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Coup de vent, Mark Haskell Smith (par Catherine Dutigny)

Ecrit par Catherine Dutigny/Elsa , le Mercredi, 18 Septembre 2019. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallmeister, La rentrée littéraire

Coup de vent, septembre 2019, trad. américain, Julien Guérif, 256 pages, 22 € . Ecrivain(s): Mark Haskell Smith Edition: Gallmeister

 

C’est plus une tornade, ou pour rester en phase avec la localisation d’une partie du roman, plus un ouragan qu’un coup de vent qui ébranle les locaux de la société InterFund, basée à Wall Street et abritant de brillants traders, lorsque l’un d’eux, peut-être le plus performant sur le marché des changes, se volatilise en laissant derrière lui un trou de dix-sept millions de dollars. Son nom : Bryan LeBlanc. Ses particularités : considérer qu’être honnête dans un travail par essence malhonnête ne réussit pas à satisfaire totalement sa moralité à géométrie variable, que trimer quatre-vingts heures par semaine derrière les moniteurs d’un « open space » ne comble pas sa soif de liberté et qu’exploiter son semblable ne mène pas au bonheur. Autre signe distinctif : être doté d’une intelligence très au-dessus de la moyenne qui lui a permis de concevoir et de réaliser une arnaque difficilement décelable, de préparer dans les moindres détails sa fuite vers les Caraïbes, de se former sans difficulté à la navigation à la voile, histoire de profiter de la moindre risée pour fuir la vie de dingue de ses anciens collègues, le tout en écoutant de la musique et en dégustant les meilleurs vins de la planète.

Mary Ventura et le neuvième royaume, Sylvia Plath (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 13 Septembre 2019. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, La Table Ronde

Mary Ventura et le neuvième royaume, mai 2019, trad. anglais Anouk Neuhoff, 48 pages, 5 € . Ecrivain(s): Sylvia PLATH Edition: La Table Ronde

 

En 1952, Sylvia Plath, vingt ans, écrivait une nouvelle que publie enfin La Table Ronde, dans sa version d’origine (refusée pour noirceur alors). C’est une nouvelle terrifiante. Mary Ventura et le neuvième royaume nous plonge dans un voyage ferroviaire de pure terreur. Le train serait-il celui de la vie, et le trajet sans retour ? Mary, quoique réticente, prend, à l’invite de ses parents, le train. « Un voyage de formalité » dira la mère. Mary se dit « non prête pour le voyage ».

Le lecteur comprendra très vite que son personnage est mal embarqué, et les situations décrites, les dialogues, l’enjoignent à prêter une attention vive à ce qui se déroule, selon le rythme d’une machinerie infernale. L’air de rien, l’auteure, jeune, instille un malaise qui ne fera que croître, station après station, « royaume après royaume ». On évoque la noirceur des tunnels, l’improbable retour, les fenêtres du train s’émaillent de drôles de figures.

La surprise sera-t-elle au bout de la route ? Ou la méprise ? L’art de la jeune romancière est d’inscrire une réflexion philosophique sur la trame du voyage : la vie, la mort, l’autre, le destin sont autant de stations que tout esprit rameute.

Kahawa, Donald Westlake (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Lundi, 02 Septembre 2019. , dans USA, Les Livres, Critiques, Polars, La Une Livres, Rivages/noir

Kahawa, Donald Westlake, Rivages Noir, juin 2019, trad. anglais (USA) Jean-Patrick Manchette, 640 pages, 10,70 € . Ecrivain(s): Donald Westlake Edition: Rivages/noir

 

L’action de ce roman se déroule en 1977 en Afrique orientale. Il s’agit de détourner un train et sa cargaison de café, principale exportation du pays, d’une valeur de 36 millions de dollars. Ce hold-up est fomenté par un proche, conseiller blanc, d’Idi Amin Dada, le capitaine baron Chase. Ce dernier est associé à des Indo-Pakistanais, anciens habitants et commerçants d’Ouganda chassés par le régime du président sanguinaire, et vivant au Kenya. L’opération sera menée entre autres par deux mercenaires américains, anciens « bérets verts », Lew Brady et Frank Lanigan ainsi qu’Ellen la compagne de Lew.

Cette histoire abracadabrante, qui consiste à faire disparaître au nez et à la barbe de l’armée du président d’Ouganda son train de café, est totalement inventée même si un certain nombre de personnage sont réels, tel l’archevêque Janani Luwum. Elle est néanmoins une formidable illustration de l’état d’esprit qui régnait à cette époque-là dans ce pays et de l’humour de Westlake.

Au Pays des choses dernières, Paul Auster (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 04 Juillet 2019. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Babel (Actes Sud)

Au Pays des choses dernières (In The Country Of Last Things), trad. américain Patrick Ferragut, 267 pages, 7,70 € . Ecrivain(s): Paul Auster Edition: Babel (Actes Sud)

 

Où est Anna Blume ? Elle a assurément quitté ses pénates pour aller se perdre – à jamais ? – dans une ville effrayante, lieu des plus grands désordres qu’elle ait jamais connus, un quelque part de terreur, de douleur et de misère. L’épigraphe du roman, signée Nathaniel Hawthorne, est seule à donner nom à cette ville sans nom.

 

« Il n’y a pas si longtemps, ayant fran-

chi les portes du rêve, j’ai visité cette

Région de la terre où se trouve la

Célèbre Cité de la Destruction ».

La Maison d’Haleine, William Goyen (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Jeudi, 27 Juin 2019. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Gallimard

La Maison d’Haleine, William Goyen, trad. américain Maurice-Edgar Coindreau, 250 pages, 7,20 € . Ecrivain(s): William Goyen Edition: Gallimard

 

Il faut imaginer un William Faulkner qui serait un pur poète pour se faire une idée de ce roman sudiste, plein d’une nostalgie qui jouxte le désespoir. Un chef-d’œuvre littéraire à placer au plus haut des joyaux du Sud. Et traduit par l’immense Maurice-Edgar Coindreau, autant dire une priorité de lecture absolue.

La Maison d’Haleine est située à Charity, au Texas qui, un temps, a connu le bonheur.

« C’était une grande maison, vaste, vivante, traversée dans toute sa longueur par un long corridor ; et beaucoup de personnes y habitaient : Aunty, l’oncle Jimbob, Tante Malley, l’oncle Walter Warren, Christy, Grand’Maman Ganchion, et tous les cousins et cousines, grands et petits : Swimma, Follie, Barryben, Jessie, Maidie, tous – même miss Hattie Claig qui vint habiter avec nous ».