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Les Livres

Chaos, Mathieu Brosseau

Ecrit par Marc Ossorguine , le Jeudi, 31 Mai 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Quidam Editeur

Chaos, Mathieu février 2018, 168 pages, 18 € . Ecrivain(s): Mathieu Brosseau Edition: Quidam Editeur

 

Comment peut-on comprendre, ne serait-ce qu’un petit peu, ce que l’on appelle folie ? S’il vous est arrivé de la côtoyer d’un peu près, il n’est pas impossible que vous ayez éprouvé à quel point elle peut être subjective, et subjectivement appréciée ou évaluée. Ses limites, s’il elle en a, sont bien poreuses et l’on est sans doute toujours le fou ou la folle de quelqu’un, que cela se dise dans la métaphore ou au travers d’un diagnostic clinique. Les tentatives littéraires pour pénétrer un peu cet univers – pour autant qu’il y ait un univers de la folie – ne sont pas rares, loin s’en faut. Mais plus rarement nous donne-t-elle l’impression de quasiment y être en s’attachant à libérer les choses, des choses.

Le chaos organisé du délire obsessionnel devient ici celui du langage lui-même. De la langue qui éclate, qui page à page semble fuir la syntaxe, le bon sens et la logique narrative et qui ne cesse en même temps d’y revenir, de s’y accrocher. Le délire n’étant délire que pour celles ou ceux qui se refusent à lire et relire.

Avènement d’un rivage, Jacques Guigou

Ecrit par Marc Wetzel , le Jeudi, 31 Mai 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie, L'Harmattan

Avènement d’un rivage, mars 2018, 66 pages, 10 € . Ecrivain(s): Jacques Guigou Edition: L'Harmattan

 

« Déplacé par les courants du Rhône

le rivage revient

chargées ou lestes

les saisons de son passé

signent ses lignes à venir

altérés insatisfaits

les sables de Petite Camargue

n’en finissent jamais

de faire des avances à la mer » (p.11)

Haute couture, Florence Delay

Ecrit par Philippe Chauché , le Mercredi, 30 Mai 2018. , dans Les Livres, La Une Livres, Roman, Gallimard, La rentrée littéraire

Haute couture, avril 2018, 112 pages, 12 € . Ecrivain(s): Florence Delay Edition: Gallimard

 

« Debout de trois quarts, elle penche vers nous un visage grave et tendre, mais on s’enfouit d’abord sous les plis de sa robe de soie corail bordée d’un galon doré, alourdie de brocarts et brocatelles – aux motifs d’artichauts, d’orles, de pommes de pin, couleur cendre et cannelle. Elle la soulève du bout des doigts comme si c’était chose légère » (Casilda de Tolède).

Haute couture est une pierre précieuse, un saphir, qui éblouit par ses fins éclats savants et lumineux. Un ouvrage tout en style, en finesse et en grâce. Un livre brodé et orné, consacré aux saintes de Francisco de Zurbarán, l’un des génies de la peinture espagnole du Siècle d’Or. Des saintes qui ont pour nom : Casilda de Tolède, Elisabeth de Portugal, Juste et Rufine, Catherine d’Alexandrie, Agathe de Catane, et Apolline. Des saintes venues de si loin et si resplendissantes sous le pinceau et les couleurs de Zurbarán le sévillan. Toutes plus touchantes et étourdissantes de présence, saisissantes par la beauté des soies et des brocarts dont le peintre a l’audace créatrice de les couvrir, la grande douceur des couleurs et les instruments de torture qu’elles arborent, comme des trophées, là une épée, ici un gros clou, ailleurs un bâton muni d’un crochet, ou encore une roue dentée.

Une terrasse en Algérie, Jean-Louis Comolli

Ecrit par Philippe Leuckx , le Mercredi, 30 Mai 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Roman, Récits, Verdier

Une terrasse en Algérie, février 2018, 192 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jean-Louis Comolli Edition: Verdier

 

Plus de soixante ans après les faits tragiques, Jean-Louis Comolli revient par l’écriture dans l’Algérie qu’il a dû quitter un jour de 1961.

Né en 1941, l’amoureux du cinéma, le cinéphile, l’essayiste connu, le cinéaste, entreprend de nous raconter par le menu ce que furent ces années-là, terribles, à Philippeville en Algérie, ces années 55 à 57, germes tragiques d’une « drôle de guerre » faite d’embuscades, de tortures, de guérilla urbaine, d’attaques rurales, de factions opposées entre des communautés qui avaient « commencé » à vivre ensemble : les Pieds Noirs, installés de tout temps, auxquels Jean-Louis, par ses parents, ses grands-parents, appartient de plein droit ; les Arabes, les Kabyles, souvent méconnus, peu visibles, réduits chez les précédents aux tâches subalternes (et le grand-père Florentin est une exception, un entrepreneur qui conçoit l’égalité avec ses employés kabyles) ; le pouvoir français qui joue comme tout pouvoir de sa domination.

L’Epreuve et le baptême, Jacques Demaude

Ecrit par Patrick Devaux , le Mercredi, 30 Mai 2018. , dans Les Livres, Critiques, La Une Livres, Poésie

L’Epreuve et le baptême, Le Taillis Pré, Poésie, mars 2018, frontispice Jeanne-Marie Zele, 122 pages, 14 € . Ecrivain(s): Jacques Demaude

 

Comment définir autrement Jacques Demaude que par « marteleur d’éternité », lui-même étant cet écrin d’absolu qu’on ne prête qu’aux grandes références, l’auteur se ressourçant depuis longtemps auprès d’autres grandes voix telles celles de Marcel Hennart, Michel Defgnée ou Max Elskamp.

Cet auteur éponge la nuit pour en transcender la lumière, celle qui nous continue, la « mort » n’étant qu’un vain mot : « charmer la lumière incréée ».

Sensible à l’élan du moindre mouvement poétique mais avec une prudence de Sioux car si « les branches surabondent, les fruits nous sont mesurés ».

Enfant littéraire de ce « Créateur » où « ratures sous les ratures, nous irons peut-être graver la lumière perpétuelle ».