« Jean-Fabien a dédié sa vie à l’étude du comportement féminin en milieu hostile avec toute la rigueur scientifique que ce sujet mérite – et toute la philosophie qu’il inspire », et cette œuvre sera son œuvre, celle que les libraires s’arracheront, celle qui fera de lui un écrivain consacré, et qui lui permettra d’aborder les femmes avec la plus grande aisance. Et son premier roman a été refusé par tous les éditeurs : « puisque tout le monde se tamponne de mes écrits… pourquoi ne pas renverser la vapeur ? ». Autrement dit, Jean-fabien va disparaître en tant qu’auteur, pour renaître en mode virtuel. Et c’est sur un blog qu’il commettra son écriture, un blog qu’il va alimenter des fluctuations de son inspiration, un blog où J-F va concrétiser ses doutes, où il va se persuader que s’il veut devenir écrivain, il doit se comporter en écrivain. « A partir du moment où je me comporte en écrivain, j’ai un succès fou ».
Mais Jean-Fabien a un métier qui lui permet de vivre ; il est ingénieur informaticien, dans une boîte typique genre « La Défense », soumis à un chef dont il a « la plus haute estime » et dont il pense que « se maintenir à cette position est, sans aucun doute, le fruit d’un travail méthodique de lèche efficace et orchestrée avec la minutie d’un sniper serbe ». La soumission à ce chef « atrophié du bulbe » fait de sa vie de travail un long ennui. Du coup, ce blog va lui offrir une chance, celle de s’inventer une nouvelle vie.