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Recensions

Nuit sauvage et ardente, Parme Ceriset (par Charles Duttine)

Ecrit par Charles Duttine , le Lundi, 04 Mars 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Poésie, Editions du Cygne

Nuit sauvage et ardente, Parme Ceriset, Editions du Cygne, janvier 2024, 98 pages, 13 € . Ecrivain(s): Parme Ceriset Edition: Editions du Cygne

 

La nuit en sa douce violence

La nuit a souvent inspiré de nombreux artistes, écrivains et poètes. Pour n’en rester qu’aux plus grands, la nuit est ce que l’on aime « avec passion »… « comme on aime son pays ou sa maîtresse, d’un amour instinctif, profond, invincible » pour reprendre les mots de Maupassant. Elle possède une « douleur sombre » chez Marceline Desbordes-Valmore. Et pour l’énigmatique et extraordinaire Baudelaire qui lui a consacré de nombreux poèmes, elle est « voluptueuse » et s’accompagne de « rafraîchissantes ténèbres ». Les poètes ne peuvent que l’aimer, peut-être parce qu’elle exacerbe leur profonde sensibilité, invite au recueillement et stimule leur imagination fantasque. Parme Ceriset, dans son dernier recueil, a choisi comme titre Nuit sauvage et ardente, affublant la nuit de deux adjectifs riches de promesses.

Le Docteur Ineòtis, Giorgos Cheimonas (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Vendredi, 01 Mars 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Editions Maurice Nadeau

Le Docteur Ineòtis, Giorgos Cheimonas, Editions Maurice Nadeau, 1998, 64 pages, 12 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Roman bref qui extravague ? Long délire poétique ? Provocation littéraire ? Néo-surréalisme ? Ecriture automatique ? Langue expérimentale ? Transcription de logorrhée pathologique ?

Le Docteur Ineòtis, paru en 1971 est un texte de genre indéfinissable, une sorte de torrent narratif aux flots tumultueux et apparemment erratiques de quoi émergent ici et là trois personnages : le docteur lui-même, son compagnon rémouleur, un gitan sans nom, et Tenaghné, une femme étrangement belle et un tantinet lubrique.

« Tenaghné est très belle. Sensuelle et sentimentale avec une bonté pour tous les hommes qu’on pourrait appeler bonté sensuelle ».

Désappartenir, Psychologie de la création littéraire, Sophie Képès (par Patryck Froissart)

Ecrit par Patryck Froissart , le Lundi, 05 Février 2024. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Editions Maurice Nadeau

Désappartenir, Psychologie de la création littéraire, Sophie Képès, Editions Maurice Nadeau, octobre 2023, 234 pages, 19 € Edition: Editions Maurice Nadeau

 

Désappartenir.

Psychologie de la création littéraire.

L’association titre et sous-titre, énigmatique a priori, prend rapidement sens à la lecture de cet ouvrage dense que l’autrice qualifie d’essai autobiographique.

Sophie Képès a publié une partie de son œuvre sous le nom de Nila Kazar, ce qu’elle analyse ici avec le recul comme le désir d’effacer son appartenance à une ascendance dont elle a découvert que certains de ses membres, y compris son propre père, ont eux-mêmes occulté le lignage ashkénaze, tout en adoptant paradoxalement ponctuellement un pseudonyme par l’usage duquel elle se rattache volontiers à un arbre généalogique profondément enraciné en Hongrie. L’usage systématique du TU au lieu du JE contribue à ce souci d’effacement de soi.

Les Insolents, Ann Scott (par Philippe Leuckx)

Ecrit par Philippe Leuckx , le Jeudi, 01 Février 2024. , dans Recensions, Les Livres, La Une Livres, Roman, Calmann-Lévy

Les Insolents, Ann Scott, Calmann-Lévy, août 2023, 198 pages, 18 € Edition: Calmann-Lévy

 

Le dernier Prix Renaudot est le roman d’une solitude, acceptée, sinon vaincue.

Alex, musicienne, en a marre de Paris, de ses ambiances, de ses contraintes et s’exile en Finistère profond.

Elle a pourtant là des attaches, sérieuses, Jean, Jacques, Margot.

Mais l’attrait pour le sauvage, les plages solitaires, le retrait du monde, tout est plus fort.

Il faudra vaincre le froid, une maison mal chauffée, on est loin de tout. La moindre course devient une aventure.

Alex réapprend l’essentiel : le minimum vital, la marche le long de l’océan, la solitude, les parcours quotidiens avec soi, loin de toutes les futilités, loin des rapports obligés.

L’enfant thérapeute, Samuel Dock (par Marjorie Rafécas-Poeydomenge)

Ecrit par Marjorie Rafécas-Poeydomenge , le Mardi, 30 Janvier 2024. , dans Recensions, Les Livres, Essais, La Une Livres, Plon

L’enfant thérapeute, Samuel Dock, janvier 2023, éditions Plon, 334 pages, 20,90 € . Ecrivain(s): Samuel Dock Edition: Plon

 

On connaît Samuel Dock pour ses essais vifs et érudits comme Le Nouveau choc des générations (co-écrit avec Marie-France Castarède, Editions Plon, 2015), pour son talent de vulgarisateur dans Eloge indocile de la psychanalyse (Editions Philippe Rey, 2019), parfois même pour son impertinence et son humour improbable… Mais dans ce dernier livre, L’enfant thérapeute, c’est une tout autre histoire qui se dévoile, bien plus personnelle, celle de son enfance, ou plutôt celle de sa maman. Il y raconte son « état fantôme », les infâmes maltraitances de l’innocence de l’enfance. Il se livre et se délivre en tant qu’enfant thérapeute. Dans cette histoire très personnelle, Samuel dévoile un non-dit familial, douloureux, un choc invisible mais tenace. Cette histoire profondément émouvante et sincère éclaire sur l’effet « prison » des violences intrafamiliales. Y survivre crée une liberté incommensurable. Et une énergie de vie instinctive et créative.