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Articles taggés avec: Abraham Patrick

Les Femmes, anthologie, Gérald Duchemin (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 26 Mars 2025. , dans La Une Livres, Anthologie, Les Livres, Critiques

Les Femmes, anthologie, Gérald Duchemin, éditions Le Chat Rouge, novembre 2024, 270 pages, 26 €

 

Gérald Duchemin, co-fondateur et co-directeur du Chat Rouge, aime les anthologies : je renvoie à ses Fous de l’absinthe (2019) et à ses Fous de Venise (2023). Il a raison : elles favorisent les déambulations heureuses, poussent à rouvrir un livre endormi sous la poussière d’une bibliothèque, incitent aux découvertes.

Les Femmes, à présent. Comme pour Les Fous de Venise, le format oblong et étroit surprendra. Duchemin ne défend pas seulement la littérature en soi, mais l’élégance de ses supports. La graphie est soignée, la couleur de la couverture attrayante. Gilbert Lely, poète souverain, « inventeur » et biographe de Sade, dans un article du Courrier graphique d’octobre 1938, s’est interrogé sur la manière dont devrait être édité Lautréamont pour que l’objet-livre et son contenu concordent avec le plus d’exactitude possible. Je doute que Gérald Duchemin soit lecteur de Gilbert Lely. Mais Gilbert Lely aurait apprécié les livres publiés par Gérald Duchemin.

Le Livre de la mort, Khalid Jawed (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mardi, 04 Mars 2025. , dans La Une Livres, En Vitrine, Cette semaine, Les Livres, Critiques, Asie, Roman

Le Livre de la mort, Khalid Jawed, éditions Banyan, décembre 2024, trad. ourdou (Inde), Rosine-Alice Vuille, 127 pages, 17 €


La publication par les éditions Banyan du Livre de la mort de l’écrivain indien contemporain Khalid Jawed est une excellente nouvelle tant sont rares les traductions françaises de la littérature de langue ourdoue, continent quasi inexploré pour nous. On félicitera David Aimé pour cette initiative et Rosine-Alice Vuille pour la remarquable qualité de son travail.

Mais Le Livre de la mort, malgré sa brièveté, est en soi un grand livre par sa densité ténébreuse – je veux dire qui marque dès la première lecture en nous ouvrant sur nos ténèbres et nous obligeant à une série de relectures.

Rimbaud est vivant, Luc Loiseaux (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 13 Février 2025. , dans La Une CED, Les Chroniques, Les Livres

Rimbaud est vivant, Luc Loiseaux, Gallimard, novembre 2024, 271 pages, 39 €

 

Encore Rimbaud ? Oui. À croire qu’il est devenu une tête de gondole pour les éditeurs. Sans doute parce que la version affadie, commerciale de son mythe, pour reprendre le titre d’un essai d’Étiemble ayant fait du bruit en son temps, séduit nos contemporains et correspond à leur vision de la poésie et d’une carrière de poète.

Un « hôtel littéraire » à son nom (quatre étoiles) s’est ouvert à Paris, il y a quelques années : son chiffre d’affaires est florissant, paraît-il. Tant mieux pour son propriétaire, et tant pis pour lui, Rimbaud, qui a souvent dormi dans des bouges. À Charleville, son souvenir est partout, entretenu avec un sens de la réclame aiguisé. Librairie Rimbaud. Collège Rimbaud. Boulangerie pâtisserie Rimbaud. Coiffeur barbier Rimbaud. Médiathèque « Voyelles ». « Cuvée d’Arthur », même (excellente bière, au demeurant, à déguster, Place Ducale, un jour point trop pluvieux, avec un boudin blanc de Rethel).

Henry de Montherlant, moraliste des sens, Clarisse Couturier-Garcia (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Jeudi, 30 Janvier 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Essais, Classiques Garnier

Henry de Montherlant, moraliste des sens, Clarisse Couturier-Garcia, Classiques-Garnier, novembre 2024, 425 pages, 39 € Edition: Classiques Garnier

 

Pour bien comprendre la visée et la démarche de Clarisse Couturier-Garcia, je conseillerais de commencer le livre par la conclusion (pp.391 à 400) où sont résumées les principales étapes de son parcours :

1/ Couturier-Garcia se penche d’abord (pp.35 à 178 : « L’écriture du désir et de la sensualité ») sur les recueils poétiques des années vingt et trente (Les Olympiques et Encore un instant de bonheur), dont le classement générique pose d’ailleurs problème, et sur les romans sinon autobiographiques, du moins « subjectifs » comme Le Songe (1922), Les Bestiaires (1926), la tétralogie des Jeunes filles (1936-1939) et Les Garçons (1969) où, par le biais de transpositions narratives, Montherlant a mis beaucoup de lui-même.

Michel Foucault en son Escurial, essai poétique, Vincent Petitet (par Patrick Abraham)

Ecrit par Patrick Abraham , le Mercredi, 15 Janvier 2025. , dans La Une Livres, Les Livres, Critiques, Poésie

Michel Foucault en son Escurial, essai poétique, Vincent Petitet, éditions du Vol à Voile, novembre 2024, 52 pages, 16 €

 

1/ L’essai poétique de Vincent Petitet Michel Foucault en son Escurial, mince mais d’une rare densité, commence là où commençaient Les mots et les choses : par une description et une analyse des Ménines de Velasquez avec la présence/absence de Philippe IV et de Marie-Anne d’Autriche, reflétés dans un miroir, qui donne son vrai sens au tableau. Petitet convoque ensuite Hugo, qui a médité dans La Rose de l’infante sur la « légende noire » de Philippe II, aïeul de Philippe IV, commanditaire de l’Escurial d’où et par où règne le monarque, lieu, symbole et instrument de son pouvoir, puis sollicite Bataille, Heidegger, Musil, Kafka et Dostoïevski au fil d’une réflexion acérée soutenue par un style lumineux comme une neige himalayenne.