Heureux qui, comme Onfray, a fait un beau voyage en Polynésie française sur les traces de Victor Segalen, homme de lettres tourmenté né à Brest en 1878 et retrouvé mort en 1919 dans la forêt d’Huelgoat en Bretagne. Lors de ses nombreuses pérégrinations, cet écrivain voyageur, médecin de formation, dépressif d’adoption, a séjourné plusieurs mois à Tahiti et aux îles Marquises, en quête « d’un monde épargné par l’idéal ascétique chrétien ».
Au fil de son séjour aux antipodes, par petites touches, Michel Onfray dessine le portrait de ce poète opiomane et, en philosophe du corps, du désir et de la terre, ressuscite son esprit nietzschéen : « Segalen fut un grand voyant, l’un de ces corps fragiles par lesquels passe toute l’énergie de la nature ».
En s’exilant en Polynésie où « le sublime envahit la vie quotidienne », Victor Segalen fuyait la frilosité grisailleuse de sa patrie irriguée par une mentalité judéo-chrétienne pourvoyeuse de honte, d’interdits et de culpabilité. Il y découvre des paysages enchanteurs, savoure une sexualité décomplexée et libre.