Identification

USA

Angle d’Équilibre, Wallace Stegner (par Patrick Le Henaff)

Ecrit par Patrick Le Henaff , le Jeudi, 14 Mars 2024. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Libretto

Angle d’Équilibre, Wallace Stegner, Libretto, traduit de l’américain par Éric Chédaille, 736 p. Edition: Libretto

 

Je souhaiterais partager l’exploration de ce formidable auteur, Wallace Stegner, découvert récemment avec le très beau La Vie Obstinée.

Wallace Stegner est un auteur Américain injustement méconnu en France, né en 1909 dans l’Iowa et mort en 1993. On peut le ranger dans la catégorie des auteurs naturalistes, écologue plutôt qu’écologiste militant, féru d’écosystèmes, de flore et de faune dont il est un magnifique laudateur et expert. Il est très connu aux États-Unis où il fut l’inspirateur de belles pointures de la littérature US, comme Jim Harrison qui le considérait comme la figure centrale de la littérature de l’Ouest. Enseignant chercheur à l’origine, il passe rapidement à la littérature et à son enseignement.

Dis-moi de vivre (Bid Me to Live), Hilda Doolittle (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 14 Mars 2024. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Récits, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Dis-moi de vivre (Bid Me to Live), Hilda Doolittle, éd. des femmes-Antoinette Fouque, janvier 2024, trad. anglais (États-Unis) Claire Malroux, 228 pages, 9 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

 

Dislocation

IV

Hilda Doolittle (H.D.) emprunte pour le titre du 4ème tome de son cycle autobiographique et féministe, écrit en 1947 : Portrait d’aujourd’hui – après Dis-moi de vivre, Le Don, Hermione – les premiers mots des vers du célèbre poète anglais Robert Herrick (1591-1674, vicaire dans le comté de Devon) : « Dis-moi de vivre, et je vivrai / pour être ton Champion : / Ou dis-moi d’aimer, et je me ferai / Pour toi un cœur aimant… ». Ce nouvel ouvrage campe la génération « de moins ou d’à peine plus de trente ans [qui plongeait] encore des racines dans un passé lointain ». Cette génération ayant survécu à deux guerres mondiales, intellectuels, suffragettes et artistes, élevés entre deux siècles, entre des courants artistiques divers, de l’art nouveau, du symbolisme, de l’orientalisme au dadaïsme et au cubisme, jusqu’à l’expressionnisme abstrait.

Les Aventures de Tom Sawyer & Les Aventures de Huckleberry Finn, Mark Twain (par Didier Smal)

Ecrit par Didier Smal , le Lundi, 11 Mars 2024. , dans USA, Les Livres, Les Chroniques, La Une CED

Les Aventures de Tom Sawyer & Les Aventures de Huckleberry Finn, Mark Twain, éditions Tristram, Coll. Souple Deluxe, mars 2023, trad. anglais (Etats-Unis), Bernard Hoepffner, 336 pages, 14,90 €, octobre 2023, 442 pages, 16,90 €

 

Chut, taisons-nous, car Twain avertit en ouverture des Aventures de Huckleberry Finn : « Quiconque tente de trouver une motivation à ce récit sera poursuivi ; quiconque tente d’y trouver une morale sera banni ; quiconque tente d’y trouver une intrigue sera fusillé ». Puis non, reprenons, car Twain a raison : que ce soit dans celles de Huckleberry Finn ou celles de Tom Sawyer, nulle morale à découvrir dans ces Aventures, nulle intrigue sous-jacente puisque ces récits s’interrompent avant de sortir de l’enfance après avoir accumulé des épisodes aux tonalités diverses, et la seule motivation à trouver serait la suivante, explicitement mentionnée par Twain lui-même (nous voici saufs) dans Tom Sawyer : écrire l’enfance, ce en quoi ces deux romans sont de pures réussites – comme chacun le sait depuis sa propre enfance, depuis sa première confrontation à ces chefs-d’œuvre, peut-être bien sous la couverture cartonnée de la Bibliothèque Verte.

Le Don (The Gift), Hilda Doolittle (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 07 Mars 2024. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Biographie, Récits, Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Le Don (The Gift), Hilda Doolittle, dite H.D., éd. des femmes-Antoinette Fouque, 2024, trad. anglais (États-Unis) Claire Malroux, 168 pages, 9 € Edition: Editions Des Femmes - Antoinette Fouque

Scènes d’enfants

III

Dans Le Don, écrit en 1941, à nouveau l’histoire des États-Unis prend forme au sein des ressouvenances d’H.D. petite fille, constitutifs de sa chair même de descendante d’émigrants et de pionniers : « C’était la vie dans sa plénitude, une vie qui n’était pas destinée à sécher dans la mémoire comme la mousse pressée (…) ».

Le don, c’est le legs biologique et psychologique d’Hilda Doolittle, l’héritage du père astronome, la délicatesse de la mère musicienne, les litanies, les chants bibliques, les légendes de la parentèle et les lectures de contes de fées. À ces valeurs s’ajoutent celles de l’abolitionnisme, de l’idéal de liberté et de fraternité d’une famille éduquée. L’enchantement passe par la vision, par « le regard fasciné de ces enfants américains » bouleversés par une pièce de théâtre ambulant sur l’esclavage, regard venu de « leurs ancêtres visionnaires de l’Europe centrale et leurs aïeux de l’Angleterre élisabéthaine ».

Treize histoires (These Thirteen), William Faulkner (par Léon-Marc Levy)

Ecrit par Léon-Marc Levy , le Mercredi, 06 Mars 2024. , dans USA, Les Livres, Critiques, La Une Livres, Nouvelles, Folio (Gallimard), En Vitrine, Cette semaine

Treize histoires (These Thirteen), William Faulkner, Folio . Ecrivain(s): William Faulkner Edition: Folio (Gallimard)

 

Lire quelques pages de Faulkner amène chaque fois à se demander pourquoi on lit d’autres auteurs. Faulkner a épuisé les possibilités de la fiction en prose, non par la sophistication du style ou des champs lexicaux rares, mais par un phénomène presque purement optique. Panoptique peut-on dire, tant son monde est le fruit d’un regard absolu, totalisant, sur les personnages et les lieux qu’ils peuplent. L’auteur regarde ce qu’il crée, il est spectateur des gens, des situations, et il en rend compte. Rien de ce qu’il invente ne lui appartient, il le met juste à la disposition du lecteur, qu’il investit du pouvoir – redoutable – de comprendre. On est aux antipodes de la fiction romanesque française, voire européenne où l’auteur raconte, explique, conclut. C’est là toute la « difficulté » de lire Faulkner : il faut prendre le temps pour comprendre, ne pas tendre en permanence vers le moment de conclure. Laisser vivre les personnages, les suivre, les voir, les écouter parler, sans chercher sans cesse où ils vont, ce qu’ils font, pourquoi ils le font. Le sens viendra à qui sait attendre pour entendre.