Nicole Krauss est de retour. Elle est de ces écrivains qui ont choisi la rigueur, l’exigence de la littérature. Ce roman est fascinant, bâti autour de deux personnages insaisissables, en quête d’une impossible et évanescente identité. La narration alterne les pistes, celle de Epstein, vieil homme « perdu » – au sens propre du terme, il a disparu de sa résidence à Tel Aviv – et Nicole, la narratrice des chapitres qui lui sont dédiés, dans laquelle Nicole Krauss semble avoir mis beaucoup d’elle-même, jusqu’à son prénom. Ces deux personnages, qui ne se connaissent pas, ont dès le début quelque chose en commun : leurs allers-retours entre leurs résidences, New-York et Tel Aviv.
Tel Aviv, d’une présence puissante tout au long du roman, avec ses personnages étranges, souvent un peu fous, ses rabbins savants et drôles, ses habitants pleins de vie malgré la menace permanente de la mort qui guette sous la forme des missiles lancés régulièrement de Gaza. Et, dans Tel Aviv, se dresse un personnage-clé du roman : l’Hôtel Hilton, une masse de béton de style brutaliste, hideux mais toujours empli de touristes du monde entier car au bord de la Méditerranée et de ses plus belles plages. L’Hôtel Hilton, tellement central dans ce récit que nous avons droit à trois photos en noir et blanc du bâtiment, l’Hôtel Hilton, ses rencontres improbables et ses secrets. Le Hilton de Tel Aviv, objet d’obsession pour Nicole :