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Recensions

Jacaranda, Gaël Faye (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Vendredi, 21 Mars 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Grasset

Jacaranda, Gaël Faye, Grasset, août 2024, 286 pages, 20,90 € Edition: Grasset

 

L’arbre Jacaranda peut sembler symbolique d’un faisceau d’événements : il est à coup sûr le symbole de l’arbre généalogique sous lequel s’abrite l’une des voix de cette histoire, Stella, étoile sous l’arbre de la tradition, image même du sacré bafoué par le massacre de 1994.

Sur fond de génocide au Rwanda, le personnage principal du roman, Milan, narrateur des faits, explore sur le long cours de 1998 à 2020 ses rapports à la fois complexes et clairs avec le pays d’origine, ses parents, sa famille de là-bas.

Les divers voyages à Kigali ou ailleurs lui ont permis de revoir une partie de sa famille, la mère de sa mère, des amis, et même d’avoir l’occasion de se donner un oncle dont il ignorait tout, Claude.

Cherchant à finaliser une thèse sur le génocide, Milan part à la fois pour se retrouver, et pour tenter de comprendre l’insupportable, l’inénarrable dans la souffrance des victimes.

À pas de loup…, Christine Schneider (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Vendredi, 14 Mars 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, Seuil Jeunesse

À pas de loup…, Christine Schneider, Seuil Jeunesse, Coll. Seuil’issime, janvier 2025, ill. Hervé Pinel, 48 pages, 5 € Edition: Seuil Jeunesse

 

Onirisme

À pas de loup… est un album jeunesse, conçu sous le signe de la nuit, qui entretient le mystère et l’onirisme nocturnes. Son format de 15x19 cm est pratique pour les très jeunes enfants. L’album est écrit par Christine Schneider, auteure jeunesse, diplômée des Beaux-Arts du Havre en 1987, et illustré par son compagnon Hervé Pinel, qui a suivi les cours de l’École d’Art du Havre. L’histoire est simple : deux enfants, frère et sœur, Louis et Claire, s’absentent de leur chambre furtivement, « se fondent dans la nuit », et l’aventure commence.

Or, dans la maison des grands-parents, il y a de la magie. En effet, la propriété douillette et le jardin attenant sont peuplés d’êtres extraordinaires…

Nightmare Alley, William Lindsay Gresham (par Jean-Jacques Bretou)

Ecrit par Jean-Jacques Bretou , le Jeudi, 06 Mars 2025. , dans Recensions, Les Livres, Polars, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Nightmare Alley, William Lindsay Gresham, Folio policier, novembre 2024, trad. anglais (États-Unis), Denise Nast, Marie-Caroline Aubert, 464 pages, 10,40 €

Ce livre publié pour la première fois en 1946 a toute une histoire. Porté une première fois au cinéma en 1947, sous le titre Le Charlatan, il fut à nouveau entre les mains d’un réalisateur en 2021, et reçut un accueil chaleureux du public sous l’appellation de Nightmare Alley. Les éditions Gallimard l’ont publié une première fois dans la Série Noire sous le titre Le Charlatan, et viennent de le rééditer en Folio Policier, sous la dénomination Nightmare Alley que l’on pourra traduire par Le Passage des Cauchemars.

Dans son intéressante préface, Nick Tosches nous raconte que l’auteur, William Lindsay Gresham, s’était engagé dans les brigades internationales pour lutter contre Franco, et en attendant son embarquement pour rentrer au USA, aurait bu des verres avec un dénommé Joseph Daniel Halliday. Ce dernier lui aurait raconté l’histoire d’un type que l’on surnommait « le geek », alcoolique au dernier degré qui pour pouvoir gagner sa ration d’alcool arrachait, dans un cirque, avec ses dents, des têtes de poulets et de serpents. Cette histoire hanta Gresham, alcoolique lui-même qui dans les années 1938-1939 écrivit son livre.

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Mercredi, 05 Mars 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Jeunesse, Seuil Jeunesse

Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard, Seuil Jeunesse, Coll. Seuil’issime, janvier 2025, 64 pages, 5 € Edition: Seuil Jeunesse

 

Les léporidés qui s’habillent

Voici un nouvel album jeunesse, au format de 15x19 cm, entièrement écrit et illustré par Antonin Louchard, né en 1954 à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso), auteur doté de plusieurs Prix dont le Prix Sorcières 2000. Plusieurs de ses ouvrages font partie de la Bibliothèque idéale du Centre national de la littérature pour la jeunesse (BnF). À la question Pourquoi les lapins ne portent pas de culotte, Antonin Louchard répond par un conte : il était une fois un jeune lapin, un lapereau (déjà sevré) affublé d’un prénom impossible à prononcer, surnommé simplement Zou.

« Le matin de notre histoire, Zou est joyeux, très joyeux même. Bien plus joyeux qu’un lapin ordinaire ». Ainsi, le héros de l’histoire s’en va musardant, chantonnant, se balader en forêt parmi les trèfles et les marguerites, cueillir des fleurs. Bref, Zou est un être champêtre. De plus il est amoureux de la jolie Betty, une demoiselle lapine aussi blanche que lui. Mais la communication s’avère difficile car la nature a ses droits et ses travers.

Ma grand-mère et le Pays de la poésie, Minh Tran Huy (par Stéphane Bret)

Ecrit par Stéphane Bret , le Vendredi, 21 Février 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Récits, Flammarion

Ma grand-mère et le Pays de la poésie, Minh Tran Huy, éd. Flammarion, janvier 2025, 176 pages, 19,50 € Edition: Flammarion

L’importance du lien avec les ancêtres, le rôle des liens familiaux sont un élément essentiel de la culture vietnamienne, marquée par le bouddhisme et le confucianisme. Mais qu’en est-il lorsque de nombreux ressortissants de ce pays ont été contraints, il y a maintenant plus de cinquante ans, de fuir leur pays natal après la prise du pouvoir par les communistes de Saigon, en 1975. C’est ce que raconte Minh Tran Huy, écrivaine déjà consacrée par plusieurs Prix littéraires et autrice de neuf livres.

Le récit de Minh Tran Huy est un hommage à sa grand-mère, surnommée très affectueusement Bà, vocable utilisé dans la langue vietnamienne et se référant à la situation générationnelle d’une personne par rapport à une autre. Minh Tran Huy prend soin de tout évoquer : la vie de Bà, au Vietnam, au moment de la première guerre d’Indochine, celle menée contre les troupes du corps expéditionnaire français ; elle y décrit l’attente du retour de l’époux et du beau-père de Bà : las, ils ont été pris tous deux dans un guet-apens à l’occasion d’un simulacre de réunion, et exécutés dans la jungle parce que jugés collaborateurs en raison de leur origine bourgeoise et de leur absence d’appartenance au parti communiste vietnamien.