Le Times de New York publia, en 1891, la notice nécrologique suivante : « Il vient de mourir et d’être inhumé dans notre ville, cette semaine, à un âge avancé, un homme si peu connu, même de nom, de la génération aujourd’hui dans sa pleine maturité, qu’il ne s’est trouvé qu’un seul journal pour lui consacrer une notice nécrologique, et celle-ci n’était longue que de trois ou quatre lignes ». De quel homme s’agit-il ? Melville. Inconcevable, n’est-ce pas ? Et pourtant cela fut.
« Comme c’est le cas de bien d’autres icônes littéraires américaines, relate Philippe Jaworski dans son excellente introduction, Moby-Dick s’est peu à peu glissé dans tous les recoins de la conscience nationale. […] Accédant au rang de classique universel, la sombre histoire imaginée par Melville n’a pas laissé indifférents cinéastes, musiciens, dessinateurs, illustrateurs, peintres (abstraits aussi bien que figuratifs), adaptateurs en tout genre ».