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Recensions

Souviens-toi des abeilles, Zineb Mekouar (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Jeudi, 20 Novembre 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Folio (Gallimard)

Souviens-toi des abeilles, Zineb Mekouar, Folio – 9 octobre 2025, 176 pages 9,00€ Edition: Folio (Gallimard)

 

Prix Henri de Régnier de l’Académie Française 2025, ce deuxième ouvrage de Zineb Mekouar plonge le lecteur dans un univers culturel alternatif où se mêlent et s’affrontent tradition, superstition et sacrilèges, interdits, violations des lois coutumières, conséquences tragiques du changement climatique, exil rural, contraintes socio-économiques et sentiment de dépravation culturelle et morale à l’évocation et au contact de la « civilisation » urbaine.

 

L’action se déroule en majeure partie dans le douar Inzerki, dans la province de Taroudant, et en second lieu à 80 kilomètres de là, à Agadir.

Les Moucherons, Thierry Clech (par Claire Fourier)

Ecrit par Claire Fourier , le Mardi, 18 Novembre 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Récits, Tinbad

Les Moucherons, Thierry Clech, Éditions Tinbad, septembre 2025 Edition: Tinbad

 

Voici, menées au pas de course alternant avec la sinuosité d’un fleuve pas très tranquille, les mésaventures d’un photographe qui a marié le cancer et une invasion de moucherons chez lui, au moment où sévissait le covid.

Quatre mots-clés donc : photographe, moucherons, covid, cancer. Plus le temps, toujours le temps.

 

Photographe, car c’est avec l’œil précis d’un Leica et la recherche du meilleur angle qu’est analysée une ribambelle de misères, les unes dérisoires, les autres en passe d’être mortelles ;

le souci de la qualité de la prise l’emportant sur l’accablement, ce qui réjouit le lecteur, lequel, cruel, demande toujours à un auteur de traiter avec humour les malheurs qu’il a lui-même quelque jour endurés, les traumatismes qu’il subit, ne permettant pas au livre d’en rajouter.

Où seul chasse le vent, Michel Bourçon (par Philippe Leuckx)

, le Lundi, 17 Novembre 2025. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie

Où seul chasse le vent, Michel Bourçon, Al Manar, 2025, 88p., 20 euros, photographies de l'auteur.

 

Pour le suivre depuis longtemps, je peux dire que Bourçon est un poète singulier, prolifique et égal - ce qui est rare quand la poésie est abondante. Une hyperconscience de ce qui l'entoure anime l'écriture, nourrit les poèmes, amplifie les thématiques.

On reconnaît vite un poème de son cru, parce qu'il densifie le sens des réalités intérieures, la découverte du monde (des arbres, du ciel), et la perception intime, unique des ombres au coeur et dans l'espace.

Il faut attendre la page 67 pour bien comprendre le sens et la portée du titre : "le passé/ où seul chasse le vent".

L'être traqué, torturé, tremble d'être cette conscience agissante qui repère "les éboulis", le peu de savoir (nombre de "je ne sais pas, on ne sait guère"), les pertes, et le profil angoissant de la mort et de celle de la mémoire du monde.

Gustave Flaubert, écrivain, Maurice Nadeau (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 14 Novembre 2025. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Editions Maurice Nadeau

Gustave Flaubert, écrivain, Maurice Nadeau Editions Maurice Nadeau (Poche) – 12 septembre 2025. 396 pages. 12,90€ Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Réédition en Poche « d'un essai qui a reçu, lors de sa parution en 1969, le Grand prix de la critique littéraire et qui a fait l'objet de nombreuses traductions ».

Pour la dernière version, revue, corrigée et publiée en 1990, Maurice Nadeau « a tenu compte des travaux critiques qui, ces dernières années, ont été suscités par la sortie du purgatoire d'un de nos plus grands romanciers. Ils confirment la place que la critique fait à Flaubert, non seulement en tant qu'initiateur du roman moderne, mais comme "écrivain exemplaire" ».

Ces lignes, extraites de la présentation de cet ouvrage monumental par les Editions Nadeau, en déterminent la ligne directrice.

En dépit de cette affirmation exprimée en préface avec modestie par le critique : « Je ne suis pas davantage doué pour le travail d’érudition ou, à l’autre pôle, la biographie romancée », le texte est bien d’un érudit, et le lecteur se prend dans la trame de la biographie comme dans les rets et le cours d’un roman.

33 Newport Street. Autobiographie d’un intellectuel issu des classes populaires anglaises, Richard Hoggart (par Yasmina Mahdi)

Ecrit par Yasmina Mahdi , le Jeudi, 16 Octobre 2025. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Iles britanniques

33 Newport Street. Autobiographie d’un intellectuel issu des classes populaires anglaises, Richard Hoggart, trad. Claude et Christiane Grignon, préf. Bernard Lahire, 432 p., éd. Hors d’atteinte, 2025, 21 €

 

Transfuge de classe

Richard Hoggart, né en 1914 dans une famille ouvrière de Leeds est décédé en 2014. En 1976, il a dirigé le Goldsmiths College de Londres. Il est considéré comme l’un des fondateurs des cultural studies. Son ouvrage admirable, 33 Newport Street. Autobiographie d’un intellectuel issu des classes populaires anglaises, publié en 1988, est considéré aujourd’hui comme fondamental pour la sociologie, et figure toujours dans les programmes universitaires. Son influence a été majeure pour la sociologie française.

Le grand sociologue anglais, par ce récit autobiographique singulier, inaugure une archéo-anthropologie pionnière de la classe ouvrière, elle dont l’histoire s’enfouit avec la mort de ses membres : « À part ce qui est transmis oralement, les classes populaires n’ont presque aucun sens de leur propre histoire ; et cette histoire est en général décousue, confuse et vite perdue lorsqu’ils remontent à des années qu’ils n’ont pas enregistrées ».