflet d’une fenêtre qui s’allume, croit-il, au-dessus de chez lui. Il est envahi par cette présence, il en devient obnubilé. Le récit nous révèle, très graduellement, l’idée que le personnage central se fait de lui-même :

« C’est là que la nuit m’a dit, ou elle, l’ombre : Pourquoi avoir honte, c’est regimber contre ton inconsistance, quand telle est ta substance. N’est-il pas doux de se sentir creux au creux de l’air ? »

Cartographie de l’oubli, Niels Labuzan

Ecrit par Stéphane Bret , le Mardi, 15 Novembre 2016. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Roman, Jean-Claude Lattès

Cartographie de l’oubli, août 2016, 522 pages, 20 € . Ecrivain(s): Niels Labuzan Edition: Jean-Claude Lattès

 

Que sait-on de l’action des Allemands en Afrique ? Et plus particulièrement dans le Sud-ouest africain, région sur laquelle l’Empire allemand avait réussi à établir son protectorat dans les années 80 du XIXe siècle ? Peu de choses, à vrai dire, et le roman de Niels Labuzan vient à point combler cette lacune et répondre à nos interrogations légitimes.

En 1889, un groupe de soldats allemands débarque dans le Sud-ouest africain. Jacob Ackermann en fait partie, il est jeune, âgé de dix-neuf ans. C’est un lieutenant discipliné, patriote, qui pressent que sa vie sera bien plus utile, bien plus passionnante ici qu’en Allemagne. Au milieu de ce décor, de ces déserts, ces étendues infinies, tout lui semble possible. En 2004, un jeune Namibien, métis d’Allemand et d’Africain, assiste à une cérémonie commémorant le massacre des Hereros, une tribu composant autrefois la population du Sud-ouest africain. Les deux personnages vont dialoguer durant tout le roman, à plus d’un siècle de distance.

Albert le magnifique, Brigitte Benkemoun

Ecrit par Stéphane Bret , le Mercredi, 19 Octobre 2016. , dans La Une Livres, La rentrée littéraire, Les Livres, Critiques, Roman, Stock

Albert le magnifique, septembre 2016, 300 pages, 19,50 € . Ecrivain(s): Brigitte Benkemoun Edition: Stock

 

Dans ce récit, Brigitte Benkemoun retrouve la trace de son arrière-grand-oncle Albert sur les stèles du mémorial de la Shoah. Elle est intriguée par le changement de patronyme : Albert est mentionné sous le nom d’Achache-Roux. Pourquoi ?

L’explication sera distillée au lecteur, chapitre après chapitre, chacun d’eux éclairant les différents épisodes de la vie d’Albert le Magnifique. Tout commence dans la famille Achache, née à Tlemcen, dans l’Ouest algérien. Cette ville est alors « la perle du Maghreb, la Grenade africaine », vieille cité hispano-mauresque capitale du Maghreb oriental et se posant en rivale de Fès, la Marocaine. Le père Younah est commerçant, Saada, l’épouse, veille à l’éducation de ses quatre enfants, trois garçons Ghali, Léon, Daniel, Albert… et une fille Sarah. L’Algérie de cette époque est ambivalente ; elle est marquée par des campagnes antisémites régulières, orchestrées par certains colons, elle vient aussi, par le décret  Crémieux, d’accorder la citoyenneté française aux juifs d’Algérie, considérés encore comme des « Indigènes ».